Un an

Et dire qu'il y a un an, en ce moment même, je ne pensais même pas à toi. J'allais bosser pour l'école ou glander devant un film sans jamais pouvoir imaginer ce qui se passerait dans quelques plusieurs heures. Quel film ai-je regardé ce soir-là? Ha, bonne question… Rien ne m'a marqué jusqu'au lendemain matin. Parce que même si tu t'en es allé dans quelques plusieurs heures, je ne le saurais pas avant le lendemain matin.

La suite, tout le monde la connaît. Maman est venue m'annoncer la nouvelle, je n'ai pas été fort choquée. Une fois partie, les questions sans réponse m'ont envahie et j'ai pleuré, pleuré, pleuré. Je pleurais beaucoup parce qu'étant plus âgée, j'étais censée partir avant toi. T'étais trop jeune pour ça. 

Gaëtan m'a téléphoné pendant que j'admirais Devon dans “Legendary”. Je me retenais de pleurer. Après j'ai eu la bonne idée de regarder “Big Fish”.
Visite au funérarium le 29, enterrement le 30. Et après? Je me suis rendue malade. J'avais constamment des nausées, je ne venais pas beaucoup à l'école. Une p'tite déprime? Je ne sais pas. Mais les bancs de l'école m'ont guérie.

Je t'ai écrit un nombre incalculable de lettres pour te raconter mon enfance et mon adolescence. J'essayais de faire en sorte que tu me connaisses un peu mieux, mais ça n'aurait rien changé. Tu ne sais pas les lire et moi, je ne sais rien sur toi.

L'année est passée. Réussite scolaire, problèmes familiaux, regrets. J'ai magnifiquement bien résumé 2013 !

Il y a quelques jours, j'ai rêvé de toi. Le réveil a été un fameux choc étant donné que dans mon rêve, tu étais vivant et on rattrapait le temps perdu. Eh ben ce matin j'ai rêvé que ta maman voulait qu'on soit plus unis. Disons que ton décès lui avait ouvert les yeux…

Je pense avoir enfin quitté ce trou noir. Enfin, du moins, le trou noir te concernant. J'évite de penser que tu es toujours vivant et que, comme toujours, je ne te vois jamais. Je sais que tu es avec tous nos ancêtres enterrés à Jodoigne. Je revois encore des images de nous. Elles me blessent moins et je ne voudrais pas les supprimer de ma mémoire, elles sont tout ce qu'il me reste de toi…

Cette histoire m'a appris que resserrer les liens avec les personnes qu'on aime est très important. Certes, ça fera mal quand elles partiront avant moi mais qu'importe? Je saurais qu'elles ont passé de fabuleux moments ! Et je ne serais pas prisonnière des regrets. Tu n'imagines pas combien ils ont pu m'étouffer…

J'espère que tout se passe bien là-haut, que tu rattrapes le temps perdu avec papy, mamie, tante Jeanne, que tu as rencontré ma p'tite soeur. J'espère que tu es heureux de nous voir avancer. J'espère aussi que tu veilles sur moi, malgré tout…

Au revoir, Cher Cousin.