Un ange passe.

eden-paragallo

Un vieux texte de composition d'atelier d'écriture de fac

L'heure sonna, dehors, à l'église, dans le vent nocturne.
- Qui est là? demandai- je à voix basse.
J'allais m'approcher mais la porte s'ouvrit, silencieusement. En face de moi, dans le corridor, se tenait, debout, une forme haute et noire. La lune l'éclairait tout entier, à l'exception de la figure : je ne voyais que le feu de ses prunelles qui brillaient dans le noir. L'heure sonna lentement dehors, à l'église, mais fortement dans le vent glacial et nocturne.
- Qui est là? demandai- je avec hésitation, à voix basse.
Je fis quelques pas vers la porte d'entrée avant que celle-ci s'ouvre en grinçant doucement. En face de moi, dans le corridor sombre, se dressait une forme immensément grande et noire. La lune filtrait par la fenêtre et éclairait tout son corps revêtu d'une longue cape noire. Seul son visage n'était pas illuminé par la lune blafarde, cependant les Enfers se reflétaient parfaitement dans ses prunelles qui luisaient comme les yeux d'un chat dans l'obscurité. L'horloge de l'église retentit lentement dans le vent hivernal et crépusculaire et résonna jusque dans mon cœur glacé.
- Qui est là? demandai- je dans un murmure d'hésitation.
 Ma voix tremblait comme les feuilles dans le vent frais de l'automne. Je fis quelques pas, hachés par la peur, en direction de la porte d'entrée alors qu'elle s'ouvrait en grinçant de plus en plus fort. Elle dévoila une créature tout droit sortie du monde d'en bas. Elle était cyclopéenne, fine et ténébreuse. Le couloir ainsi que mon appartement s'assombrissaient peu à peu à l'approche de cette chose hors du commun. Face à elle, je paraissais minuscule. Au fond ... il me terrifiait. Le temps s'écoulait piano sur la grosse horloge de la ville de Fearow. Chaque coup éclatait dans la noirceur du monde et la froideur de l'air.
- Il y a quelqu'un? voulais- je demander mais aucun son ne sortit de ma bouche.
Je passai ma main à ma gorge, rien d'anormal, pourtant mes cordes vocales semblaient paralysées. J'étais affreusement terrorisée par ce personnage démoniaque, néanmoins je m'avançais vers lui tel un aimant. Son regard était si pénétrant. C'était comme être envoûtée par le feu dans une cheminée. Il me proposa une main grande, aux doigts griffus et aux ongles acérés. 

Je demeurai indécise quelques instants puis je lui tendis la mienne, une petite main pâle et frêle. Le monstre de la nuit m'attira contre lui et je pouvais sentir la chaleur de son corps à travers sa cape, et je pouvais percevoir la noirceur de son âme à travers son regard sombre. Mais qui était-il? J'étais seule dans un grand appartement; je me sentais seule dans un grand monde et impuissante face à son indifférence et sa cruauté. Toutefois, ce monde avançait, la Terre tournait et moi je n'étais que le simple témoin de cette évolution. Vous avez déjà eu l'impression de vivre au ralenti? Moi, ça fait des années que je vis avec cette impression. L'horloge de l'église sonna minuit. J'allai à la fenêtre et l'ouvris. Dehors, personne. C'était désert. Un désert étrangement apocalyptique. Soudain, je perçus un bruit fantasque provenant de l'entrée. Etait- ce bien réel ou cela venait- il de mon imagination? Quand je me retournai, il était là devant moi. Il portait des vêtements sombres en dessous de sa cape noire. Mais un détail me frappa: deux ailes imposantes noires et blanches étaient déployées dans son dos. J'ignorais si cette chimère représentait un ange déchu ou bien un démon de Satan.<
- Qui êtes- vous? ... On se connaît? demandai- je en commençant à m'inquiéter.
- Oui, dit-il d'un ton sombre.
(Je rêvais. Il n'y avait pas d'autres solutions. Je ne fumais pas, ne me droguais pas non plus.)
- Moi je ne vous connais pas, rétorquai- je en tremblant à présent de tout mon corps.
- Crois-tu aux anges, Ezechielle?
- Euh ... oui ... non .... je ne sais pas! Et puis ce n'est pas parce que je porte de nom d'un ange que je suis forcée d'y croire!
(Je réfléchissais quelques minutes.)Oh, ça y est! Je suis en plein cauchemar et je vais me réveiller bientôt!
- Non. Ce que tu vis en ce moment même est bien la réalité.
- Votre réalité! répliquai- je sèchement. Pas la mienne.
- Je réitère ma question: Est- ce que tu crois aux anges?
- Pourquoi est -ce que vous me demandez ça? Regardez-vous! Des ailes d'ange avec une apparence de démon! Il s'approcha de moi, mais je fis un ou deux pas en arrière; vers la fenêtre ouverte. J'avais oublié qu'elle l'était. Je basculai par dessus. La cloche sonna. Encore. Elle sonna dans le vide. Comme toujours. Maintenant, le monde n'était plus qu'un désert de cendres. Le vent nocturne soufflait toujours. Il faisait froid ... et noir. Que se passait- il? Pourquoi ce silence? Pourquoi ce néant? Une larme coula sur ma joue. Où est mon ange?

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