Un avenir sans futur
valjean
Je me rappelle ce jour-là comme si c'était hier. Nous étions à la foire du trône, mes frères et sœurs s'étaient dirigés vers les attractions fortes en adrénaline et j'avais demandé à mes parents de m'offrir, à la place, une consultation chez une voyante, la seule qui officiait à cet endroit. Je ne me sentais pas bien à cette époque, ils acquiescèrent en pensant que cela pourrait m'aider. Je rentrai dans la petite caravane rose, une femme très belle, tout de blanc vêtue, aux yeux verts et doux, était assise et tirait des cartes. Je fus interloquée pas sa tenue et lui dis :
- C'est vous êtes la diseuse de bonne aventure ? Êtes-vous sûre que vous n'êtes pas en train de me farcer ?
- Oui c'est bien moi. À quoi t'attendais tu, à une vieille sorcière, tout de noir vêtue avec une boule pour lire l'avenir devant sa main ? C'est bien la première fois que l'on me pose une telle question. Tends-moi plutôt la main, que j'essaie de voir ce que ton avenir te réserve. Je lui tends la main, la sienne est douce et chaude. Nos yeux se croisent, je suis prêt à renoncer à connaître mon avenir pour un moment plus agréable. Mais voilà que ma voyante lève et baisse les yeux, comme déroutée.
- Voilà, je vois, hum, je vois… Saperlipopette.
- Vous semblez toute médusée, que se passe-t-il ?
- Ce que je lis dans ta main est époustouflant. Elle me lâche la main, avale sa salive puis me demande :
- Remontre-moi ta main. Pince-moi, je rêve !
- Allez-vous dire ce que vous voyez à la fin ?
La diseuse de bonne aventure se lève, remue les lèvres, rentre en transes et fait vibrer la caravane, dans un tintamarre de sons métalliques. Je m'évanouis. Quand je me réveille, la voyante, penchée sur moi, a le regard inquiet et décalé.
- Fuis, si tu ne veux pas connaître la fin.
- La fin, quelle fin ?
- Malheureux, si je la divulgâche, cela voudra dire que tu n'existes pas .
- Comment cela je n'existe pas ?
- Tu es née de l'imagination d'une autrice. Ces choses-là arrivent. Mais j'ai aussi vu qu'elle mourrait demain, alors fuis avant qu'elle disparaisse, autrement tu n'existeras plus. Kai, c'est le dernier mot que j'ai crié avant de m'enfuir, ébaubi.
J'ai tout perdu ce jour-là, je suis privé de mes parents et de ma famille, mais je suis vivant et j'erre à la recherche d'un écrivain ou d'une écrivaine qui vaudra bien m'adopter dans un de ses livres.
Alors, toi qui me lis, oui toi, je suis sûr que tu écris. Je t'en supplie, adopte-moi.
Ah les misérables ! ils t'ont abandonné !
· Il y a environ 2 ans ·dechainons-nous
Oui, ils ont osé !
· Il y a environ 2 ans ·valjean
Ben voilà, c'est fait, je t'adopte Valjean ! Un petit air de Murakami ! si si !
· Il y a environ 2 ans ·theoreme
Comme c'est gentil. Cette comparaison me touche beaucoup.
· Il y a environ 2 ans ·valjean