Un bagage presque vide

Michael Ramalho

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Un bagage presque vide

Un ou deux oripeaux pour que tu n'aies pas froid.

L'affreuse nouvelle sonne le glas des caresses.

Je n'ai plus rien à faire avec toi.

A quoi bon te parler.

A quoi bon te toucher.

A quoi bon entonner un hymne virant à la complainte.

Je ne te verrai qu'une fois et déjà, tu ne seras plus.

Je te renie, toi mon fils à venir.

Tu te serais appelé William, je crois.

Je ne sais pas.

Je ne sais plus.

Nous ne lirons plus ton nom que sur ta pierre tombale.

Jamais sur tes cahiers d'écolier.

Mon Dieu, quel supplice tu infliges ? Le sentir qui bouge et qui grandit en elle, comme s'il allait vivre.

Martyr héroïne, elle souffre en silence, avec pour seul stigmate, le sel de ses larmes.

La nuit, ses sanglots étouffés tapissent mon insomnie.

La veille de ton départ, ses plaintes échauffées se muent en de grands cris.

Et mes tympans éclatent de tant de désespoir.

L'aube implacable, envahie de ténèbres, se met à l'unisson du drame qui l'attend.

La valise écrasée par le fardeau des pleurs, refuse d'avancer.

Son manche télescopique rappelle un échafaud.

La ronde des corbeaux coasse avec douceur que c'est le meilleur des mondes.

Que tes reins sont trop gros, que ta vie serait brève et pire que tout cruelle.

De son bec acéré, l'infâme charognard transperce ton cœur naissant et le notre aussi.

Quelque part, j'en suis sûr un papillon s'envole.

C'est donc ainsi que je t'aurais connu, froid et endormi.

Blotti dans mon giron, je t'inonde de larmes directement extraites de mon âme desséchée.

Le couperet des adieux m'annihile et ma raison défaille.

Mes entrailles se déchirent sous le poids du malheur.

Et soudain je regrette de t'avoir laissé tuer.

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