Un cauchemar
deep_immaturity
J'avais décidé ce soir encore de sortir de ma zone de confort. Sortir voir un garçon, dans la grande ville la plus proche du coin paumé dans lequel je vis. Il était 23h, je me préparais tranquillement : Comme à chaque fois que je me préparais, j'enfilais une jolie robe et 10 minutes avant l'arrivée du jeune homme, je la retirais pour mettre un jean et un pull. Il arrivait, je rentrais dans sa voiture d'un air faussement confiant en lâchant une blague tout en autodérision sur moi accompagné d'un rire : « Je me suis habillée n'importe comment ! » Comme si ça changeait de d'habitude. Je me sentais mal à l'aise dans des vêtements trop jolis. Je lui faisais quatre bises, bien évidemment la dernière était de trop. Nous parlions et d'entrée, je lui demandais comment il allait : Blasé. Il était tombé sur une jeune fille jolie qui avait joué de ses charmes pour le manipuler et pouvoir profiter de son transport dans les soirées, en vacance ou au restaurant. il me racontait ses voyages, son travail, une vie remplie et de mon point de vue triste à la fois. Je le conseillais longuement sur cette histoire, lui disant qu'il était mieux pour lui de s'éloigner de cette femme nocive (garce dans ma tête).
Ce fut à mon tour de parler, je lui racontais très brièvement mes sorties chez le psy. (...)
Nous arrivions au bar, je portais mon masque ce qui fit réagir le serveur assez âgé : « Vous pouvez enlever votre masque, vous n'allez pas mourir. » Je me contentais de répondre : « ça ira, je préfère le garder. » Pour qui se prenait-il ? Je ne sais pas. Nous allions nous asseoir avec nos bières. Je me sentais mal à l'aise, il y avait énormément de gens autour de nous. Des gens qui parlaient fort, la musique que je n'aimais pas. Je voyais ça comme un énorme vacarme stressant dans lequel j'étais censée tenir une conversation fluide et naturelle avec le garçon qui m'avait payé une bière. C'était la moindre des choses. Je tentais de faire abstraction du reste et regardait mon interlocuteur. Tiens, un sujet : Nous parlions du serveur désagréable qui nous avait reçu comme des chiens. Je riais légèrement à ses paroles. Ensuite, je commençais à regarder autour de moi, rien ne me semblait naturel. J'entendais les conversations des gens autour et je me sentais mal de les écouter. Ces gens se sentent-ils tous aussi mal que moi ? La musique n'était pas adaptée à l'ambiance et savoir que tout le monde pouvait observer ma façon de me tenir et mes expressions me stressait, au point que je ne savais plus comment positionner mon corps. J'ai dit à ce garçon qui me demandait si j'allais bien en voyant la tronche que je tirais, que je me sentais mal à l'aise dans ce lieu. Nous finissions notre bière avant de se lever. (...) Ne sachant plus quoi faire, il se disait sûrement que rien ne m'intéressait et que je n'étais pas satisfaite. Dans sa voiture il mettait la radio : Du rap français. Je commençais vraiment à me demander si tout était fait exprès pour me déplaire quand je sortais. Il me proposait gentiment de me faire visiter un lieu avec une belle vue, je dis oui. Il est vrai que je me suis dit à ce moment que je voulais rentrer et que j'aurais mieux fait de ne pas sortir. Arrivés au lieu, je regardais le paysage de sa voiture, le trouvant tout de même joli et agréable à regarder. Il me demandait après un silence : « Je sais que c'est bizarre dit comme ça mais est-ce que ça te dérange que je te touche ? » Mon cœur fit un bon et je me demandais de quoi il parlait, prenant intérieurement peur. Il saisit ma main pour la caresser : « Comme ça». Je lui disais que non et nous nous caressions la main pendant longtemps. Je ne ressentais rien de particulier si ce n'est un mouvement sur mon bras, quelque chose de faux. J'avais comme l'impression que je savais où il voulait en venir. Il me dit que ça lui faisait du bien d'être dans ce lieu calme et que je l'apaisais, avant de recommencer à raconter ses problèmes. Comme une victime, sans demander mon avis il posa sa tête sur mes cuisses en se plaignant, alors je commençais à caresser ses cheveux d'un air compatissant. Pendant presque une heure, je tentais de le détendre avec des caresser sur le dos, les épaules et les cheveux. Je lui demandais s'il appréciait et il me disait que beaucoup, me demandant ensuite si j'appréciais son " Massage du genou ". Je lui dis que oui. Ma seule pensée fut : Comment peut-il penser une seconde que quelqu'un aime qu'on caresse pendant tout ce temps au même endroit sur un genou ? C'était juste inutile tout comme cette soirée.. Il se redressa, me demandant s'il pouvait m'embrasser. J'hésitais puis je m'avançais pour l'embrasser. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Je crois que je n'arrive pas à ne pas faire semblant car être moi-même et m'écouter impliquerait de rester chez moi à me ronger en rêvant d'un garçon que je n'aurais jamais. Je me reculais après quelques secondes en lui disant « Désolée mais je suis mal à l'aise. » Vu sa tête, je pense qu'il comprit « Ton baiser était vraiment ignoble, arrête ta carrière». (...) Il me proposait ensuite de voir ce fameux chantier dont il m'avait longuement parlé. Son travail de chef de chantier, chose qui m'intéressait le moins sur terre ! Je dis oui ! Je regrettais. Quand il me le montrait, je ne su absolument pas comment réagir. Je lâchais un « waw. C'est grand. » D'un air faussement émerveillé et débile à la fois. Je me demandais encore une fois comment pouvait-il penser qu'un chantier en travaux pouvait m'intéresser. (...) Le dernier lieu où il me proposait d'aller était un lieu plus tranquille. Il me demandait si je voulais rentrais chez moi, j'aurais dû dire oui. Mais non évidemment.. Nous arrivions en haut d'un petit chemin. Nous parlions, puis il recommençait à venir poser sa tête sur ma cuisse. C'était tellement gênant mais je continuais mes douces papouilles. Et là, le drame. Monsieur se redresse : « Oh ça te dérange si on change de place ? Car l'autre côté de mon dos est jaloux. » Je n'avais pas les mots ni même dans ma tête pour décrire à quel point cette situation m'énervait. J'hochais la tête, bien sûr c'était mon rôle. Au lieu de sortir de la voiture, il passait au dessus du frein à main et là.. La voiture avance, dévale les énormes pierres et marches, nous sommes secoués de tous les côtés. Mon cœur s'accélère et tout mon corps se tends sans comprendre ce qu'il se passe, je n'ai pas la force de crier ou de parler. La voiture s'arrête dans un énorme bruit, dans un arbre. Nous sortions de la voiture, moi traumatisée, tremblante. Il me demande si ça va et commence à paniquer... Pour sa voiture : « Bordel mais comment je vais faire c'est la voiture à mon travail.. Elle est morte. » De mon côté je me sens physiquement vidée, j'ai l'impression d'être dans un cauchemar. Rien n'aurait pu être pire. Il vérifie la voiture et moi, je me gèle et j'ai du mal à respirer. (...) La dépanneuse arrive, galère mais sort la voiture. Le monsieur nous emmène au garage et nous dit d'attendre que le taxi arrive dans la voiture qu'il dépose comme une poubelle. Il est cinq heure du matin, je ne sais plus vraiment comment je me sens, j'ai juste froid. Il me demande si ça me dérange qu'il dorme, je dis non. Il dormait tandis que je revivais la scène en boucle dans ma tête en imaginant une autre fin que celle ci : Celle où nous mourrions écrasés entre deux arbres après avoir dévalé toute la pente. Le taxi arrive, je monte. Il nous dépose à l'hôtel de ce garçon, je rentre. L'hôtel objectivement joli me semble dégueulasse, tout est horrible, rien ne pourrait être pire. Je m'endors de l'autre côté du lit en me disant que je ne veux plus voir de garçons.
Superbe! Je la plains, elle méritait un vrai gentleman.
· Il y a plus de 2 ans ·Christophe Hulé