Un chant dans la forêt
Jean Claude Blanc
Un chant dans la forêt
Un chant dans la forêt
Des pépiements subtiles
Le balancier des branches
Des images entassées
Dans mon album secret
Sans penser à demain
J'allais par les chemins
Jalonnés de genêts
De sapins centenaires
Seul au monde, j'étais bien
On échangeait des mots
Avec l'air du temps
Au-dessus de l'étang
Cillaient les libellules
J'apprenais la nature
Au détour d'un sentier
Un lièvre détalait
Pour aller se cacher
Au profond d'un fourré
Et moi çà m'amusait
Pour ne pas déranger
Ce discret univers
Je marchais sur la mousse
Fier d'appartenir
A ce pays mystère
Le grand corps de ferme
Disparaissait au loin
Seules surnageaient
Des corolles de fumée
Montant droit vers le ciel
Je passais mes journées
A marcher sans rien dire
La tête dans mes pensées
Faut dire que des rêves
Y'en avait à revendre
Le crépuscule du soir
Me saisissait d'effroi
De visions fantastiques
Le monde de la nuit
Prenait tous ses quartiers
Les jambes à mon cou
Je traçais les fougères
En bas dans la vallée
Ma mémé affolée
Attendait dans la cour
Les jours se répétaient
Sans jamais me lasser
A peine éveillé
Je partais en goguette
Glaner ma liberté
Je quitte à pas de loup
Mon fabuleux décor
J’y reviendrai un jour
Retenez bien ces mots
« faites attention fragile »
J’en ai bien profité
La formule est usée
A nous de résister
Aux lumières sournoises
Des cités sans espoir
Les néons de la ville
Estompent les étoiles
Y’a plus de place au rêve
Dans l’espace et le temps
Faut rationnaliser
Dans chaque homme pourtant
Y’a un enfant qui veille
« le bonheur est dans le pré »
Cours y vite au derrière
Il faut le rattraper
Quand il est encore temps
JC Blanc décembre 2010