Le lapin de Mamie
Jean Claude Blanc
Le lapin de Mamie
Le lapin de Mamie, se cache dans son nid
Ses frères sont partis, salut la compagnie
On ne peut pas le tuer, en faire un civet
De toute la famille, il reste le dernier
On lui porte du foin, et des croûtons de pain
Dans sa case grillagée, il reste dans son coin
Les oreilles aux aguets, agite ses mandibules
Il se tient en retrait, comme à son habitude
C’est un drôle d’animal, dur à apprivoiser
Tu peux tendre la main, se laisse pas caresser
Quand t’as le dos tourné, se met à grignoter
Faut le laisser tranquille, tout seul, ça lui plait
Un triste matin d’hiver, où les jours sont en nuits
Par un trou de souris, lapin a déguerpi
On l’a cherché partout, où donc est-il passé
Le cul blanc si docile, qu’on avait engraissé
Sarah, Didier, Mamie, tout le monde s’y est mis
A la lampe électrique, en fouinant les talus
Un chat l’aura mangé, peut-être fait du charpie
En tout cas disparu, ce n’était pas prévu
Les recherches ont cessé, plus de lamentation
On essaye d’oublier, mais c’est bien difficile
Peut-être en avait marre, après mûre réflexion
Faire le tour de sa cage, ça vous rend imbécile
« J’en veux plus de bestioles, ce n’est que du souci
Ça fait de l’embarras, pas question de partir »
Répète la Mamie, déçue et renfrognée
Veut plus se coltiner, autre genre de portrait
Le printemps capricieux, remonte la vallée
Les rayons de l’été, caressent la croisée
On ressort les fauteuils, les meubles de jardin
Mamie sous son tilleul, elle reprend son train-train
Après-midi de sieste, somnole la Janine
Un bruit dans les fourrées, cavalcade feutrée
Toute une colonie, de lapereaux surgit
La maman est en tête, mais c’est notre estafier…
Voyez comme je suis belle, avec mes mimis
Je suis bien revenue, vous n’avez pas rêvé
Surtout n’approchez pas, on pourrait détaler
On est seulement venus, vous rendre petite visite
On devine à sa mine, qu’elle a bien profité
Ça donne de l’énergie, de prendre sa liberté
A fondé sa famille, toute seule s’est débrouillée
La prisonnière d’avant, casée, mère au foyer
Frivoles cabrioles, sur le tendre gazon
La frimousse agitée, et l’œil sur sa couvée
Les jeunes gringalets, s’efforcent d’imiter
Les tics de leur mère, sont mignons à croquer
On enferme les bêtes, dans de petites prisons
Croyant les protéger, du renard et des buses
Ça les tourne en bourrique, elles perdent la raison
Ce n’est qu’en liberté, qu’elles grandissent et s’amusent
C’est une petite fable, que je t’ai inventée
Rappelle-toi pourtant, mon tendre petit Sacha
Les bêtes n’aiment pas, se laisser enfermer
Comme nous les humains, elles veulent en profiter
Si t’as un poisson rouge, un oiseau dans sa cage
Repenses à ce que je dis, toi qui est si tenace
Les bêtes sont malheureuses, si on les emprisonne
Dans leur tête, viennent folles, personne s’en étonne
La morale de l’histoire, à toi de la trouver
Tu es intelligent, plein de sensibilité
Les bêtes ont un cœur, elles vivent à nos côtés
Il faut s’en occuper sans trop les déranger
Mère lapine chaque été, nous fait le même coup
Elle pointe sa trombine, entourée de sa cour
Elle vient nous dire bonjour, sans prendre rendez-vous
Puis repart sans rien dire, elle reviendra toujours
Avant de t’endormir, repasses dans ta tête
Les jolies aventures, de ces petites bêtes
Il faut pas les tuer, car elles nous ont rien fait
Ce sont pas des jouets, mais des êtres animés
Comme toi, galopin, elles aiment batifoler
S’amuser, s’élancer, courir dans les prés
Elles ont une maman, comme toi, attentive
Les protège des hommes, se méfient, sont craintives
Sur nos terres d’Auvergne, on va s’y promener
On observe la nature, les lièvres, les insectes
Qu’y a-t-il de plus beau qu’un vol d’hirondelles
Ça aide à réfléchir, à écrire des poèmes
JC Blanc octobre 2012 (pour petit Sacha, son anniversaire)