Un conte (3)

aile68

Un silence profond règne dans la salle. La sorcière qui n'a plus l'air si vilaine que ça réfléchit. Va-t-elle faire le bonheur de sa fille en lui permettant de rencontrer son futur mari? J'aimerais tant que son coeur devienne celui d'une femme généreuse et aimable! Tout le monde la fixe, elle seule peut changer le cours des choses. Rester éternelle, solitaire et dans la douleur auprès de sa fille qui elle-même deviendra aigrie et souffrira toute sa vie durant.

"Je dois vous faire un aveu commence à dire la sorcière. Faire le mal ne me donne plus aucune satisfaction. Je suis arrivée à une période de ma vie où les jours me semblent bien longs et ennuyeux. Aussi vais-je profiter de votre venue pour saisir la chance qui se présente à moi et à ma fille. Je sens que mon coeur devient chaud comme un poussin sorti de son oeuf.

- A la bonne heure dit Ned en félicitant la sorcière. ça doit vous faire le plus grand bien!

- Et le corbeau? je demande inquiète.

- Il va retrouver sa première forme mais je ne vais pas le reconnaître hélas! Il a dû bien vieillir à l'heure qu'il est.

- Mais dites-moi, Madame la sorcière, qui est le père de votre fille?

- Malheureusement, ce n'est point le moment de vous parler de lui d'ailleurs il n'en vaut pas la peine mais j'en ai trop dit.

- Oh pardonnez-moi, j'ai été bien indiscrète!

- Tu es pardonnée ma fille.

Cependant quelqu'un frappe dehors. La sorcière va ouvrir:

- Oh! C'est toi! Tu n'a pas trop vieilli en fait. Pourquoi ne t'en vas-tu pas maintenant que tu as retrouvé ta première apparence? demande la sorcière dont le regard a changé. Elle a en effet l'air plus doux à présent que le vieil homme se trouve devant elle.

- Où veux-tu que j'aille? Je suis vieux, je n'ai nulle part où aller. Je me suis habitué à vivre ici.

- Mais je t'aime ne l'oublie pas dit la sorcière toute hébétée.

- Je sais. Je me suis habitué à toi cependant je n'éprouve pour ta personne qu'une vieille amitié.

- Soit! Je m'en contenterai proclame la sorcière.

- C'est tout à ton honneur, mon amie.

Les choses commencent à s'arranger et j'en suis fort aise. La sorcière qui mérite d'être désignée autrement a gagné un ami. Son coeur devenu chaud tel un poussin lui donne le teint rose d'une jeune fille et ses gestes ont la grâce d'une fée, c'est ainsi que nous l'appellerons désormais.

- Il est très tard annonce Ned. Il nous faut partir à présent. Je dois conduire cette jeune fille à sa mère. Un groupe d'hommes la cherchait tout à l'heure, j'ignore où ils se trouvent à présent. Nous devons faire vite.

- Attends! Je peux peut-être vous aider dit la fée. Je me sens différente, j'ai l'impression d'avoir de nouveaux pouvoirs. Je peux essayer de vous transférer chez la pauvre mère qui doit être bien inquiète à cette heure de la nuit. Mais j'ai une requête à vous faire avant. Il s'agit de ma fille... Emmenez-là avec vous. Je ne pourrai tolérer qu'elle reste avec nous loin de la société des hommes. Je ne veux pas qu'elle vive le restant de ses jours dans cette maison isolée de tous. Emmenez-la je vous en supplie.

- Fort bien! Si tel est votre désir répond Ned, conciliant.

Alors la fée prend sa vieille baguette magique qui au contact de ses doigts se change en une baguette toute dorée puis elle prononce la formule suivante:

- Abracadabra transporte mes nouveaux amis et ma fille jusqu'au village!".

(à suivre)

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