Un dernier instant

eilinel

Je marchais sans trop savoir où aller. Tout ce que je désirais, c'était de quitter ce monde sans couleur. À l'heure qu'il est, Dieu sait combien de personnes sont en train d'agoniser. Un flingue sur la tempe, un couteau de boucher inséré au fin fond d'une chaire fraiche. Le vent me fouettait le visage, glacant mes larmes coulant le long de mes joues. C'est une torture de rester ici à ne rien faire. Mes envies suicidaire se multiplient de jour en jour. Je ne tiendrais pas longtemps avec vous, je le sais, je le sens. Comme si le fil qui me relit à la vie était près à se rompre, brisant tous les rêves que j'ai pu avoir auparavant. Tant de rêves voués au néant. Ce soir, je suis seule, trainant mes pieds nus contre le sable glacé. Quelques mètres me sépare de mon blouson et de mes chaussures. Je ne voulais pas mourir sans sentir une dernière fois le vent violent me pousser contre mon gré vers ce que j'avais abandonné. Comme s'il voulait m'épargner une fin pénible et solitaire. Mais je ne reculerais pas. Plus rien ne me retiens ici à présent. Ma vie a été courte, minable, mais je m'en vais. Traçant un bon trait sur le grimoire des vivants.

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