Un dimanche matin, je n'ai pas de "choses"

Tomu

Dimanche matin.
Les éclaircies réchauffent nos cœurs en repos.
« Maman, tu veux pas une viennoiserie ? 
« Oh si, c'est une bonne idée. Tu vas en acheter ?
« Ok. Une couque au chocolat ou un croissant ?
« Une couque tiens, pour changer un peu.
« Tu peux faire du café au lait ?
 
Dehors, il fait froid : l'herbe est gelée.
J'enfonce mon billet de 5 au fond de ma poche et les clés de la maison.
La boulangerie est dans la rue à côté.
C'est une chouette boulangerie. La serveuse est belle et gentille.
Je cours jusqu'à la porte pour ne pas être une seconde de plus dans ce froid.
Je croise une dame. Je lui souris. Je n'ai rien en retour. Pas grave.
La porte produit un bling-bling habituel quand je l'ouvre et elle se referme, doucement, sans bruit.
Je souris à la serveuse. Elle est occupée avec un vieillard blottit dans sa veste, il fouille ses poches. Toutes.
 « Je n'ai pas… Je n'ai pas de « choses »… Non, je n'ai pas… Je n'ai rien…
Il prend son pain.
« Ce n'est rien, une prochaine fois ! 
La serveuse se retourne vers moi.
« Tu peux lui ouvrir la porte ? Il a du mal.
J'exécute avec empressement. Le vieillard sort. Une bouffée d'air froide entre en contre-sens du vieillard. J'attends qu'il soit complètement dehors pour pouvoir refermer la porte de peur de lui coincer les doigts. Tout cela semble prendre une éternité.
« Deux couques au chocolat s'il-vous-plait.
 
En sortant de la boutique, le vieillard n'est pas encore très loin. Il marche avec difficulté en brinquebalant le pain emballé dans un sachet en papier.
Je ne cours plus, je marche jusque chez moi.
Je murmure dans mon écharpe : « La chose…
Le mot tabou est certes difficile à prononcer.
Je prends mes clés pour ouvrir la porte.
Derrière cette porte, il y a ma mère qui prépare un café au lait, il y a le feu, il y a les éclaircies. Il y aura nous deux qui mangeront ces couques au chocolat et rigoleront des plaintes quotidiennes.
J'enfonce la clé dans la serrure.
« Y-a-t'il de la chaleur derrière la porte du vieillard… ?
J'ouvre la porte.
  • Une pensée pour ce vieillard ....Très beau texte si plein de compassion. La dame aurait pu vous sourire ça "ne mange pas de pain", mais lorsque cela arrive, ça nous laisse perplexe.

    · Il y a environ 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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