Un effroyable sentiment de peur quotidien
nevrosee
Le livre Paroles de poilus transcrit des lettres que les soldats français de la Grande Guerre (1914-1918) ont envoyées à leur famille et à leurs amis.
Ces textes font prendre prendre conscience de la dure réalité journalière vécue par des hommes dans cet enfer dont ils reviendront peu nombreux.
Cette effroyable tuerie à grande échelle fit environ 18.6 millions de morts. Elle fut d'abord une guerre de mouvement puis elle devint vite une guerre de tranchées.
Bien que l'appel à la guerre horrifie chaque soldat, ils n'ont pas le choix. Il faut défendre la France! Et c'est là que tous les soldats voient "la vaillance et l'héroïsme", la bravoure de leurs camarades, de leurs frères dans la tourmente.
Autre que le courage bien présent même si la peur prend inévitablement le dessus; le patriotisme anime les cœurs des soldats:""A l'assaut", "Pour la France" "et l'un d'entre eux entonne la Marseillaise accompagné de ses hommes"".
Dans la lettre de Henry Lange c'est la dette qu'il doit à la France-pour avoir été naturalisé français- qui anime son envie de combattre, "le plus vaillamment possible".
La peur est omniprésente et c'est normal , on a peur pour soi, pour les autres:" j'ai peur pour lui" (lettre de René Duval). Dans leurs lettres les soldats n'utilisent que des mots sombres: "bouleversé", "morne", "souffre", "horrible"...
Tout est dénué de sens à leurs yeux, "c'est presque de la folie" comme le dit René Pigeard dans sa lettre.
Ils écrivent à leurs oncles, leurs parents, leurs frères et sœurs et savent qu'ils ne le reverront peut-être pas.
Et pour un sort différent, ils prient Dieu. On voit dans ces lettres des demandes, des supplications.
"L'on entend la prière, car dans ce véritable tombeau, tout le monde prie."
Pour tout ce qu'ils sacrifient, ils demandent un peu de reconnaissance, Emile Sautour en parle dans sa lettre.
Les conditions de vie dans les tranchées sont inhumaines, non dignes d'être subies par un être vivant.
Les tranchées sont étroites et quand la pluie tombe, les soldats se retournent à dormir dans la boue.
Elles contiennent les morceaux des corps, des rats y logent. L'hygiène, le confort n'existent pas dans ces "trous". Et le risque de tomber malade est augmenté.
La brutalisation des hommes, les rends telles des machines à tuer, puisqu'il faut tuer ou blesser son adversaire pour le rendre hors de nuire à son camp.
C'est bien l'ultime but de la guerre!
Le combat ne cesse nuit et jour, la cadence est rapide:"je suis un peu reposé" (lettre de René Duval).
Les tirs fusent de tous les sens: "La canonnade est effroyable.". Et l'effet est dévastateur aussi bien sur l'homme que sur le paysage qui n'en est plus un:"Devant nous c'est la rase campagne: une plaine morne..." (lettre de René Duval).
Le terrain est mal fait à cause des trous d'obus et les soldats y trébuchent.
Les conditions de combat sont d'autant plus difficiles car la nourriture est délétère et en moindre quantité, souvent froide:"pouvoir manger quelque chose de chaud à sa suffisance..." (lettre de René Pigeard).
Cette guerre fut l'une des plus meurtrières de l'histoire.
Aussi bien à cause des innovations techniques et mécaniques de l'époque que à cause du grand nombre de pays (et donc de soldats) engagés.
Ce livre nous montre bien que la guerre n'est qu'un effroyable sentiment de peur quotidien.
A ce sujet, mon texte: http://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2012/09/16/tachee-la-memoire-du-printemps-rc/
· Il y a presque 10 ans ·rechab