Un homme

aile68

Un homme se tient à la fenêtre, regarde la pluie tomber, il a éteint son ordi à cause de l'orage. Il n'a pas mis ses  lunettes pour voir plus clair, il fronce les sourcils pour mieux voir les arbres bouger et les éclairs dans le ciel. Il se dit qu'il n'ira pas se coucher de sitôt, il attendra que la nuit se calme. Il se revoit enfant dans son petit lit avec son ourson en peluche, et l'ombre des branches qui tanguent sur les murs les soirs d'orage pareils à celui-là. Des gens se précipitent vers leur voiture, ils sortent du cinéma d'en face, ils ont mal choisi leur soirée. Notre homme allume la télé, tombe sur les infos de minuit, l'orage à fait des dégâts dans l'ouest de la France. Il est bien content d'être à l'abri, décide de se servir un verre de whiskey. Petit bonheur égoïste, ou bien mérité après une journée de travail, il ne se pose pas la question, il savoure son breuvage marron, qui lui râpe la gorge et il aime ça. Il se demande quand l'orage prendra fin, il rejoindra son grand lit seulement après. Il se sent ridicule avec son verre d'alcool à la main et la peur au ventre, personne pour le rassurer, le distraire des éclairs et des grondements du tonnerre. Chez les voisins du haut, silence complet, ceux du bas c'est comme s'ils n'étaient pas là. Il se sent seul, abandonné, pas un ami pour le réconforter. Les femmes il n'en a pas, l'unique femme de sa vie était pire que l'orage! On dirait que le temps se calme, petit à petit l'orage s'éloigne, il termine son verre et se dirige vers sa chambre quoique le canapé pourrait très bien faire office de lit mais ne contrarions pas notre cher homme qui se couche tout habillé sur la couette. Comme à l'accoutumée, des images de sa journée lui viennent à l'esprit, son patron qui le houspille pour qu'il accélère son travail, la belle Marie-Claude devant la machine à café, l'ascenseur qui a failli tomber en panne, par quel miracle s'est-il remis en marche comme une mécanique qu'on remonte en tirant la langue comme un enfant. Le vent qui revient avec ses rafales le tirent de ses pensées, quand donc s'endormira-t-il? Il se roule en boule, écrase son oreiller sous sa tête, il veut dormir, dormir. Il est presque une heure, sa nuit va être blanche, il le sent, il regrette d'avoir bu ce verre de whiskey, il a mal à la tête comme un jeune puceau. Il a envie d'une tisane bien sucrée, il en a dans ses placards en cas de besoin. Mais il est si bien en position foetale! Rien ne saurait le déranger à présent, pas même un nouvel orage. 

Le lendemain, il a encore mal à la tête, c'est rare quand ça persiste comme cela, il se déshabille jusqu'à la salle de bain en jetant ses vêtements en l'air, la douche qu'il prend est réparatrice, son visage est comme neuf après s'être rasé, habillé, il ressemble à ces hommes dans les pubs. Il prend un café noir, puis deux, l'avenir est à lui, l'ascenseur marchera-t-il?

(à suivre)

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