Un homme -27-

aile68

Aujourd'hui Gérard se sent comme dans une bulle. Marie-Claude n'est pas venue travailler, elle a une angine. Il trouve que c'est ballot une angine en avril mais il a fait un temps exécrable pendant toute une semaine. Sans elle il est comme perdu, maussade. Il tape des lettres qu'elle aurait dû taper avec un dévouement infini, comme s'il en allait de sa guérison. Il voudrait l'appeler de suite, quitter les autres collègues et courir à son chevet. Il a du mal à se joindre à ces derniers quand il y a sujet à rire, pendant la pause déjeuner il avait l'estomac noué, il n'a presque pas mangé comme avant un examen, jadis. Tout ce qu'il a réussi à faire pour donner le change c'est faire un pauvre sourire qu'il a gardé comme un masque pendant toute la pause.

C'est  la fin de sa journée de travail il lance un au revoir distrait à la ronde, et part en enfilant rapidement son imper Columbo. Arrivé à sa voiture il reçoit un appel de sa bien aimée, elle a dû calculer le temps qu'il a mis du bureau au parking.

"Allô Gérard? ça s'est bien passé au bureau? Tu peux venir me voir? Quentin dort chez ma mère.

En entendant ces mots, son coeur ne fait qu'un bond, tout ce qui encombrait son esprit, son poitrine, se dissipe d'un seul coup.

- Oui, bien sûr! Je peux être chez toi dans une demi-heure.

- Ok! Je t'attends. A toute'!"

Au volant de son auto, Gérard se prend pour Fangio. Il brûle un feu, le temps lui semble long aux passages pour piétons, il double un automobiliste qui ne sait pas où il va. Quarante minutes plus tard, il se gare en bas de chez Marie-Claude. En sortant de sa voiture, Gérard se demande s'il passera la nuit avec son aimée. Etant malade, elle n'aura peut-être pas envie. Il chasse cette idée de son esprit en se passant les doigts sur sa frange qu'il arrange distraitement. Il sonne ensuite à l'interphone, attend un peu, elle ouvre sans demander qui c'est. Il prend les escaliers, monte jusqu'au 3e, son coeur se serre d'émotion...

Il la regarde dans l'embrasure de la porte, qu'est-ce qu'elle est belle avec son gros pull et ses chigon défait! Elle le fait entrer, il veut l'embrasser, elle le repousse doucement:

"Tu veux attraper une angine toi aussi? lui dit-elle en souriant. (Ses yeux sont cernés, un peu fiévreux, il voudrait la prendre dans ses bras.)

- ça va? demande machinalement Gérard.

- Oui, mieux que ce matin. Mais j'ai encore de la température.

- Ah? J'espère que tu vas vite guérir. Tu nous manques au bureau!

- C'est vrai?  J'en ai pour une semaine environ. Je suis en quarantaine, Quentin restera chez ma mère pendant ce temps.

- Oui, c'est bien! Enfin je veux dire, c'est mieux pour lui, pour qu'il ne tombe pas malade...

- Oui, j'avais compris! continue de sourire Marie-Claude.

- Et moi? Tu ne crains pas que je tombe malade? dit notre homme malicieusement.

- Il n'y a pas de raison! Si on reste sage...

- Certes...

(à suivre)


  • Les angines ça arrive même au mois d'août. C'est arrivé à un de mes fils, enfant.
    En tous les cas, Marie-Claude ne délaisse pas son homme !

    · Il y a environ 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

Signaler ce texte