Un homme -45-

Gérard et Quentin s'apprécient comme des amis à présent. Marie-Claude bien sûr voit cela d'un bon oeil. Elle dit même que c'est une chance car l'enfant est plutôt critique envers les grandes personnes. Il voit les adultes comme des chadocks qui pompent et qui pompent sans fin, sans arriver à être heureux, toujours à faire des histoires pour n'importe quoi, une note pas assez haute, une chambre pas rangée (il n'a que huit ans se défend-il!), une parole malheureuse. Il préfère les gens comme Gérard qui le considèrent comme une véritable personne et non comme un gamin comme ses grands-parents même s'ils l'aiment bien. Il sait aussi quand il agace ses interlocuteurs quand il a réponse à tout, il ne fait que donner son avis comme il dit, ils n'ont qu'à faire comme s'il n'avait rien dit, certes l'enfant aime tenir tête à ceux qui lui parlent, pour la plupart des adultes c'est un défaut mais pas pour Gérard qui pendant longtemps a été l'introverti de la famille. Si ce dernier avait dit à ses parents qu'il faisait médecine pour eux... Il n'en serait pas là aujourd'hui, à tous les niveaux. Finalement à presque quarante ans il sait pourquoi il vit. En tant que maçon, il marche sur les pas de son père et de son grand-père, sinon il vit une histoire d'amour qui lui plaît bien et il aime sa famille. Il ignore quand il présentera Marie-Claude et Quentin à celle-ci, il verra bien le moment venu... Rien n'est acquis, tout est à prouver se dit-il. Il ne sait pas si c'est la bonne manière de mener sa barque mais au moins c'est la sienne. Il parle parfois avec sa soeur aînée, il a failli lui confier l'été dernier qu'il voyait une femme à qui il tenait beaucoup. Pourquoi s'est-il retenu de parler? Etait- ce trop tôt? Etait-ce cette maudite introversion qui resurgissait? Gérard voudrait s'ouvrir complètement, il est comme un coquillage à moitié ouvert, ou à moitié fermé... C'est selon qu'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide. Il vit d'une énergie nouvelle, l'amour lui donne des ailes. Les soirs d'orage ne sont plus pour lui l'occasion de boire cet alcool ambré qui lui brûlait la poitrine, il n'éprouve plus le besoin de se replier sur lui-même quand il dort, tout n'est que repos mérité, réparateur.