Un homme dans le silence de sa propre conscience

Joyce Attal

Un homme dans le silence de sa propre conscience.

Lorsque l'aurore aura uni ses lèvres dans le silence.

Alors. il écrira sur le mur de sa conscience

Les lettres que l'ennui lavera.

Écrire la vie que l âme exilera.

Écrire à un fœtus rêveur

La vie amère qu'on lui destinera.

Écrire l 'œuvre sur la terre

Qui, à sa mort, restera en jachère.

Écrire les mots qu'on n'a pas dits

Et dire ceux que les autres ont écrits.

Écrire pour s'interdire d'acquiescer un "oui"

Et souffrir de s'entendre répondre "non".

Écrire à ceux qu'on a cru aimer

L'éphémère dont ils nous ont bercé.

Écrire les joies qui naissent de la haine

Tandis que la raison a pour faiblesse les peines.

Écrire en petits pointillés

Le travail non achevé.

Écrire à la postérité

Qu'on a nul désir d'en être asservi.

Écrire les parfums de l 'enfance

Et ne pas mourir en transe

Avant d 'avoir tracé les lignes courbées

En traits discontinus de son dernier été.

Écrire dans la mémoire des idées volées

Et bannir de la pensée les actes regrettés.

Écrire sur les portes fermées

Qu'on aurait souhaité y pénétrer.

Écrire les sourires pincés.

Écrire les courroux étouffés.

Écrire avant d'oublier

Les choses dont on a ri hier.

Décrire les passions que la morale accuse,

Et les insolents souvenirs d'un passé délétère.

Ou se taire et ne rien faire.

Texte de ATTAL Joyce

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