Un livre, une femme...
Dominique Capo
Chaque fois que je me plonge dans un livre, c'est un plaisir sans commune mesure avec l'ensemble des réalités de ce monde qui me submerge. Chaque fois que j'effleure une de leur page de mes doigts avides, qu'en fermant les yeux de contentement j'éprouve leur odeur si particulière, que j'entends leurs feuillets parcheminés craqueler parce qu'ils sont neufs et qu'ils n'ont jamais été frôlés, c'est comme si un univers entier s'offrait à moi. C'est comme si j'étais sur le point d'explorer des sentiers inédits de la connaissance, de la sagesse, de la raison, de la science, humaines. C'est comme si je glissais au sein d'un monde qui me happait entièrement, démesurément. Un monde que l'on ne quitte ensuite jamais véritablement.
Aucune émotion n'est plus belle, n'est plus intense, n'est plus lumineuse, que celle dont je jouis à cet instant précis. Rien n'est plus magnifique, rien n'est plus grandiose, rien n'est plus extatique, que de parcourir leurs mots, leurs paragraphes, leurs chapitres... Sauf deux choses :
La première, c'est écrire. C'est participer à cette émolution permanente de l'esprit et de l'âme. C'est de pouvoir user de ses savoirs, de son imagination, de ses espoirs, de ses rêves et de ses cauchemars, afin d'apporter son humble et modeste contribution à cet Art. C'est de laisser sa trace sur Terre par cet intermédiaire. C'est de supposer que d'autres après soi - des dizaines, des centaines, des milliers, d'années après soi parfois - prendrons le même plaisir à consulter, à dévorer, ses ouvrages, alors qu'il y aura bien longtemps que nous ne serons plus là.
C'est une contribution essentielle que nul autre vecteur n'est capable de remplacer, à l'heure où l'éphémère, où le superficiel, où le futile, sont roi. A une époque où l'ordinateur, les téléphones portables, les tablettes, internet, dévorent tout sur leur passage, à l'époque où tout se perd instantanément dans leurs méandres, à l'époque où l'image, la dictature du conformisme et de l'apparence, du politiquement correct et de l'institutionnalisation forcée, transforment les hommes en êtres non pensant, les livres sont ce qui demeure et demeurera présent à tout jamais. Car le jour où la technologie les aura métamorphosé en dégénérés, que les gens auront oublié ce qu'est qu'écrire et lire, ceux qui détiendront les clefs de cet Art seront les maitres du monde.
La seconde, c'est qu'elle est comparable à l'amour que l'on offre à une femme. Sans limites, multiple, d'une puissance inégalée et inégalable, cette émotion nous submerge dans les deux cas vertigineusement. Caresse de sa couverture ou de ses pages égale caresse d'un visage, d'un corps, d'une âme, pour lesquelles notre passion est considérable. C'est comme se perdre dans le regard rempli d'étoiles d'une femme à qui l'on désire se donner. C'est comme cette seconde d'Éternité où l'on se glisse au cœur de son intimité la plus précieuse, la plus délicate. Et qu'on lui ouvre les portes d'un paradis connu de nous seul.
Comme un livre que l'on explore, c'est un lieu magique, un territoire qui n'appartient qu'à nous, un moment de partage, de communion, fusionnel qui nous embrase. La perfection d'un instant semblable à nul autre quand elle s'écrie "Encore, encore. Je te veux, je te désire. Je souhaite que ça ne s'arrête jamais." Un moment que l'on cherche à renouveler, à honorer, à élargir, à chaque fois que l'occasion nous est donnée...
Voici ce que sont les livres, l'écriture, qui égalent mon amour des femmes, à mes yeux...
Très jolies comparaisons qui font honneur aux femmes et à la culture !
· Il y a environ 5 ans ·Louve
L'une comme l'autre sont indispensables et sont les plus grands trésors de notre monde...
· Il y a environ 5 ans ·Dominique Capo
Joli parallèle Dominique...
· Il y a environ 5 ans ·marielesmots
Merci, toujours avec un immense plaisir...
· Il y a environ 5 ans ·Dominique Capo