Un modeste témoignage

Paul Robert De La Fauvellerie

Adolescent, j'étais assez solitaire. Ce n'était pas toujours une contrainte, c'était aussi et surtout un choix. Profondément déçu par mon entourage qui ne me comprenait guère, j'aspirais à la paix et à la tranquillité loin de tout ce beau monde.
J'ai été victime de harcèlement scolaire, j'en ai tiré non pas une forme de misanthropie, mais une amère réflexion sur les capacités de nuisance du genre humain envers ses semblables. Je pense pouvoir affirmer connaître le caractère gratuit et arbitraire de la maltraitance... Mais là n'est point mon sujet...
Non, loin de là. Évidemment, il m'en restera toujours quelque chose, mais sans parler de résilience, terme à "la mode", j'ai trouvé ma solution. Pas tout seul, non... Quelques rencontres y contribuèrent, notamment une famille d'artistes à demi-déglingués (selon les critères d'acceptabilité sociale). 
Ils m'apprirent à oser, à répondre à mes agresseurs plus par le verbe que par la violence. Quelques mots bien placés font plus mouche qu'une claque, même méritée.
Bon, ils m'apprirent à boire aussi, parfois sans modération. Mon foie s'en souvient encore !! Mais ces seigneurs de la cuite avaient de l'esprit et rarement l'alcool mauvais. J'ai beaucoup ri grâce à eux et je les en remercie encore...
Ils m'apprirent surtout à désapprendre. Oublier tout ce que je croyais connaître, tout ce que je croyais et considérait comme acquis. Aujourd'hui, connectés à Internet et imbus de nos maigres connaissances, nous avons oublié, pour la plupart (je ne généralise pas) que nous ne sommes finalement pas grand-chose. Une condition essentielle pour se sentir vivants. Je citerai le grand Oscar Wilde pour conclure : "Vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contente d'exister".

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