Vide-vie
velvet
Vide, c'est un mot c'est quatre lettres. Vide, c'est ce qui résonne jour après jour, nuit après nuit dans ma tête avec plus de bruit qu'un klaxon de voiture, qu'un cadis qui dévale les pavés le long d'une rue en pente granuleuse. Vide, c'est ce que je ressens quand je regarde autour de moi, que je croise une dame. Un homme. Une voiture. Une maison. Vide, c'est quand je te croise toi, que tu me croises moi et que nos yeux se croisent pleins de vide encombrés comme des épaves qui s'évitent, se recroisent, se contournent et s'éloignent. Quand dans mes yeux tu lis mon vide et que dans tes yeux je vois les tiens. Ensuite nos yeux s'éloignent, je passe, tu passes, pas bonjour, pas au revoir, pas merde ni va crever.
Vide, c'est quand je rentre chez moi, que j'enlève mes chaussures, droite, gauche, que je vais boire un verre de lait, que j'allume la télé, me gratte le nez du côté gauche avec l'index droit, que je souris sans sentiment devant une scène stupide, que je finis par me lever, par aller à mon bureau, par prendre un stylo et une feuille.
La feuille est vide aussi et je me sens complice.
Je me dis que je vais écrire et que je vais être une artiste, que les mots vont couler noirs-noirs sur mon papier innocent devant la sentence de l'encrier. Mais ma tête est vide, mes yeux sont vides, ma main est vide, ma vie est vide. Alors je griffonne quatre lettre un mot. Je le barre et je l'envoie à l'envers, en colonne, en zig - zag, en trois mots et vingt - six lettres. Je grave la feuille, comme si ma vie en dépendait, je colorie, j'écris, je griffe, je frappe, je joue, je barbouille.
Finalement, la feuille est pleine.
Finalement, le vide en est partie.
Finalement, je balance les yeux vers l'univers avant de clore mes paupières, me passe une main noire sur les yeux violacés, ça laisse une trace, je m'en tape, ça s'efface.
Je souris un peu. Mon énergie est vide mais mon coeur est plein. C'est un bon début, je pense, ça va repartir tout ce foutoir, tout cet ennui et ces embrouilles.
Je me sens forte et je vais encadrer la feuille pleine.
Le lendemain, le cadre est par terre. Le cadre est cassé. Mon énergie est partie mais je me relève, je vais mettre mes chaussures, gauche, droite. Je sors, il fait moche, la pluie me crache au visage, les nuages me pissent dessus.
Je te recroise et tu es toujours vide. Je me croise dans une vitrine et je souris, malgré le vide et la pluie, parce que même si je suis vidée, si c'est pour vivre sans sourire, autant crever.
La journée passe, le soir revient, le bonheur sonne à nouveau je me ressens bien, je me relève, ça continue.
Parce que finalement le bonheur laisse des traces, mais la vie s'en tape, ça s'efface et le vide s'accentue.
Bravo pour ce texte, malgré son sujet, bien rempli !
· Il y a plus de 9 ans ·cyanure
Le bonheur sonne. J'aime beaucoup
· Il y a plus de 9 ans ·Potière Cécile
Très mal écris et puis la journée passe le soir revient tu oublies que le matin s'éloigne...
· Il y a plus de 9 ans ·Pierre Gravagna
"Vide, c'est quand je te croise toi, que tu me croises moi et que nos yeux se croisent pleins de vide encombrés comme des épaves qui s'évitent, se recroisent, se contournent et s'éloignent. (...) La feuille est vide aussi et je me sens complice. Je me dis que je vais écrire et que je vais être une artiste, que les mots vont couler noirs-noirs sur mon papier innocent devant la sentence de l'encrier. (...) Finalement, je balance les yeux vers l'univers avant de clore mes paupières, me passe une main noire sur les yeux violacés, ça laisse une trace, je m'en tape, ça s'efface. (...) Je me croise dans une vitrine et je souris, malgré le vide et la pluie, parce que même si je suis vidée, si c'est pour vivre sans sourire, autant crever. "
· Il y a presque 10 ans ·Des phrases qui "sortent du lot" ; au top
dreamcatcher
c'est super formidable, cette maîtrise sans trembler, un vide mâché et remâché, seul et en couple, sous la pluie, ou devant son miroir.
· Il y a presque 10 ans ·elisabetha