Un paradis

aile68

Ouvrir les stores pour que mes plantes reçoivent de la lumière, moi j'ai besoin d'entendre des mots ronds, bienveillants, ceux d'une bonne mère qui tricote pour ses enfants, besoin de revenir sur les lieux de mes sorties scolaires, là où la montagne fleure bon le lait et la noisette. Y a des personnes aux côtés de qui on se sent belle, des personnes qu'on ne connaît pas forcément, celles qui ont sur leur visage la lumière de la bonté. Qui me dira que j'ai un beau jean, de belles baskets, écrire un texte en trois jours en cinq jours, attendre la petite idée idée qui réussira à passer entre deux petits rochers comme l'eau d'un torrent puissant et vigoureux, j'ai toujours aimé les torrents pour leur force et la fraîcheur vive qu'ils génèrent par les milliers de gouttelettes qui sautillent sur les gros cailloux ronds.

Attendre l'ouverture du marchand de glace, je ne vais que chez celui qui se situe rue de Gordes, combien de fois regarder le clip video de Love is All avec la grande grenouille qui chante et joue de la guitare, elle entraîne tout le monde sur son passage, c'est une charmante chenille qui danse et se balance, heureuse jusqu'à la nuit, qu'est-ce qu'on aimait quand ça passait à la télé après le bain! Vague souvenir de lecture "L'idiot", je sais pourquoi j'écris ça, chez moi l'idiotie frise la naïveté, revoir ce bouquin, l'ai-je lu ou pas, j'ai lu un Dostoïevski mais lequel? Mon enfance et mon adolescence sont comme un grand grenier, une bibliothèque que la pénombre protège, tout est bien rangé, aligné, tout n'est que bois et cuir, pages cartonnées, pas une feuille ne dépasse, c'est le paradis, un paradis.


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