Un pas vers l'avenir

liviasansleo

Comment se projeter dans le futur quand le présent est incertain ? Comment s'épanouir dans un couple quand les deux sont pleins de doutes ?

Journée ordinaire dans une cité ordinaire. Driss et Sarah s'étaient retrouvés dans l'appartement que Nour, le meilleur ami de Driss, leur avait prêté durant son voyage au pays.

Driss, debout, écoutait Sarah parler. Encore une fois, elle évoquait un sujet sensible.


Sarah : Depuis combien de temps on est en couple tous les deux ?

Driss : Je ne sais plus... Une éternité !

Sarah : Je vais te rafraîchir la mémoire, trois ans déjà !

Driss : Et ?

Sarah : Et ? Il serait peut-être temps d'officialiser, non ?

Driss : Ouais bébé, mais, je ne suis pas trop sûr que ce soit le moment.

Sarah : À cause de nos parents ou parce qu'on a pas les moyens d'organiser notre mariage ?

Driss : Nan, la mifa, elle dira rien je pense.

Sarah : Donc, la thune... En même temps, tu ne taffes pas !

Driss : C'est pas que je veux pas mon coeur, tu vois bien que je souffres du délit de faciès.

Sarah : La bonne blague ! Tu avais un job et tu as tenu une semaine...

Driss : Le patron était raciste !

Sarah : Arrêtes tes salades Driss, tu t'es embrouillé avec lui dès le deuxième jour...

Driss : J'étais son esclave !

Sarah : Non, tu as montré ton vieux caractère, là, aussi...

Driss : Mais tu sais comment ça se passe pour nous dans ce sale pays de merde...

Sarah : Qui nous ? Les renois ? Les rebeus ? Tes parents ont du boulot, tes frères, tes soeurs, ma famille, moi...

Driss : Vous les arabes c'est pas pareil, vous êtes mieux intégrés.

Sarah : Déjà je ne suis pas "arabe" et nous les maghrébins ont à l'image de terroriste qui nous colle à la peau, tu crois que c'est mieux ?

Driss : Tu as pas l'image d'une terroriste, ta mère est une babtou, ton père est kabyle, la société t'accepte.

Sarah : Tu racontes n'importe quoi ! Tu sais c'est quoi ton vrai problème ? Tu te victimises, tu manques de volonté ! C'est pas la société qui te rejète, c'est toi qui ne veux pas t'intégrer.

Driss : Bon, tu fais quoi aujourd'hui, mon procès ? Vas-y, t'façon, je bouge.

Sarah : Je pense à notre avenir, voilà, c'est tout...

Driss : Mon avenir m'attend dehors, allez, sur ce, dis-moi quand tu auras autre chose à me dire et claques bien la porte en sortant...

Sarah : Driss...


Elle se retrouva seule. À son tour, elle quitta l'appartement pour rejoindre celui de sa mère.

Comme à son habitude, Driss ne lui donnait plus de nouvelles, et, comme à son habitude, elle ne disait rien.

Sarah était une femme discrète, elle n'aimait pas se faire remarquer. Absente des réseaux sociaux, présente pour ses proches, toujours prête à rendre des services à son entourage. Sarah était une fille bien.

La semaine, Sarah travaillait. Le week-end, elle aidait sa mère au ménage, gardait les petits des voisins, restait avec sa petite soeur et ses cousines. On pouvait compter sur elle.

Au bout trois jours, alors qu'elle était posée dans sa chambre, son téléphone signala un message de son homme.

DSL MA PUCE

VIENS ON S'CAPTE

Pas rancunière, Sarah accepta les excuses de Driss et fila à l'appartement de Nour.


Driss : Ça y est, tu es calmé ?

Sarah : Mais je n'étais pas énervée !

Driss : Tu ne m'as pas donné de news.

Sarah : Tu plaisantes ? Tu as disparu trois jours !

Driss : Je devais réglé un truc, bref, vas-y on parle pas de ça...

Sarah : C'est mieux, tu voulais dire quoi ?

Driss : Rien, te voir ça ne te suffit pas ? Ça va ta mère ?

Sarah : Ma mère ? Oui , pourquoi ? Enfin elle me saoule...

Driss : Comme tous les parents...

Sarah : Non, elle se doute pour nous deux et me pose plein de questions.

Driss : Pareil, mes parents s'inquiètent de ma situation.

Sarah : Que tu n'es pas de copine ou que tu ne bosses pas ?

Driss : Les deux... Sarah...

Sarah : Ouais Driss, tu vas dire que je suis "casse-couilles" mais on pourra jamais avancer si tu ne te bouges pas.

Driss : Tu me ôtes les mots de la bouche... T'inquiètes, l'argent ça se trouve, ça va changer...

Sarah : Oui et après ? On va faire quoi ? Vivre dans ta voiture avec nos enfants ?

Driss : Ah ouais... t'es loin toi...

Sarah : Tu ne veux pas un bébé de nous ? Un beau bébé métisse avec de grosses joues...

Driss : Sûr qu'il sera beau si il tient de... moi. Par contre si il est têtu comme toi...

Sarah : Oublies le futur, je te tue maintenant !

Driss : Et tu veux pas rester ici cette nuit ?

Sarah : Ça aussi, on en a déjà discuté... Pas avant le mariage... Allez, je me barre, sinon ma mère va lancer un avis de recherche.

Driss : Tant pis pour toi, je voulais juste te serrer contre moi. T'as raison, je dois sortir aussi...


Et de nouveau, le couple ne s'est pas vu pendant quelques temps.

Driss aimait trop sa liberté. Lui, c'était le contraire de Sarah. Il aidait sans problème son entourage mais passait son temps dehors avec ses potes.

Sociable, il connaissait toute la ville. C'était surtout un bon négociateur qui survivait de ses traffics. Rarement chez lui, ses parents, naïfs, ne se doutaient pas de ce qu'il pouvait faire à l'extérieur.

Après une soirée avec de bons amis, il eu envie de contacter Sarah.

RDV DEVANT LA POSTE DEMAIN 17 H FAUT QU'ON PARLE

Driss n'était pas romantique, pourtant, Sarah, il l'avait dans la peau. Entre eux, c'était une évidence... Depuis toujours.


Driss : Ça va ? Viens on bouge au square.

Sarah : Oui et toi ? Si tu veux.

Driss : On va être tranquille, si on reste là, on va venir me voir.

Sarah : Quand on est connu comme le loup blanc...

Driss : Gardes tes blagues là...


Cachés sous un arbre, posés sur un banc, Driss se lança.


Driss : Ma puce, tu as raison. On va en parler à nos parents, même si je ne t'épouse pas de suite...

Sarah : Tu es sérieux ? On ne va plus mentir ?

Driss : On ne mentait pas, on protégeait notre histoire.

Sarah : C'est vrai ! Tu crois que tes parents vont bien le prendre ?

Driss : Bien sûr. Ma mère te connaît depuis ta naissance, mon père on l'entend jamais, mes frères ont leurs vies et mes soeurs vont arrêter d'enquêter sur moi. Et toi ?

Sarah : C'est pas ma mère qui va me faire la morale. Mon père, ben, il est plus là. Ma petite soeur, elle est dans ses années collèges, elle calcule rien. Par contre, mon frère...

Driss : Tu crois il va s'y opposer ?

Sarah : Il va me faire la misère ! Depuis que mon père est parti, il a prit sa place... Et puis il est à fond dans la religion...

Driss : Moi aussi ! D'ailleurs c'est chelou chez vous, il y a que ton frère qui suit ça à fond...

Sarah : Ma mère est athée. Après nous, on nous a laissé le choix d'y croire ou pas. Genre, t'es croyant ? Tu fais le ramadan mais regardes tout ce que tu fais à côté! Et tes parents vont rien dire du fait que je sois pas convertie ?

Driss : On va faire un mariage discret, à la mairie. Ça veut dire quoi ? Qu'on est intolérant et arriéré ?

Sarah : J'ai absolument pas dit ça ! Ça aurait pu poser problème. Regardes Aygün et Mounia, le scandale que ça a fait et pourtant, ils sont de la même confession. Ou Rajah et Asloum, pire !

Driss : Tu me parles d'un turc avec une tunisienne et d'une pakistanaise avec un saoudien. C'était foutu d'avance... Confession ou pas confession...

Sarah : Mais on est en 2019 ! Le monde se mélange, en plus, ils prient le même dieu !

Driss : Ouais mais là, c'est pas un problème de religion mais de culture. C'est des pays communautaires.

Sarah : C'est des généralités et des foutaises. Moi je dis, être communautaire, c'est un premier pas vers le racisme.

Driss : Ouais, peut-être... Mais bon, j'ai pas envie de faire un débat sur ça.

Sarah : Bon, on prépare psychologiquement nos familles ?

Driss : Vas-y, dès ce soir, on tâte le terrain et on se capte, ok ?

Sarah : Ok.


En rentrant du parc, chacun de leur côté, Driss et Sarah ont pris leur courage à deux mains.

Avant la nuit tombée, il téléphona à Sarah.


Driss : Allo, alors ? T'as réussi à ouvrir ta bouche ?

Sarah : Et la tienne ? Oui j'ai pu me livrer à ma mère et toi ?

Driss : Pareil !

Sarah : J'ai attendu qu'elle fasse le repassage, comme ça, elle était bien assise.

Driss : Moi, qu'ils soient tous devant la télé.

Sarah : Et alors ?

Driss : Tranquille, ils veulent te voir samedi. Comme prévue, ma mère était émue, mon père silencieux et mes soeurs m'ont charié. Et comme prévue, mes frères ont été averti dans les cinq minutes qui ont suivit. Et toi ?

Sarah : Ma mère est super contente, ma soeur s'en fou et mon frère... me prend la tête !

Driss : Il a dit quoi ?

Sarah : Il m'a prit à part. Il m'a fait une vieille leçon de morale toute pétée..  Que je ne suis pas le bon chemin, que je dois me réveiller, que je vais aller en enfer si je ne trouve pas la foi...

Driss : Il n'a pas tord.

Sarah : Et ils se doutent tous que c'est toi.

Driss : Il va me flinguer alors ! Comment ils le savent ?

Sarah : Arrêtes !  Tout le monde parle ici. Tout le monde nous croise ensemble. Tout le monde se mêle de tout...

Driss : Je plaisante Sarah... Ma famille aussi se doute. Ma mère m'a dit qu'elle était pressée d'embrasser sa troisième fille. Je lui ai dit que tu serais ma femme, pas sa fille.

Sarah : Du coup, on peut éviter les présentations vu que tout le monde le sait...

Driss : Tu flippes ? Non Aminata et Fanta te préparent une surprise, mais je crois qu'elles rigolaient.

Sarah : Flipper de quoi ? Que tu leur présentes ta nouvelle petite amie ? On fait quoi alors ? Samedi midi chez ma mère, le soir chez tes parents ?

Driss : J'avais des trucs à faire, mais vas-y, je vais me débrouiller.


Le week-end arriva. A midi, Driss beau et parfumé de la tête aux pieds sonna chez Sarah. Aline, la mère de Sarah lui ouvrit la porte.

Le déjeuner se passa bien, cependant, Aziz, son grand frère était absent.

Après ce copieux repas, ils se rendirent directement chez les parents de Driss.

Sarah fut accueillie comme une reine. Le dîner traina jusqu'à vingt deux heures.

L'ambiance était festive et chaleureuse.

Les soeurs de Driss se moquaient de lui en prenant Sarah pour complice. Même ses grands frères, Amidou et Issa, étaient venus rencontrer sa belle.

Tous les deux étaient natifs de cette ville, tous les deux avaient grandit dans cette immeuble.

De la maternelle au lycée, ils avaient été dans les mêmes écoles.

En terminal, enfin, ils s'étaient rapprochés.

Même délires, même franchise, même vision du monde, du couple...

Dans la tête de leurs amis, ils étaient destinés.

Driss avait toujours été respectueux avec elle. Pourtant, Sarah se doutait qu'il ne lui avait peut-être pas toujours été fidèle. Mais elle lui pardonnait, tout, toujours.

En très peu de temps, la nouvelle était connue dans tout le quartier.

Les habitants semblaient accepter leur duo.

Bien sûr, quelques ragots tournaient, quelques petites critiquent leurs avaient été rapporté.

Ils n'en avaient que faire.

Libres, enfin, aux yeux de tous, ils pouvaient s'aimer.

Sarah en entendait même parler dans l'école où elle bossait en tant qu'animatrice.

Ses voisins étaient venus la féliciter.

Driss, lui, reçevait les compliments des aînés.

C'est vrai que Sarah était réputée de part sa grâce, sa gentillesse et sa beauté. Elle imposait le respect.

Driss, qui, pourtant, n'était pas soucieux jusqu'à présent, commençait à se tracasser.

Le mariage allait lui coûter cher, il ne l'avait même pas encore demandé en fiancaille, il n'arrivait pas à mettre de côté, il se sentait coincé.

Il espérait trouvé vite une solution. La peur de l'échec, la peur de devoir annoncer à Sarah que leur projet tombait à l'eau, il se débrouilla pour empocher rapidement une grosse somme d'argent.

Et, une fois de plus, il ne donna pas signe de vie pendant plusieurs jours.


"Un distributeur de banque se fait braquer à la voiture bélier, les suspects sont en fuite, une enquête est lancée..."


Sarah était devant le poste de télévision.

Le journal parlait de cette actualité, c'était dans sa ville.

À sa droite, Ines, sa soeur discutait sur What's App, à sa gauche, sa mère commentait les infos.


Aline : Tu as vu ça ? C'est de pire en pire. Et la police qui n'arrive pas à les trouver, c'est lamentable... Tu vas voir, ils vont encore dire que c'est des gars de chez nous...


Sarah ne répondait pas. Elle venait de recevoir un message de Driss.

J'SUIS A L'APPART

J'AI UNE SURPRISE


Elle y alla. Il semblait inquiet et fatigué.


Sarah : Quand on sera marié, Driss, tu vas disparaître comme ça longtemps ?

Driss : Non, justement, on va pouvoir avancer le mariage.

Sarah : Avec quel argent ?

Driss : Poses pas de questions. Ce week-end, je ne suis pas là, mais après on va se mettre bien...

Sarah : Non, je veux savoir cette fois. Si cet argent est sale, je refuse !

Driss : Il n'y a pas d'argent propre, si ce n'est pas nous qui en profitons, ce sont des politiciens véreux...

Sarah : Ou des gens qui gagnent honnêtement leurs vies...

Driss : Tu veux quoi ce soir ? Qu'on arrête ?  Qu'on fasse un break ?

Sarah : Que tu sois honnête !

Driss : Je suis honnête !  Quand je te dis que je fais mon argent dans la rue, je ne te mens pas. Quand je dis qu'on va s'en sortir, je ne te mens pas. Que je veux que tu sois ma femme, que je t'aime...

Sarah : Mais je veux que mon futur soit sûr ! Je tremble pour toi ! Toute mon âme vit pour toi, et toi, tu me laisses seule avec mes doutes...

Driss : Écoutes chérie, ce week-end, promis c'est la dernière. On se fiance, on se mari, et je deviens l'homme dont tu rêves, promis Sarah.

Sarah : Dernière fois que je te fais confiance. Que je n'apprennes rien sûr toi ou tu ne me verras plus. Compris, Driss ?


"Bracage d'une bijouterie au centre ville. Le propriétaire est grièvement blessé. La police n'a pu identifier les trois hommes cagoulés. Une enquête est en cours..."


De nouveau, Sarah et sa famille regardaient les informations régionales.

Les sirènes de police hurlaient dans toute la zone.

En pleine nuit, Sarah fut réveillée par son téléphone. Driss voulait la voir.

Elle se changea et discrètement le rejoigna.


Driss : N'allumes pas la lumière, bébé.

Sarah : Pourquoi tu veux me voir à cette heure là ? Driss, dis-moi ?

Driss : Mon coeur, acceptes cette bague, je suis désolé mais je vais devoir me faire discret quelques temps.

Sarah : J'ai vu les infos, c'était toi ? Gardes la bague, je n'en veux pas...

Driss : Si je sors, je peux me faire abattre. On peut se tailler si tu veux... Sarah ne me laisses pas... Nan bébé, pleures pas...


Driss enlassa Sarah pour la réconforter. Pour essuyer ses larmes, il l'embrassa.

Sarah était perdue entre la tristesse et l'amour profond qu'elle avait pour lui et se laissa aller.

Driss risquait sa vie, Sarah se donna à lui.


Au matin, prise de remords, elle le laissa seul à son sort.

Elle bloqua son numéro et s'effondra dans sa chambre, la bague au doigt.


Pendant la semaine qui suivit, au petit matin, les parents de Driss furent violemment interpellé par la police. L'appartement retourné.

Dans le quartier, la descente de flics réveilla tous ses habitants. À son tour, on frappa chez Sarah.

Elle fut emmenée et interrogée au commissariat. Puis, un policier remarqua l'anneau qu'elle portait à son doigt.


Le policier : Belle bague. Vous êtes fiancé ?

Sarah : Oui.

Le policier : Avec Monsieur Sissoko Driss ?

Sarah : Oui, monsieur.

Le policier : C'est récent ? Et vous savez où on peut le trouver ?

Sarah : C'est récent mais je ne sais pas où il est.

Le policier : Vous ne savez pas où se trouve votre futur époux ?

Sarah : Non.

Le policier : Dîtes-nous la vérité madame. Nous aurions besoin de la bague pour relever les empreintes.

Sarah : Je vous ai dit la vérité et oui, prenez-la.

Le policier : Vous serez de nouveau convoqué prochainement, ne quittez pas la ville.

Sarah : Je n'y compte pas.


Pour la première fois de sa vie, Sarah se sentait honteuse.

En rentrant, son frère se disputa avec elle. Elle ne comprenait plus rien.

Dans l'escalier, la mère de Driss la réconforta.

Personne ne savait où il était parti.


Pendant deux mois, la police convoqua régulièrement son entourage.

Nour était rentré de vacances et avait récupéré son appartement. Lui non plus ne pouvait dire où Driss avait disparu.


"Nouveau bracage, les trois hommes ont été interpellé. Selon la police, il s'agirait des mêmes individus qui ont attaqué la bijouterie."


Aziz : T'as vu Sarah ? C'est ton mec ? Et t'allais te marier avec lui ?

Sarah : De quoi ?

Aziz : Regardes-là, l'article sur Google, t'as lu ?


Sarah sentait son monde s'écrouler.

Ils l'avaient retrouvé, il était en vie mais plus jamais elle ne le verrait.

Son frère lui avait interdit de lui rendre visite en prison et par toutes les voies de le contacter.

Tout était devenu cauchemars. Les gens l'esquivaient à la cité. Les rumeurs et ragots allaient de bon train. Seule la famille de Driss continuait à lui parler.

Elle ne savait plus si c'était le stress, la honte ou le mal qu'elle ressentait mais elle dormait de moins en moins bien.

La journée, elle se sentait fatiguée.

Au travail, elle était prise de nausée.

Le matin, elle se levait avec une sensation de vertige, puis, pleurait sans raisons.

Tous ces changements l'épuisaient.

Elle alla consulter son médecin qui l'envoya faire une prise de sang, elle lu le résultat... s'enferma dans sa chambre.

Après de nombreuses altercations avec son frère, elle décida de se rendre au parloir.

Driss l'attendait, surpris de sa visite.

Il la vit arrivé de loin, emmitouflé dans son long manteau. Elle le salua froidement et se déboutonna devant lui.

Le ventre bien arrondi, elle jeta son regard dans le sien et sèchement le questionna.


Sarah : Et là, tu le vois notre avenir ?


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