Un peu de solidarité

Oser le mascara, le fard à joue, les bijoux, les joujoux, donner mes peluches à des enfants en détresse, je connais une famille avec enfants en bas âge, je pourrais leur donner un ou deux spécimens tendres et mignons, qui berceraient leur vie de jeunes marmots. Ces peluches je les garde précieusement dans un panier en osier que je ne donnerais pour rien au monde, je l'aime trop, il est posé dans un coin de mon salon, ça fait chic et choc, j'aime trop. Il n'a rien de spécial, ou plutôt ce qui me plaît c'est qu'il est simple, je ne veux pas qu'il s'abîme celui-là. Je ne suis pas matérialiste mais je tiens à mes affaires, enfin certaines, quand elles ne servent plus, je donne, je jette, je ne veux pas nourrir les mites. Donner avant que ça jaunisse ou qu'il y ait des trous, donner des choses décentes, décemment pour des gens qui veulent vivre dignement. Une vie décente, y en a qui n'ont même pas ça, une personne sur cinq a du mal à se nourrir correctement aujourd'hui, une certaine jeunesse galère pour y arriver, pour démarrer dans la vie, combien de peluches leur faudrait-il pour adoucir leur existence? Y a longtemps j'ai donné un automate, un Pierrot, un tableau avec son feutre pour s'amuser et s'instruire, apprendre les mots qu'on aime, et faire des opérations longues comme des trains le long des champs de blé.

Ce dimanche y a un vide-grenier en centre-ville, j'ai donné beaucoup de choses à ma belle-soeur, les invendus iront à des associations de bienfaisance, heureusement qu'elles existent! Qu'ils vivent, qu'ils existent ces gens qui sont dans la galère, que leur vie soit sublime, qu'ils retrouvent confiance en eux, qu'ils aient la foi, la gnac, le mordant qu'il faut pour ne pas sombrer, sortir la tête hors de l'eau comme j'ai entendu récemment à la télévision. Oui les vols ont augmenté, oui la France se paupérise, oui c'est pas facile, oui les Restos du coeur accueilleront moins de gens qu'avant, oui c'est de plus en plus difficile... Moi je ne suis qu'un petit maillon dans la chaîne de solidarité que les hommes essaient de créer, une petite bulle d'air pour qu'on respire mieux, pour que les dimanches ne ressemblent pas à des lundis gris et tristes.