Un peu d'extimité

Aurélien Loste

Voulez-vous ?

Internet est un biais, on écrit en public.

Sans pour autant rétrocéder, en écrivant sur papier, ou sur machine en privé, la pensée de ne pas être lu.es..en y réfléchissant, aussi loin que remonte la mémoire, tout écrit a pour fonction d'être lu.

Dès lors, les journaux intimes, et leur cadenas ?

Les filles, plus que nous les hommes, aiment à cacher leurs histoires. Éternel mystère féminin.

Plus prosaïque, n'ai jamais rien écrit qui ne soit destiné à autrui.

Et même avant moi, mon père composait pour ma naissance, à la guitare..A l'heure où le soleil se levait/Un petit garçon nous est né/Rayonnement concret de notre amour/Ensemble souhaitons-nous de beaux jours.

C'est forcément plus joli avec les notes, et chanté, car il n'y a pas de prénom français avec un à, seulement le ä ou e dans l'a, tel que le chantait Gainsbourg, de Lætitia, comme ma femme.

École à deux ans, près de la base militaire de Mérignac, en Gironde, les moteurs d'avions remontent au loin, même en voiture avec ma mère, institutrice devenue prof des écoles à mes dix ans, mon père l'écrivait profdézékol.

En donnant les années, vous penseriez à vos années, différentes des miennes, vous n'en aurez donc pas.

Une des collègues de ma mère m'avait pris dans sa classe de plus grands, en sortant, l'instit appelle "Qui a laissé son manteau ?" les élèves sortent, libérés, heureux, et qui reste en attendant sa maman ?

Sans répondre à la dame, car c'était un anorak. Ce culte des mots depuis tout petit (carte de bibliothèque à un an, à Saint-Médard-en -Jalles, aussi dans le 33), impose l'écriture.

Mon père amenait son premier né au bord de l'eau, en y jetant des branches, et moi en bon chien chien, qui m'amusais des ronds dans l'eau, et des ploufs, comme mes premiers pas sur le bassin d'Arcachon, à marée basse.

Puis, d'un ton paternel "La rivière"..si seulement !! La Jalle(s) ! J'ai mis des années à lui ajouter un s, car on écrit bien les Jalles, et le français ne prononce pas la fin des mots, Pari(s) etc. Une jale est un cours d'eau, dans le Médoc, si vous n'êtes pas bien né.es.

Allant vers le sud, jalle devient gave, tel celui de Pau, source à Gavarnie, patrimoine mondial. 


Bien que lue, l'écriture est solitaire. Ce sont ici mes souvenirs, pas les vôtres, bien que nous soyons français. 

Vous n'existez donc en tant que lecteurs que parce que je vous accepte :-)


Tout lecteur d'un auteur sont comme des sujets, fussent-ils imaginaires. Les filles qui ferment leur journal, c'est pour qu'il ne soit pas lu, donc elles pensent en l'écrivant qu'il le sera, potentiellement en tout cas, qu'il pourrait l'être. 

N'ayant jamais rien eu à cacher, le mystère m'est inconcevable : tout s'explique, c'est tellement simple.

Quant à l'écriture, un trait de plume et je vous nie. Pour ne pas dire décapite, par décret royal. Les lettres de cachet n'avaient pas tant de pouvoir, internet est un grand village, quand Versailles n'était qu'une cour de moins de mille hectares, une journée de marche, aussi seigneuriale fût-elle.

Louis XIV pouvait embastiller, exclure, mais toute reine, tout prince, a besoin de sa cour, quand l'artiste existe en lui-même, traduit ce que lui inspire sa créativité, qui n'est comme l'a brillamment démontré Marcel Proust qu'une capacité de traduction d'un langage invisible en mots ou autre forme d'art. 

Elizabeth II est confinée en son château de Windsor, parmi ses portraits royaux, comme en France au château de Beauregard https://beauregard-loire.com/ à quelques kilomètres de Blois-Chambord, en plein cœur du plus grand ensemble inscrit au patrimoine mondial de l'humanité, les châteaux de la Loire.


Parler de ses parents, signe d'attachement.

Mon père a insisté (je ne voulais pas lui répondre) en me bloquant le passage (je n'allais pas me battre contre lui, malgré mes leçons de yosekan-budo et ses cours dans mon enfance d'aîné, quand il sortait de sergent, gardien de la paix et C.R.S., avec son képi) pour me faire dire son année de mort, puis celle de son frère, sur la pergola : dans deux ans, je saurai enfin si les années de mort que j'ai vues pour des dizaines de personnes, stars planétaires ou plus anonymes, sont réelles.

En attendant, il m'a appris les mots, et à compter, assis sur ses genoux, devant "Les chiffres et les lettres", ou avant ça, "Winnie l'ourson" et "Bibiphoque". Au temps béni de ma solitude, car à deux ans, j'ai refusé la naissance de ma sœur, qui, devenue architecte fonctionnaire au bon moment, m'en veut toujours depuis. Une partenaire de jeu, tout au plus, mais elle cassait mes tours en Légos, en rampant le long de son avenir tout tracé.

En visitant le musée Légo de Bordeaux avec ma femme, fascinés comme à Cheverny, le château de Moulinsart de Tintin, voyant mon imaginaire d'enfant devenir réalité, je n'en reviens toujours pas.

Pour citer ma sœur, "Pourquoi tu prends les rêves de ton frère ?" banquier fana d'avion, quand je travaillais dans ''le monde des bisounours'' de la sécurité aérienne, à Paris et d'abord la D.G.A.C. de Toulouse, après avoir donc longé la base aérienne de Mérignac (et avoir été réserviste au 1er RHP).

C'est tout simplement de l'opportunisme : tu veux quelque chose ? Prends-le !

Ayant toujours pensé comme ça, jusqu'à preuve du contraire..c'est une pensée commune, nous, les humains, faisons tout ce qui nous est possible, sans prendre en compte ni morale, ni religion, et encore moins éthique ou droits de l'homme, bien illusoires garde-fous. 

Il n'existe rien pour cadrer l'instinct humain, pas de zoo, sauf extra-terrestre, hors du système solaire, même, donc loin de milliards de kilomètres, quel intérêt ?


Le "Tu ne tueras point" mosaïque a mené à Hitler et à la Shoah, preuve que les humains n'avons absolument aucune logique.

Restent les machines...

Bambin de moins de deux ans, mon père jouait de l'orgue au salon (au bord de la Jalle, au fond du jardin où courait Tessa, le berger blanc des Pyrénées), avec souvent la télévision allumée sur les deux premières chaînes et surtout la Une, car fils des années quatre-vingts, j'ai comme vous été biberonné au Club Dorothée, qui me faisait piquer des crises quand le mercredi la famille partions en montagne.

Sauf au ski, que j'ai adoré tout de suite ! Les patinettes au pied, quelle joie de glisser, puis dévaler les pentes, sans limite, seul au milieu des blanches vallées !

Même en me cassant la patte droite lors d'un saut-périlleux à ski devant des camarades, plâtre d'un mois qui m'empêcha, les larmes aux yeux, d'aller concourir au 24 minutes du Mans où je m'étais aisément qualifié en étant le seul gamin à ne pas poser pied à terre lors du parcours d'obstacles de la Sécurité routière.

D'autant que mon père, fan du Bol d'or, voulait bien sûr m'y amener.

Toujours doué en tout, le meilleur partout, en France comme à l'étranger, le risque est de vite s'ennuyer.

Contre l'ennui vient le mariage, mais si en écrivant on nie l'autre, imaginez donc dans un couple !

Restent les occupations mondaines, supprimer le changement d'heure, informer le patrimoine mondial, à Paris, que Bouddha est né en Inde et pas au Népal ("En plus de cinquante ans, c'est notre première erreur !"), maintenant un projet de loi sur les factures d'eau en appartement.


Une fois adolescent, à mes quinze ans, ma cousine qui en avait six me demande dans la cave de mon père ce que je ferai plus tard, et de lui répondre, tout simplement, en pleine partie de tennis de table avec mon frère, "Président du monde". Elle est aujourd'hui à Bruxelles et la Commission européenne. 

La Conseillère Principale d'Éducation, au lycée, convoque ma mère et son directeur d'écoles à la retraite de second mari pour les informer que depuis la création de leur établissement (elle était proche de la retraite, très distinguée), j'étais le meilleur élève, de l'avis unanime du corps professoral, et que je finirai "dans la botte de l'État"; surtout dans les Pouilles italiennes; au collège, ma mère me faisait déjà lire comment Jacques Attali préparait ses 1ères places aux concours d'entrée des grandes écoles françaises, en piochant des sujets au hasard. Il a aussi dit que son père habitait en face de Polytechnique, à Palaiseau.

Mais être le meilleur partout, toujours, si c'est un gage de confiance en soi, déjà, ne rend pas humble, et plutôt paresseux, car pourquoi travailler quand la réussite vous est toujours tombée au coin du nez en toute facilité ?

Pour faire ce qu'on aime.

Selon votre âge, vous connaissez Marcel Pagnol, lui aussi, malgré un redoublement en 4ème, brillant élève, Immortel académicien. 

Si vous êtes trop jeunes ou ignorants de lui, vous apprendrez ici qu'il est l'auteur francophone le plus connu du XXème siècle.

Un siècle plus tard, ce qui reste de lui sont ses si beaux souvenirs d'enfance, car son théâtre n'a pas d'âge.

L'adolescence qu'il mena dans les collines de Provence est universelle, en tout cas pour des millions de personnes; Pagnol a rendu ses souvenirs immortels.

En quatre humbles tomes, le dernier dans Elle puis posthume, il a précisément décrit sa vie juste avant la première guerre mondiale, qui emporta son premier ami d'enfance, Lili -David- sous les obus de Verdun.

Pagnol était la plus grande star française du XXème siècle par son théâtre et ses films, qui comme ses souvenirs fixent une époque, comme a su le faire au XIXème Zola dans ses Rougon-Macquart naturalistes, ou sa longue trilogie journalistique Lourdes, Rome, Paris. 

Et c'est ce qui m'importe ici, de décrire, pour donner un repère tout en restant dans le vague, la fin du deuxième millénaire et le début du troisième.

Sans lieu fixe, car la plupart des Occidentaux voyageons aisément dans le monde entier depuis les années 1970.

Ou disons, en France, dans l'Hexagone et l'outre-mer. Le plus grand territoire maritime mondial avec celui américain, plus de 11 millions de kilomètres carrés chacun, grâce aux îles, comme celles polynésiennes. 

D'ailleurs, le passeport français est le plus utile de tous, qui permet tous les visas : la diplomatie française est la meilleure du monde, qui entretient de bonnes relations avec tous les gouvernements des plus de deux cents pays sur Terre. Sauf le Bhoutan, pour lequel il faut obligatoirement passer par l'Inde, avec donc un visa indien, car le plus haut pays du monde n'a pas (besoin) d'aéroport.

Les Bhoutanaises ont plusieurs maris, sont polyandres, une commerçante à Timpuh, leur capitale, Ong Ongma, m'a proposé sa main, en me parlant aussi de son mari. Brunes de jais, elles ont de jolis yeux félins.

Le président du Bhoutan s'est fait mondialement connaître en parlant de Bonheur National Brut au lieu de Produit, et sur son territoire, il a mis fin à la polyandrie, son épouse ne se partageant pas. Mais sa population n'a pas l'air informée. 


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