Un regard interculturel
Teresa Abreu
Je finis la relecture du livre Touché - A French Woman’s Take on the English, de la Française Agnès Catherine Poirier. Pour marquer la dixième année de sa vie londonienne, la journaliste a écrit ce livre, où elle compare de façon aussi impitoyable que tendre, les Anglais et les Français, Londres et Paris, tout en soulignant les qualités et les défauts des peuples des deux côtés de la Manche. Parmi les nombreuses différences abyssales, je tiens à souligner l’aspect de la culture. Selon Agnès, la France idolâtre ses artistes et intellectuels, le Ministère de la culture est le quatrième en importance et détient une grosse partie du budget de l'Etat. En Angleterre, en revanche, il n’existe pas un ministère spécifique pour la culture, mais un organisme qui s’occupe de médias, sport, arts, patrimoine, tourisme et loterie. Les idoles des Britanniques, s'il est possible de faire une comparaison, sont les stars du rock, et cela vaut pour toutes les générations.
Quand j’étais à l’université, et que je faisais quelques free-lances pour un magazine people, les jeunes aspirants journalistes rêvions de voyager vers l'Europe. Un jour qu’on bavardait dans la rédaction, la question est tombée: Londres ou à Paris? Évidemment, à cette époque-là, tout ce que j’avais comme information étaient les stéréotypes: la philosophie et de luxe à Paris ; la contre-culture et le rock à Londres. J'ai voté Londres. Et aujourd’hui j’aime Paris, qui est beaucoup plus que les clichés créés par les étrangers. Londres est toujours une attraction quoique modérée dans mon esprit, car je l'ai trouvé trop bruyant, trop mouvementé, trop illuminé. Over, over, over.
Fait intéressant, je pense avoir trouvée une ville qui est à mi chemin entre l'intellectualisme parisien et la musicalité londonienne : Dublin, la capitale de l’Irlande. Pendant le weekend, nous avons fait un programme de male, si j'ose dire. Nous avons visité la brasserie Guinness et la distillerie Jameson. Je n’ai pas aimé la bière, mais je me suis converti au whiskey! - avec un "e" s'il vous plaît, pour marquer la différence du whisky écossais.
La ville est petite, une Londres en miniature. Bien que les Irlandais aient perdu leur langue originale, le gaélique, l'Irlande a produit quatre lauréats du prix Nobel de littérature: William Butler Yeats (1923), George Bernard Shaw (1925), Samuel Beckett (1969) et Seamus Heaney (1995). Le premier écrivain Irlandais célèbre fut Jonathan Swift (1667-1745), l’auteur de Voyages de Gulliver, une fable qui (tu m’étonnes!) dénonce le joug imposé par les anglais. Dracula a été écrit par Bram Stoker, un fonctionnaire au château de Dublin. Et n’oublions pas les célèbres Oscar Wilde et James Joyce. Il existe même à Dublin un Musée des écrivains.
Il devrait y avoir aussi un musée du rock. Pas encore, mais il y a la Rock n'Stroll Trail, carte routière détaillée de 16 sites mystiques pour les amateurs de rock, comme les studios à Windmill Lane, où U2 a enregistré son premier album, ou le Bad Ass Cafe où Sinead O'Connor a travaillé comme serveuse.
Une toute petite île à l'ouest de la toute puissante Grande Bretagne nous a fait rêver. Dimanche, tard dans la nuit, déjà au lit, Chéri m’a demandé si j’étais encore éveillée. Je lui ai dit que je ne pouvais pas dormir, tant les images et les sons de Dublin étaient fort dans ma tête. Lui aussi, il voyageait éveillé.