Un retour à Noël

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Note d’intention pour Un retour à Noël

Choix de mise en scène et partis pris artistiques :

La pièce s’intitule Retour à Noël et se déroule en sept scènes distinctes, mettant en scène neuf personnages, une famille, lors du repas du réveillon de Noël, et notamment la fille aînée qui revient après une longue période à des milliers de kilomètres, au propre comme au figuré

Cela pourrait être n’importe quelle famille, la vôtre, la mienne… L’ambiance y est conviviale, et les règlements de compte, s’il y en a, respectent la trêve de Noël. J’ai eu envie de recréer cette atmosphère si particulière qui entoure Noël, et que l’on se force à fêter souvent plus par respect des traditions que par réelle envie. Tous ces non-dits qui règnent au sein d’une famille, spécialement quand elle ne communique pas de manière entière. Ces places que chacun a sans même le savoir, et que l’on découvre au terme de retrouvailles après une longue séparation. La place a une importance capitale dans cette pièce et celle de chaque personnage compte. Sa place sur scène. Sa place au dîner, autour de la table. La place de l’époux à sa femme, face à son gendre, celle des deux sœurs, leur rivalité inconsciente. Leur déplacement de la cuisine à la salle à manger. Qui se lève ? Pourquoi ? Serviabilité ? Servilité ?

            La scénographie va donc illustrer ce phénomène de place. La scène est divisée en deux par un jeu de lumière, qui viendra faire exister le côté salon/cheminée/canapé et celui salle à manger/grande table.  Il n’y aura logiquement pas de changement de décor si cela est possible, car tout se passera en huis clos, dans cette grande pièce où cohabitent deux espaces. L’espace salon sera celui de l’intimité, avec des faces à face et des échanges entre quelques personnages.

Les entrées / sorties se feront par la porte menant à la cuisine, ainsi que par un escalier qui monte à l’étage.

Noir entre chaque scène.

Décors : intérieur bourgeois bohème, livres et tableaux, instruments de musique. Pas trop chargé. Longue table en bois ovale.

Costumes : vêtements de fête, plutôt détendus sauf pour la tante Martine, d’un chic décalé. Marie-Claire avec foulards de soie, tenue plus ethnique, loufoque pour Justine et Tomas. Tâches de peinture pour Patrick. Nœud papillon pour Jacques. Extrêmement chic pour le sublime Arun, qui doit faire forte impression.

La musique a un rôle important car elle ponctue certaines scènes, accompagne, crée l’ambiance, et réconcilie. Elle est un fil rouge.

Je ris beaucoup en relisant cette pièce et pense qu’elle est tragi-comique. J’aime que les choses bouleversantes puissent être dites légèrement, mais être dites fermement. Quand même.

J’imagine une atmosphère où la joie l’emporte, telle Isabella’s Room de Jan Lauwers.

Emilie Jullin

Marie-Claire, la fille, 33 ans

Justine, la sœur, 30 ans

Patrick, le père, 60 ans

Anne, la mère, 60 ans

Tomas, le compagnon de Justine, 33 ans

La grand-mère, la mère de Patrick, 80 ans

Martine, tante, la sœur de Patrick, 58 ans

Jacques, mari de Martine, 60 ans

ARUN, invité surprise, 30 ans, indien, accent anglais.

Le soir du 24 décembre, chez Patrick et Anne, dans la salle à manger.

Un sapin orne un coin de la pièce, la cheminée crépite. De l'autre côté une grande table avec des chaises, où le dîner se tiendra.

Scène 1 :

 

Carillon de la porte d'entrée. Justine et Antoine font leur apparition dans le salon, précédés d'Anne.

Anne : Voilà enfin ce fameux fiancé…

Antoine : Ravi de faire votre connaissance Madame.

Anne (criant) : Patrick ! Descends vite dire bonjour ! S'il vous plait, pas de Madame ici, moi c'est Anne. Mettez-vous à l’aise.

Justine : Papa est encore dans son atelier, je parie... (Riant jaune)Même pour Noël, l’ours ne daigne sortir de sa tanière !Et ma sœur, est-elle déjà arrivée ?

Anne : Oui, ta sœur nous a fait l’honneur de sa venue depuis trois jours, figure toi. (Criant) Marie-Claire ! Justine est là ! Marie-Claire ?!

Marie-Claire (descendant lentement l'escalier) : Me voilà, me voilà.... Inutile de crier.... (Se tournant vers le couple) Ah tiens, salut. J'avais oublié que tu venais avec ton mec. (Ils s'embrassent) Ravie de faire ta connaissance... Tomas, c'est ça ? (Acquiescement de Tomas). Moi c'est Marie-Claire, la sœur de Justine.

Anne : Marie-Claire, rends toi utile, sers leur quelque chose à boire, ils doivent être épuisés après cette longue route... Pas trop de neige ? Oh, je me suis inquiétée... Enfin, vous êtes là, c'est le principal !

Marie-Claire : Filez-moi vos manteaux. Je vais faire un bon thé, ça vous dit ?

Justine : Oui, bonne idée. Mamie n’est pas encore là ? Et tatie ?

Marie-Claire : A ton avis ? Tu crois peut-être que ça se planque facilement une grand-mère comme elle ?

Justine (riant) : Ne commence pas déjà à la critiquer, attends au moins qu'elle arrive !

Justine et Anne s'assoient sur le canapé, Tomas sur le fauteuil.

 

Anne : Tomas, j'ai tellement hâte de mieux vous connaître. Vous me comprenez ? Ich spreche Deutsch ! Mais c’est tout ce que je sais dire !

Justine : Je lui traduirai si tu as des choses intéressantes à lui raconter...

Tomas : Merci de votre accueil, je être heureux de passer Noël avec Justine famille.

Anne : Oooooh, il est si mignon ! Il parle ! Ma chérie, il est magnifique, où l'as tu trouvé ?

Justine : Maman, arrête, ce n'est pas parce qu'il ne comprend rien que tu dois en profiter pour dire n'importe quoi !

Tomas : Was ?

Justine : Nichts Liebe !

Marie-Claire (entrant dans la pièce avec un plateau) : Voilà, du Lapsang que j'ai ramené de Chine... Servez-vous.

Justine : Beurk, j'aime pas, il a un goût de pourri. Tu ne trouves pas Tomas ?

Tomas : Ach, je préfère bière.

Marie-Claire (dépitée) : Moi je l'aime bien, particulier, il est vrai. J'en buvais toute la journée l'an dernier à Bejin...

Anne : Toujours tes exagérations Marie-Claire !  Alors Justine, parle-nous plutôt de toi... Que fais-tu en Allemagne ? Je n'ai pas bien compris au téléphone, tu étais assez vague...

Justine : Oh, écoute maman, on en parlera demain, non ?! C'est Noël !!

Marie-Claire (riant) : Tu ne changes pas toi, c'est toujours un tabou de parler études ou boulot ! ça m’intéresse de savoir ce que tu fabriques en Allemagne... à part vivre chez Tomas... Vous habitez dans son appartement ?

Justine : Oui, avec deux autres colocataires... La maison est grande.

Marie-Claire : Assez d'intimité ?

Justine : Pas vraiment... On partage une salle de bain et une cuisine pour quatre, et ce ne sont pas des maniaques du ménage, si tu vois ce que je veux dire !

Marie-Claire : Tu veux dire que même pour toi, ils ne sont pas assez propres et ordonnés ? ça doit être Beyrouth l’appart !

Anne : Et que fais-tu de tes journées ma chérie ?

Justine : Des choses...

Marie-Claire : Comme... ?

Justine : Je vais à la médiathèque de la ville, elle est immense.

Marie-Claire : Et ton travail, c'est quoi ? Tu racontais dans un mail que c'était chouette d'être au grand air toute la journée... agricultrice ?

Justine : Perdu ! Je distribue le courrier en vélo.

Anne et Marie-Claire : Factrice ?!

Justine (acquiescant) : Bon, on mange quoi ce soir ?

Anne : J'ai préparé des cailles aux raisin, un soufflé au foie gras, des gambas à l'anis et ton dessert préféré ma Juju...

Marie-Claire (sarcastique) : On pourra y goûter ou tout est pour elle ?

Anne : Oh, ça y est ! Regarde ma Juju, voilà que ta sœur nous fait le coup de la jalousie ! Mais quand vas-tu grandir enfin, à trente ans, c'est malheureux !

Justine (éclatant de rire) : Oui, si tu voyais ta tête, ridicule !

Marie-Claire : Merci ! Ce Noël promet encore bien des joies.... Ah, famille : amour, compréhension, soutien...

Justine : Tout de suite les grands mots... Ne commence pas !

Marie-Claire : Tu as raison, restons légères et superficielles, c’est Noël après tout ! (Se levant) Je mets de la musique. (Un temps) J'ai préparé des truffes en chocolat, comme quand on était petites ! Je t'ai attendu Ju, mais finalement, je les ai faites tout à l'heure, afin qu'elles aient le tps de durcir au frais.

Justine : Ah,  super ! Tu en avais plein les mains ?

Marie-Claire : Oui, c'est très amusant et régressif, j'avais l'impression de faire de la pâte à sel.

Anne (à Justine) : D'ailleurs, ta sœur a fait des formes étranges. Franchement, moi je préfère la truffe ronde basique.

Marie-Claire (revenant de la cuisine avec un plat de chocolats) : Qui veut les goûter ?

Tomas : Ach ! Ja ! J'aime chocolat !

Justine : Héhé, tant que çà se mange, il aime !

Marie-Claire : Les lapins sont au whisky et là, Jésus et Marie sont au gingembre...

Anne : Et çà,  c’est quoi ? L'âne ?!

Marie-Claire : C'est Melchior maman ! Enfin, tu vois bien !

Justine : Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

Marie-Claire (souriant) : Ah non, ne le mange pas celui-là, je l'ai fait sous l'effet d'une transe méditative et il représente mon homme intérieur...

Justine : Il a quatre bras ?!

Marie-Claire : Une sorte de Shiva... ou de Ganesh... J'y ai passé une heure.

Anne : À ce rythme-là ma pauvre fille, tu ne risques pas de nourrir une famille !

Marie-Claire : Tu connais beaucoup de familles qui se nourrissent de truffes en chocolat, toi ?!

Anne : Enfin, tu vois bien ce que je veux dire... Moi qui rêve de petits-enfants plein la maison, je me retrouve avec des Jésus et des Shivas en chocolat dans le frigo !

Marie-Claire (riant) : Et bien, ne te plains pas, le résultat est le même, non ?! En plus, moi je ne hurle pas quand je joue aux playmobils dans ma chambre.

Justine (se levant) : Bon, ce n'est pas que votre conversation m'ennuie, mais j’aimerais bien voir mon père, moi !

Anne : Il est très occupé ma chérie, ne le dérange pas. Il a attaqué une nouvelle toile hier et n'est mme pas entré dans la maison de toute la journée. Je lui ai amené son repas à midi, je ne sais pas s'il y a touché. Ce n’est pourtant pas faute de lui concocter de bons petits plats.

Justine : Tu sais maman, il doit rester concentré, ce n'est pas nouveau.

Marie-Claire : Oui, tu parles, il est autiste !

Anne : Marie-Claire ça suffit, votre père est un artiste, il n'est pas comme tout le monde !

Marie-Claire : Effectivement, heureusement que tout le monde n'est pas comme lui... La terre serait bien silencieuse !

Justine : Mais quand même, çà fait trois mois qu'on ne s'est vu et il ne connaît pas Tomas !

Marie-Claire : Il est au-dessus de ça, voyons Justine ! L'aaaaaaaaaaaaaaaaaart avant tout ! (se levant) Je vais débusquer l'ours dans sa tanière !

ANNE : Sois douce avec lui, ne vas pas nous le mettre de mauvais poil, spécialement ce soir !

MARIE-CLAIRE : Il se débrouille tout seul avec son humeur, et puis il n’est pas en sucre ton vénéré petit mari !

Justine éclate de rire, Anne est vexée.

Scène 2

 

Patrick entre dans le salon par la porte de la cuisine.

 

Justine : Salut papa !

Patrick : Bonsoir ! Vous avez fait bonne route ? Enchanté de te connaître Willem !

Justine : Tomas.

Patrick : Oui.

Tomas : Bonsoir Patrick, je très heureux faire ton connaissance.

Patrick : Qu'est-ce qu'il dit ?

Justine : Rien d'important papa.

Marie-Claire : Qu'il est heureux de te rencontrer !

Patrick : Ah, d’accord. Asseyons nous et prenons un verre avant que les hostilités ne commencent. (Il met diverses bouteilles sur un plateau et débouche une de vin blanc). J'ai cet excellent Sauterne, ça sera parfait pour débuter, puis un blanc plus sec pour les huîtres.

Marie-Claire : J'adore le Sauterne !

Patrick : Donnez-moi vos verres. (Il sert trois verres).

Marie-Claire : J'en veux bien aussi !

Patrick n'entend pas, occupé à tester le vin.

Marie-Claire : Bon, je me sers moi-même, si je comprends bien...

Patrick : Hein ? Ah, je t'ai oublié ? Désolé...  Santé! (Il vide son verre d'un trait). Il n’est pas mal. (Il s'en ressert un immédiatement. Criant) Anne ! Anne !

Anne (voix venant de la cuisine) : Ouiiiiiiiiii ?

Patrick : Amène les toasts de foie gras !

Anne : Oui Pat, j'arrive.

Justine : Qui a mis cette musique de merde ? J'ai amené des supers trucs d'Allemagne... Je vais vous faire écouter ça.

Marie-Claire : C’était moi… j’aime bien la musique de merde, surtout quand c’est Coltrane. Mets quelque chose de doux, c'est Noël !

Justine met un CD. Hard rock allemand.

 

Patrick : Ah oui, c'est super ça, moi j'aime les groupes de jeunes !

Marie-Claire : Moins fort s’il te plaît ! On ne s'entend plus ! (Elle se lève et baisse le son).

Anne (arrivant avec un plateau de toasts) : Voila voilà ! Désolée de vous faire attendre, mais les cailles nécessitent toute mon attention !

Marie-Claire : Maman, tu es dans la cuisine depuis sept heures ce matin, tu mérites bien de te poser un peu. Dis nous ce que l'on peut faire pour t'aider !

Anne : Ah, c'est un peu tard maintenant, ma chère fille. Et tu m'encombrerais plus qu'autre chose.

Patrick : Trinquons ! (Il se ressert un troisième verre).

Justine : Papa, sers maman voyons !

Patrick : A Noël ! Et au Sauternes, surtout !

Anne : Oui, mon amour, à Noël !

Marie-Claire : A l'amour qui nous réunit ce soir. Je suis heureuse d'être parmi vous.

Tomas : Prost !

Tout le monde trinque. Patrick commence à être ivre, il rit et gesticule. Le carillon de la porte d'entrée raisonne. Tout le monde se lève, Patrick se précipite vers le miroir et se recoiffe.

Marie-Claire : C'est eux !

Anne revient avec l'oncle, la tante et la grand-mère dans le salon. Embrassades générales.

 

La grand-mère : Bonjour mes puces. Oh, comme vous êtes belles !

Marie-Claire : Bonjour Mamie. Toi aussi, quel chic ce chemisier assorti à ton collier ! Et ce rouge à lèvre corail, une merveille !

Grand-Mère : Merci, ma chérie. Comment vas-tu ? Pas trop dépaysée après… c’est quoi déjà ce nom de pays, Baya ? L'Indonésie ?

Marie-Claire : Bali ! ça va bien, merci de me le demander. Laisse moi te serrer encore dans mes bras, ma petite mamie.

Grand-mère : Oh, tu resplendis, et ta robe te va si bien ! (A la cantonade) Elle resplendit, n’est-ce pas ?! (Puis, s'avançant vers son fils) Patrick, bonsoir ! Haha, tu as oublié de me dire bonjour !

Patrick : Bonjour.

Grand-Mère : ça  va ?

Patrick émet un son vague.

 

Anne : Donnez-moi vos manteaux et allez vous asseoir. Martine, tu es d'un chic ! Comme toujours, remarque ! C'est quel couturier ?

Martine : C'est Myaké. Tu sais, les plissés. (Un temps) J'ai les huîtres, les hommes vont pouvoir les ouvrir.

Jacques (se dirigeant vers la cuisine avec les huîtres et une bouteille) : Faut des munitions pour nous donner du courage ! Comme d’habitude, ce sont les hommes qui triment dans l'histoire !

Patrick (riant, sarcastique) : M'en parle pas, moi j'en peux plus de cette baraque de filles. Tellement autoritaires ! Ça doit être dans leurs gênes de vouloir régenter !

Anne (avec un grand sourire) : Merci les hommes de vous occuper de ça, c’est vrai que moi j’ai vraiment du mal avec le couteau à huîtres !

Marie-Claire : C’est bon maman, ils plaisantent, tu t'es déjà tapé toute la préparation du repas et la décoration de la maison… ton cher époux n'est pas un handicapé, hein papa ?!

Patrick : Tu vois, Jacquot, comment je suis traité dans cette maison ! Allez, on se replie dans la cuisine !

Martine : C'est ça, en plus ils se la jouent martyr, je rêve !! Jacques, pas plus de trois verres ce soir, hein ?! Tu conduis après...

Jacques : Haha ! OK capitaine ! Je suis brimé par mon épouse ! Joins-toi à nous Tomas, l'union fait la force ! (Ils sortent de la pièce).

Scène 3

 

Marie-Claire, Justine, Martine, Anne et la grand-mère sont assises dans le salon sur des canapés.

La grand-Mère (à Marie-Claire) : Alors ma belle, pas trop dépaysée ? Quel temps faisait-il là-bas ?

Marie-Claire : Et bien, puisque tu me le demandes, je me sens complètement perdue ici...  Il faisait extrêmement chaud ces dernières semaines, c'était la fin de la saison des pluies... J'ai l'impression d'avoir toujours froid ici, mon corps a du mal à s'habituer.

La grand-mère : C'est courageux à toi chérie de venir passer Noël dans le froid, et de faire autant d'heures d'avion. Je suis tellement heureuse de te voir ! Je comptais les jours, tu sais ? !

Marie-Claire (prenant sa grand-mère dans ses bras) : Oh merci mamie, tes mots me réchauffent le cœur plus que tous les soleils du monde !

Justine (sarcastique): C'est totalement crétin ce que tu dis, il n'y en a qu'un de soleil !

Marie-Claire : Oui, voilà entre autre ce qui me dépayse tant ! Le cynisme ! A Bali, je vis entourée de douceur et d'amour, et je ne me protège guère contre ce genre de piques... j'en ai perdu l'habitude !

Anne : Enfin, tu n'as aucun humour ou quoi ?! Justine plaisantait... Tu es puérile !

Justine : Parlons de choses sérieuses ; Martine, où as-tu trouvé cette merveilleuse veste ?

Martine : Ah, figurez-vous que c'est le présent que Jacques m'offre pour Noël... Une Saint-Laurent en velours moiré que j'avais repérée depuis quelques mois... 

Justine : Elle est ravissante, la couleur te sied parfaitement. (La touchant) Et si douce... Avec ce col en fourrure. Parfaite en toute occasion, non ?!

Martine : Oui, je vais la porter autant pour dîner en ville que pour aller au bureau. Et regardez mes bottes... c'est du poulain. J'ai hésité car elles valent une petite fortune, mais l'avantage avec les classiques, c'est que ça ne se démode pas.

Anne : Tu es toujours tellement chic martine ! Et ce sac à main... Oh ! Ne me dis pas.... c'est... mais oui ! C'en est ! Les filles ! Regardez, votre tante à un sac en croco !

Marie-Claire (à part) : Mmh, à ce train là, il n'y aura bientôt plus d'animaux sur la planète...

Martine (à Marie-Claire) : Tu disais ?

Marie-Claire : Je disais qu'on voit bien que tu aimes les animaux.

Martine : Haha, oui ! D'ailleurs, je sens qu'Anne nous a préparé quelque chose de divin, comme d'habitude !

Anne : Oh non, j'ai décidé de faire simple cette année. N'attendez pas un menu exceptionnel, car vous allez être déçues.

Marie-Claire (à part) : Qu’elle m’énerve avec son humilité mal placée. (Haut) Maman, tu as passé dix heures en cuisine, ça va être délicieux. Je pense que rien que l'amour et le temps que tu y as mis suffisent à faire de ce repas un chef-d'oeuvre !

Anne : Haha, il faut toujours qu'elle exagère celle-la ! S'il suffisait de temps et d'amour, on serait tous des chefs étoilés !

Marie-Claire : Je pense que ce ne sont pas les étoiles qui font un grand chef... D'ailleurs tous citent en premier la cuisine de leur grand-mère, celle qui nourrit le corps et l'âme... (Un temps. A sa grand-mère) Mamie, ta blanquette, tes crêpes au rhum, ta compote de pêches du jardin... mmmmmh, imprègnent encore mon esprit...

Anne : Oui, tu parles, si bien que tu es devenue végétarienne !

La Grand-mère : Paix sur la terre, c'est le réveillon de Noël aujourd'hui ! Anne, vous devriez être fière de Marie-Claire, être végétarien, c'est un petit pas pour l'humanité, mais diantrement bénéfique pour l'écologie !

Justine : Diantrement ? Encore un néologisme dixit mamie ?!

Marie-Claire : Hahaha... Je crois que ma mère n'a toujours pas digéré le fait que je sois partie si loin... Mais tes petits plats me manquent tu sais !

Anne : N'importe quoi, quel est le rapport avec le fait que tu habites loin de nous ?

Marie-Claire : Aucun maman, si ce n'est que tes piques à mon égard sont continuelles, et qu'en ce soir de Noël, mamie a raison, je te propose une trêve !

Anne : Comme si c'était la guerre ! Quand je pense au temps que j'ai passé en cuisine pour te faire plaisir...

Marie-Claire : Bon stop maman, arrête ton cinéma, la trêve, c'est la trêve ! (Elle se lève et va l'embrasser).

Martine : Alors ? Quel est le menu ?

Anne : Cailles rôties aux raisins et sa purée de potiron, sabayon de foi gras au Sauternes, gambas flambées à l'anis sur un lit de céleris frais.

Martine : Fantastique ! Quel courage tu as Anne. Moi maintenant, quand je reçois, je ne m'embête plus, j'appelle Lenôtre.

La Grand-Mère : Le vôtre quoi ? Elle appelle qui ?

Martine (n’y prêtant pas attention) : Bien plus pratique, et pas de risque de rater un plat ! Et puis ainsi je peux me pomponner ou allez me faire faire un soin avant la soirée, je suis bien plus pimpante ainsi... Car Anne, tu as vraiment l'air épuisé !

Anne : Ah bon, tu trouves? Je n'ai pas eu le temps de me maquiller, je vais peut-être y aller... Patrick aussi m'a dit que j'avais une sale tête aujourd'hui.

Marie-Claire (sardonique) : Joyeux Noël !

Martine (sortant une trousse de son sac et se regardant dans un miroir) : Vous n'avez rien remarqué ?

Toutes scrutent Martine.

Justine : Un nouveau fond de teint ? Retour des Caraïbes ?

Anne : Tu as bonne mine, il est vrai.

Marie-Claire : Tu as un amant ?

La Grand-mère : Tu sembles moins bouffie sous les yeux.

Martine : Merci maman, ça fait toujours plaisir ! Mais oui, tu as raison ! J'ai fait rectifier ça. Je n'en pouvais plus de voir ces poches sous mes yeux. Ça me donne un petit coup de frais, ni vu ni connu ; J'ai pris une semaine de vacances et on est allé dans notre villa de Saint-Tropez, il n'y a personne en Novembre, c'est l'idéal. Enfin si, j'ai croisé pas mal de connaissances en quête d'anonymat après désintoxication ou chirurgie ! (Riant d’un air désespérée) On a tous eu la même idée avant Noël !

Marie-Claire : Evidemment ! Mais un amant, ça fait le même effet, les cicatrices en moins !

Regards outrés des trois aînées.

 

Justine : Et ça coûte moins cher !

Martine : Oh, voyons les filles, vous dites n'importe quoi !

La Grand-mère : C'est mauvais pour la santé ces opérations ! Les anesthésies sont très toxiques pour le foie. Je te donnerais une cure de jus de bouleau à faire Martine, ça ne te fera pas de mal. Quoique ce ne soit pas la saison…

Martine : Oui, je veux bien, si tu penses que c'est bon pour moi.

Anne (se levant) : Zut, ça sent le roussi en cuisine !

Martine (la suivant) : Je viens te donner un coup de main.

La Grand-Mère : Oui, mettons la main à la pâte !

Elles vont toutes trois à la cuisine ; exclamations masculines, puis rires. Justine et Marie-Claire restent seules dans le salon.

 

Marie-Claire : Alors, ça marche avec Tomas ?

Justine : Ouais. La colloc me fatigue un peu, pas assez d'intimité. Et puis le vélo par moins 10 °, c'est rude.

Marie-Claire : Je te comprends. Moi qui ne supporte plus l'hiver en France, j'imagine en Allemagne. Tu manges de la choucroute pour te réchauffer ?!

Justine : Haha, c'est alsacien, pas allemand. On mange des Wurst ! Oui, ils mettent les saucisses à toutes les sauces, c'est lassant ! Ne te fais pas piéger à commander une Wurst salade, car il s'agit juste de wurst rapées, comme des spaghettis de saucisses, avec une bonne dose de mayonnaise. Mmmmmh, tres léger !

Marie-Claire (éclatant de rire) : Peu ragoûtant en effet ! Je viendrais peut-être te voir malgré cela ! Qu’en dis-tu ?

Justine : Oh oui ! Viens avec nous après Noël, ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu, j'ai l'impression que je n'ai plus de sœur...

Marie-Claire : Mais si ma Juju, je suis toujours ta sœur... je repars à Bali en janvier, le montage du documentaire m'attends, et Arun aussi, de pied ferme.

Justine : Pourquoi n'est-il pas venu avec toi pour Noël ? Je ne connais mon beau frère qu’en photographie.

Marie-Claire : Cette année, on a dit qu'on passait Noël en famille chacun avec la sienne. Cela fait dix ans qu'il ne l'a pas fêté en famille, moi au moins six ans. Après, on a rendez-vous tous les deux  dans une île déserte pour nous remettre de nos émotions. J'ai hâte, j'ai si froid ici... je trouve maman si dure avec moi, et papa si absent...

Justine : Non, maman est stressée à cause du repas... Elle est adorable avec nous, ouvre les yeux !

Marie-Claire : Avec toi sans doute.

Justine : Elle n'a jamais fait de différence.

Marie-Claire : Je ne suis pas d'accord. Elle semble m'en vouloir pour quelque chose. Elle est bien plus indulgente avec toi. Tu n'y es pour rien, tu sais.

Justine : Heureusement ! Je ne vois pas de quoi tu parles de toute façon. Je trouve que papa exagère. On ne se voit jamais et il ne prend même pas la peine de venir nous saluer quand on arrive. J'ai l'impression qu'il ne s'intéresse pas à moi.

Marie-Claire : On ne va pas le changer. Ne te rends pas malade pour lui.

Justine : Il m'énerve, j'ai envie de le frapper !

Marie-Claire : Hoho ! Quelle violence dis-moi ! Et avec ça ?!

Justine : J'ai envie de lui faire bouffer sa bourriche d'huîtres! Avec les coquilles ! De lui foutre sa bouteille de Sauternes où je pense, avec le tire bouchon !

Marie-Claire (éclatant de rire) : Oh non, tu es dégueulasse, pas le beau « Screwpull » qu'on lui a offert pour ses cinquante ans ?!!

Justine (de plus en plus en colère) : Si, avec tous les cadeaux coûteux et originaux qu'on a dégotté pour lui depuis des années... sans jamais un merci ou un petit signe de reconnaissance ! Juste : ça a l'air trop grand. Ou : il a une drôle d'odeur ce parfum. Ou encore : je crois que je l'ai déjà lu (ce livre qui est sorti la semaine dernière!).

Marie-Claire : Calme-toi Justine. Ta colère est tout à fait justifiée selon moi. Mais tu le connais !

Justine : J'en ai assez qu'il ne me parle pas, qu'il ne me pose aucune question !

Marie-Claire : Je crois que c'est à lui que tu dois dire tout cela, pas à moi. Tu sais, c'est ce que je fais depuis quelques années, et notre relation est bien plus satisfaisante.

Justine : Oh, ça va, ne me fais pas croire qu'avec toi il est différent. Je suis curieuse de voir s'il nous a fait un cadeau cette année.

Marie-Claire : Je m'en contrefiche, je n'ai pas de place dans mes bagages pour ramener des conneries inutiles.

Justine : Quand même, c'est Noël !

Marie-Claire : Ecoute, tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ce soir ? Passer un moment convivial avec vous tous… et ça, ça prend pas de place dans la valise… mais ça reste là (elle se frappe la poitrine)… des années…

Justine (grognant) : C’est tout ?

Marie-Claire : J’ai une idée ! Si chacun lisait un texte qu'il aime particulièrement, ça ferait un interlude poétique entre les plats. Un cadeau écologique, qui fait plaisir à tout le monde, personnalisé comme on dit dans les magasines, original (les voisins n’auront pas le même !), économique, peu encombrant… moi je repartirai avec l'impression de connaître mieux ces gens qui constituent ma famille, car est-ce que je les connais vraiment ?

Justine : Ah non, moi je veux mes cadeaux ! Je veux du lourd, du sonnant et trébuchant, je veux déballer les paquets...

Marie-Claire (souriant) : Tu penses que tu vas avoir le bateau pirate cette année ?

Justine : Je l'ai déjà, je veux la ferme. Avec le tracteur.

Marie-Claire : Et moi Barbie danseuse !

Justine : Je veux la mobylette de Barbie ! Rose fluo ! Avec le casque assorti !

Marie-Claire : L'aspirateur et le fer à repasser de Barbie Bobonne !

Justine : Papa Noël, amène-moi Barbie chirurgie esthétique ! Avec les seins sous le menton !

Marie-Claire : Et moi Ken Viagra, pour l’honorer comme il se faut !

Justine : Je veux le centre de détention pour mineur de Playmobil !

Marie-Claire : La mini guillotine en Légo Techniques !

Justine : Fabrique ton shit toi même avec le Petit Chimiste !

Marie-Claire : Pfffffff, la dernière version est bien mieux : fais tes acides à la maison !

Justine : Deviens la reine de la nuit, avec la panoplie spéciale rue Saint-Denis !

Marie-Claire : En version masculine spécial Bois de Boulogne !

La grand-mère et Martine reviennent dans le salon.

Grand-mere : Que se passe-t-il au bois de Boulogne ?

Marie-Claire (éclatant de rire) : Rien mamie, on faisait notre liste au Père Noël.

Grand-mere : Oh mes puces ! Et que voulez-vous pour Noël ?

Justine : Elle veut que vous lui récitiez un poème !

Grand-mere : Avec ma mémoire qui flanche ma chérie, ça ne va pas être triste... Une chanson, ça irait? avec l'air ça revient mieux...

Marie-Claire : Oui, parfait ! Pense-s- y pour le dessert !

Martine : Quelle idée saugrenue ! Moi j'ai fait des vrais cadeaux : parfums, carrés de soie, le dernier Goncourt pour mon frère...

Marie-claire : Et si je te demandais de lire un petit texte de ton choix, inventé ou repris, en prose ou en vers, cela te semblerait difficile ?

Martine : Mon Dieu, mais pourquoi ? Je ne vois pas l'intérêt. Et puis que veux-tu que je lise ?

Marie-Claire : Ce que tu veux. Regarde, la bibliothèque regorge de livres... On n'a que l'embarras du choix.

Justine : Ok, moi j'ai une idée

Elle se précipite vers la bibliothèque. Un temps. Martine la rejoint.

Marie-Claire : Je vais chercher des feuilles et des stylos, je sens l'inspiration qui monte !

Scène 4 :

 

La table est mise, chacun est attablé autour, Anne est dans la cuisine. Elle amène le plat.

 

Anne : Et voici l'entrée ! Vite servez-vous avant qu'il ne dégonfle !

Les convives se servent.

 

Patrick : Mmmmmmmh, c’est bon !

Anne (radieuse) : Oh, c'est trois fois rien, tu sais...

Mamie : Alors Anne, quand allez-vous rendre visite à Marie-Claire sur son Ile finalement ?

Anne : Je ne sais pas. Patrick craint la chaleur et il a tant à faire avec sa peinture.

Patrick : Oui, et puis laisser la maison plus d'une semaine me semble difficile.

Martine : Ah bon ? (Pouffant de rire) Elle s’ennuie ?

Patrick : On voit bien que toi tu n'as pas de jardin et le souci de l'entretien.

Martine : Quand même, je ne suis pas une empotée, et puis notre femme de ménage ne vient que trois fois par semaine. Entre nous, si tu voulais, tu en ferais autant...

Patrick : Ah non, moi je n'aime pas qu'un inconnu mette les pieds chez moi, je ne me sentirais pas à l'aise. Et puis c’est jeter l'argent par les fenêtres.

Anne : C’est toi qui le dis. C’est quand même grand chez nous, un peu d'aide parfois serait la bienvenue, non ?!

Patrick : C’est le tribunal ici ?!

Mamie : Non mais Patrick, tu n'as pas répondu à ma question : quand allez-vous visiter votre fille ?

Patrick : Laquelle ? Entre l'Allemagne et Bali, c’est pas la porte à côté non plus !

Marie-Claire : Bali c’est loin, mais c’est beau. Ça vous plairait beaucoup, et le climat est très clément à certaines périodes de l’année.

La grand-mere : Vous n'avez pas envie d'aller voir comment vit votre puce ? Moi j'ai adoré, et suis heureuse de l'avoir fait, car maintenant avec mon arthrose, je ne peux plus marcher...

Marie-Claire : Oui mamie, c’est un très beau souvenir, j'y repense souvent !

Patrick (soupirant, geignard): On voit bien que vous n'avez pas mes responsabilités. Entretenir une grande maison comme celle-là, c’est un travail énorme.

Anne : ça  c’est sûr !

Marie-Claire : Enfin excuse moi papa, mais on a tous une vie avec des contraintes, celles qu’on a bien voulu accepter il me semble.

Patrick : Ah oui, évidemment, tu as de la chance toi, d'habiter loin, aucun tracas domestique !

Marie-Claire : Haha, n'importe quoi, j'ai d'autres contraintes et complications que les tiennes, mais je les assume. Ma vie me convient. Vendez la maison si elle représente trop de travail !

Patrick : Ah oui, c’est malin ça !

Martine : Oh oui, quelle horreur une maison comme la vôtre. Tellement vaste, si loin de tout en plus. Moi je ne pourrais pas. A votre place je...


Patrick (la coupant net) : Tu n'es pas a notre place.

Jacques : C'est sûr que ça doit être épuisant d'entretenir une maison comme celle-là !

Martine : Parce que tu crois que la nôtre c'est du gâteau ? C’est facile pour toi qui rentre à huit heures tous les soirs et te mets les pieds sous la table !

Jacques (bas) : Ohoh, ça barde !

Anne (d'un ton surjoué): Avez-vous terminé ?  Enlevez vos assiettes, je vais amener la suite !

Scène 5 :

 

Anne revient avec les cailles, Justine avec les gambas.

 

Martine : Alors Tomas, Justine m'a dit que vous êtes ingénieur? C'est formidable ça !

Tomas : Ja, che suis encore étudiant.

Martine : Oh ? Vraiment ? Mais quel âge avez vous ?

Tomas : Ach... (Il montre son âge avec ses doigts).

Martine (appliquée à compter) : Tant que ça ? trente... trente-trois ans ? Mais à quel âge travaillez-vous en Allemagne ?

Justine : Il a fait plein de stages, et en Allemagne, c’est pas courant de travailler avant trente ans.

Jacques : Et ben, à mon époque, c'était autre chose. Moi, quand je suis sorti de Centrale, j'avais vingt-trois ans, et j'ai travaillé directement !

Martine : Oui, et ton neveu Jean qui vient de finir son internat, a vingt-cinq ans. Il a toujours eu de l'avance. Il promet d'être un grand chirurgien.

Jacques : Haha, c'est qu'il y a des surdoués dans la famille !

Martine : Oh oui, Elsa, sa sœur, sort des Mines. Tranquillement, elle n'a pas forcé…

Jacques : Et Léon, leur père, a sa propre clinique de chirurgie esthétique. Il gagne des fortunes.

Martine : Oh ça oui ! Richissime !

Marie-Claire (ironique) : Formidable ! ça donne envie de les connaître !

Martine : N'est-ce pas ?!

Tomas : Moi che compose musique. Ja.

Jacques : Hein ? Was ? (riant) Alors, le teuton, on comprend rien à ce que tu dis !

Justine : En fait, il veut dire qu'il a bien fait des études d'ingénieur mais ce qu'il aimerait c'est etre compositeur.

Jacques (s'esclaffant) : Et pour gagner sa vie, il fait quoi ?


Anne : Laissez-le voyons, quelle première impression allons-nous lui laisser ?! Voulez-vous nous chanter quelque chose à la fin du repas Tomas ?

Justine (riant) : Pffff, c'est du punk métal, ça va faire bizarre...

Marie-Claire : Génial, on va s’amuser !

Mamie : Qui est punk ? Ils se droguent, je pense, les punks...

Patrick (bas, réprobateur) : « Ils se droguent ». Elle ne sort jamais de son trou, mais elle sait que les punks se droguent !

Mamie : Tu dis ?

Justine (riant) : Rien mamie, laisse tomber.

Marie-Claire : On pourrait chanter tous ensemble !

Justine : Le punk, c'est pas ce qu'il y a de plus facile à reprendre en cœur !

Marie-Claire : Effectivement, mais je suis sûre qu'il connaît quelques airs plus « familiaux » !

Tomas se lève. Il prend sa guitare et se met à jouer doucement un air de Noël (Douce Nuit). Tous les convives se mettent à fredonner, les sourires éclairent les visages...

SCENE 6 :

 

Anne (amenant le dessert de la cuisine): C'est l’heure de la bûche !

Les convives s'exclament. Soudain, alors que chacun se sert, le carillon de la porte d'entrée raisonne, suivi de coups frappés à la porte.

 

Martine : Mon dieu, qu'est-ce que c'est ?

la grand-mere : À cette heure-là, déranger les gens ! J’espère au moins que c’est pour une situation grave !

Martine : Un accident ! Ou un fou en cavale !

Anne  (s’est levée, inquiète) : Patrick, prends la batte de base-ball qui traîne dans le couloir, on ne sait jamais !

Justine : C’est le père Noël !

MARIE-CLAIRE : Bon, et si on allait ouvrir plutôt que de dire des conneries ?

Patrick se lève et va ouvrir. Il revient accompagné d'un homme.

Marie-CLAIRE : Oh mon Dieu, Arun ! (Elle se lève et se jette dans ses bras). Que fais-tu là ?

Arun (avec un accent anglais prononcé): Joyeux Noël ma princesse ! Tu voulais une surprise comme cadeau de Noël ? Me voilà... (Ils s'embrassent longuement et passionnément. Les convives commencent à tousser de gêne).

MARIE-CLAIRE : (Riant) Je vous présente Arun, mon Raja !

la grand-mère : Mais... il est noir ?

Regards complices et amusés de Justine et Marie-Claire.

Justine : C’est quoi un Raja ?

Marie-Claire : ça veut dire roi en indhi. Tu as remarqué, c’est tout de suite plus classe que Mon lapin ou Minou !

Arun (embrasse chacun et s'assied auprès de Marie-Claire) : Je suis ravi de faire votre connaissance, j'espère ne pas trop disturber votre fête, je pensais arriver plus tôt ! (à Marie-Claire) J'étais à London chez mes parents pour quelques jours et j'ai pris le train cette après-midi, la neige m'a ralenti, mais me voilà !

Marie-Claire : Just on time pour le dessert ! Je n'en reviens pas que tu aies trouvé seul la maison, c'est tellement isolé !

Arun (amusé) : My love, une maison pareille, ça se repère facilement ! D’ailleurs, c’est pas une maison, c’est un château ! J’épouse un bon parti ! (Il l'embrasse à nouveau).

Patrick (narquois) : Du calme mon ami, elle n’a pas encore hérité !

Anne : Bienvenu, quelle joie de vous avoir parmi nous ce soir ! On finissait par douter de votre existence, Arun !

Arun : J'existe. Vous pouvez même me toucher !

Marie-Claire : Et alors, maman, verdict ?!  N'est-il pas beau comme un astre ?

ANNE : Oui, vraiment…

Martine : Oh lala, oui ! Marie-Claire, j’en reste sans voix. (A la grand-mère) Ces métisses, quel charme ! (Se tournant vers lui) Et que faites-vous dans la vie mon cher Arun ?

Arun : Je peins, je voyage, je fais des photos...

Jacques : Non, mais pour gagner votre vie ?

Arun : Je n’aime pas cette expression, pas vous ? Je l’ai déjà gagné ma vie, elle est bien à moi, pas de doute… Vous savez, j’ai vendu quelques toiles à un Emir fortuné. L’argent ne m’a jamais inquiété. Je  n’y pense pas vraiment.

Martine : Formidable ! Vos manières me font penser que vous venez d'une bonne famille. Je vous avoue que quand Marie-Claire nous a appris qu'elle vivait avec un Indien nommé Arun, j'ai eu peur pour elle, peur qu'elle se fasse avoir. D'autant plus que vous êtes assez ….. enfin, vous voyez quoi.... bronzé !!

Marie-Claire : Oui, tu as remarqué aussi, Martine ?! Et nul besoin de la cabine comme toi !

Martine (riant jaune) : Effectivement.

Jacques : ça nous ferait des économies si tu étais bronzée naturellement comme lui. De maquillage, de cabine d'UV, de lifting peut-être même !!

Martine : Oh Jacques, quel goujat tu fais ! Tais-toi donc ! D'abord, je ne me fais pas lifter ! Juste les paupières et le front...

Arun : Vous êtes magnifique, toute blanche que vous êtes.

Martine sourit de façon mutine à Arun.

Marie-Claire : Je suis si heureuse que nous soyons tous réunis, spécialement maintenant qu'Arun est avec nous. Je vous avais dit qu'il était incroyable ! (Bas à Arun) Merci mon amour, c’est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire.

Martine (à Jacques) : C'est sûr que c’est pas toi qui me ferais un surprise pareille !

Jacques : Enfin ma bibiche, j'habite la même maison que toi depuis quinze ans. (Vexé) Si mes parents habitaient à Londres, ça serait différent. Mais voilà, ils habitent la Creuze. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des origines si exotiques !

Patrick : Arun, je te sers un verre ?

Arun : Volontiers. C’est intéressant de mettre enfin un visage sur votre nom. Je sais que c'est cavalier de ma part d'arriver ainsi, mais la surprise l’exigeait !

Patrick : Ecoute, tu es le bienvenu ici. Fais comme chez toi. (Il se ressert lui-même et commence à être un peu ivre). Alors, tu fais de la peinture et de la photo… moi aussi, je vais te montrer cela !

Arun : Pourquoi pas ?!

Anne : Pas maintenant Patrick, on mange la bûche !

Patrick (emphatique, théâtral, insistant sur le RRR) : Elle nous emmerde la bûche ! Elle nous plombe l'estomac ! Pour certains la vie est faite d’amour et d’eau fraîche, pour moi c’est de cigarettes et de peinture !

Justine : Allez, il nous sort son couplet de l'artiste maudit maintenant !

Arun se lève et va chercher son appareil. Il prend Patrick, puis quelques photos de la famille. Chacun prend la pose. Parfois très ridicule.

Arun : Je porte un toast à l'amour (regard à Marie-Claire), et à l'art ! Sans quoi nos vies seraient bien tristes !

Chacun reprend en chœur, verres levés.

Mamie : Et à Jésus, on célèbre sa naissance aujourd'hui !

Tous : A Jésus !

Justine : Punk is not dead !

Tous reprennent du mieux qu'ils peuvent.

LA Grand-MERE : Qu’a-t-elle dit ?

Tomas : Vive les Wurst !

Tous reprennent en portant un toast.

 

Martine : Quoi ?

Tomas : Les Wurst, les saucisses de Noël de chez moi, ça me manque un peu !

Justine : T'as eu du foie gras, c'est meilleur mein Liebe !

Marie-Claire : A la liberté !

Tous reprennent en portant un toast, et ainsi de suite pour chaque célébration.

Martine : Aux cadeaux de Noël !

Anne : A la joie d'être réunis !

Jacques : A cet excellent champagne !

Patrick : A mes filles et à ma femme !

Justine (Bas, regardant son père) : Qu'est-ce qui lui arrive ?! Ce n'est pas habituel cet enthousiasme !

Marie-Claire : Et bien profite, ma chère !

Scène 6 :

Lumière sur partie salon de la pièce. Marie-Claire est assise vers la cheminée. Obscurité sur le repas.  Sa mère la rejoint.

Anne : ça me fait quelque chose de te voir avec ton ami, Arun. Il est tellement beau, je réalise que tu es une femme accomplie maintenant...

Marie-Claire (souriant) : Tiens, je gagne un peu de respect à tes yeux ?

Anne : Que veux-tu dire ?

Marie-Claire : Je ne sais pas... C'est un sentiment difficile à exprimer...

Anne : Et bien essaie.

Marie-Claire : J'ai toujours eu l'impression que j'étais en même temps très proche de toi, et en même temps peu considérée pour ce que j'étais vraiment. Comme si mes désirs et mes besoins passaient toujours après. Il était convenu que je suis la forte, je devais donc encaisser, t'aider, te défendre quand je te sentais faible, avec papa notamment, et paradoxalement, tu m'en voulais pour cela, car cela signifiait que j'étais consciente de ce qui se passait... Parfois c'est plus facile de mépriser ou ignorer celui qui aide, car le reconnaître signifie qu'on a besoin de lui.

Anne : Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Marie-CLAIRE (se levant) : Oublie, ce n'est sans doute pas le moment pour toi d'accueillir ce genre de propos.

Anne (la retenant) : Attends Marie-Claire. On se voit si peu, alors, si on ne discute pas maintenant, quand le fait-on ? Tu parles bien ma fille, tu comprends bien plus de choses que moi. Mais je crois que je saisis ce que tu veux dire. (Un temps) Pourquoi es-tu partie si loin ?

MARIE-CLAIRE : Oh, maman ! Je n'ai fui personne, tu sais. Mais il est vrai que j'éprouvais le besoin de savoir qui j'étais, loin de ma famille, de la place qui m'y est attribuée. Une façon de me réinventer en quelque sorte.

Anne : Tu as bien fait. Si j'avais pu, j'aurais fait pareil. J'ai rencontré ton père si jeune, et lui déteste quitter sa maison... Moi, je croyais que tu avais un peu honte de moi...

MARIE-CLAIRE : Bien sûr que non voyons ! Pourquoi cette idée ?

Anne : Et bien par tes choix de vie, tu es si indépendante, si différente de moi...

MARIE-CLAIRE (pensive) Etrange... cela explique peut-être pourquoi le ton est parfois si dur à mon encontre, comme si ma peau était si épaisse, qu'elle peut tout supporter. Mais elle ne l'est pas...  Alors je limite le temps d'exposition ! (Elle éclate de rire)

Anne (se mettant à rire avec elle) : Oh ! C'est joli ça. Suis-je le soleil ?

MARIE-CLAIRE : Je ne sais pas… En quelque sorte maman. Les parents sont le premier soleil que voit l'enfant, non ?! Il est comme une plante verte qui a besoin d'eau et de lumière pour grandir.

Anne : T'ai-je assez arrosée ma fille ?

MARIE-CLAIRE : Je crois que j’ai parfois manqué d’eau, mais je n’ai pas à me plaindre. Je vous suis reconnaissante à tous les deux d'être mes parents. Je crois qu'on fait tous du mieux que l'on peut dans la vie, et que les regrets sont inutiles.

Anne : Mais Justine ne m'a jamais dit ce genre de choses...

MARIE-CLAIRE : Justine n'est pas moi. Et puis votre rapport à toutes deux m'a toujours semblé si différent de celui que j'entretiens avec toi.

Anne : Oh, je n'ai jamais fait de différences !

MARIE-CLAIRE : Bien sûr que si, et heureusement ! Nous sommes deux êtres différents.

Anne : Evidemment. Mais quelles différences vois-tu ? Je suis curieuse maintenant !

MARIE-CLAIRE : Il y a plus de douceur à son égard. Indéniablement. J'imagine que c'est difficile pour toi d'entendre cela, note bien que ce n'est pas forcément facile pour moi non plus à reconnaître.

Anne : Je t'écoute.

MARIE-CLAIRE : Et bien, depuis que je suis arrivée, combien de petites piques à mon égard ? Dirais-tu à Juju « arrête, tu es ridicule ! » ? Je ne l'ai jamais entendu. Tandis que pour ma part, les « ne sois pas stupide, ou jalouse, etc »... fusent quand je reste quelques jours ici. Je n'ai plus l'habitude, alors je réagis. Et puis je repars, quand je sens qu'il me faut un peu d'ombre.

Anne (elle se sert un verre de Cognac posé sur la table basse, puis contre tout attente, éclate de rire) : Tu m'énerves ! Car je crois que tu as raison ! Mais c'est dit si drôlement, comment pourrais-je t'en vouloir ?

Marie-Claire (surprise, heureuse) : Incroyable. Je crois que cet échange entre nous est un vrai cadeau de Noël.

Anne : Et ce n'est pas fini ! Quand tu vas découvrir le dessus de lit que je t'ai fabriqué en patchwork,  là, tu vas comprendre combien ta maman t'aime ! (Elle serre sa fille dans ses bras).

Marie-Claire (S'essuyant les yeux) : Arrête-ça, c'est facile de me faire pleurer ! (Souriant)  J'ai hâte d'ouvrir mon paquet ! Et puis, pendant qu'on y est, je te commanderais bien quelques vêtements.

Anne : Volontiers, quoi donc ?

MARIE-CLAIRE : Et bien.... en toute petite taille...

Anne : Petite ? (Elle montre une taille avec ses bras en rétrécissant de plus en plus).

MARIE-CLAIRE : Oui ! Voila, cinquante centimètres, c'est parfait !

Anne : Oh ma chérie, es-tu en train de me dire que... ?!

Marie-Claire : Oui ! On attend un bébé, ça fait deux mois qu'on le sait maintenant avec Arun.

Anne (l'embrassant) : Ma chérie, je suis si heureuse pour toi !

MARIE-CLAIRE : Merci maman, moi aussi, je suis remplie de joie par cette grossesse. Et là, vous n'aurez plus d'excuse pour ne pas venir me voir !

Anne : Oui. Je me sens un peu mauvaise mère de ne jamais être allée te rendre visite dans ton île. Je pourrais venir avant ton accouchement, tu auras sans doute besoin d'aide pour préparer les affaires du bébé.

Marie-Claire : Oui, avec grand plaisir ! Et puis on pourrait faire plein de choses ensemble, on a pas mal de trucs à rattraper !

Anne (se levant) : Bon, je vais faire installer les convives ici, autour de la cheminée, pour les cadeaux. Me permets-tu d'annoncer la nouvelle, ou de te la laisser annoncer ?

Marie-Claire : D’accord, tu sais ménager les effets de surprise, alors je t’en prie !

Anne revient suivi des convives qui s’installent autour de la cheminée.

Anne : Tout le monde, un peu de silence, j’ai une grande nouvelle pour vous ! Je vais être grand-mère ! Marie-Claire et Arun attendent un bébé !

Exclamations de tout le monde. Commentaires de toutes sortes, embrassades.

 

Patrick : Alors ça ma grande, ça se fête ! (Il la serre dans ses bras et ouvre une bouteille). Vos verres !

Scène 7 :

Justine : Et maintenant, un cantique !

Tomas joue de la guitare sur la bande son qu'il met dans la chaîne Hi-fi, du rock punk allemand.

La Grand-MERE (se bouchant les oreilles) : Je préférais les cantiques de mon époque, plus mélodieux !

Martine : Mon dieu, arrêtez-le, il va nous rendre sourds !

Justine : Chéri débranche, tu emmerdes tout le monde !

Tomas arrête de jouer, l'air interdit.

Justine : Bon, et les cadeaux dans tout ça ?

Marie-claire : Chouette, la minute de poésie consumériste !

Martine (ramenant des sacs) : Je commence ! Les filles, voici des vrais sacs de dames et des carrés de soie qui vont vous métamorphoser.

Marie-Claire (légèrement cynique): Fallait pas. A Bali, je vais faire sensation dans les rizières, merci ma tatie !

Justine : Alors moi, j'ai tricoté des écharpes pour tout le monde. Bleu et rose pour papa, verte pour Jacques, rouge pour maman, violette pour mamie, blanche pour Marie-claire... oui, bon, il y a bien un hiver à Bali, non ?! Martine, sur la tienne j'ai brodé Christian Dior, regarde....

Martine : Oh oui, j'adore ! Mais je pense qu'il n'y a pas de « e » à la fin de Dior chérie...

Justine : Ben comme ça, tu ne risques pas de te faire arrêter à la douane pour contrefaçon !

Anne : Voici pour toi, Martine, tu peux le changer, comme tu as déjà tout, ce n'est pas évident. Voici pour vous les filles (elle leur tend une enveloppe).

Marie-Claire (lisant) : Bon pour des cours de cuisine... avec chef Anne ?! (Riant) Quelle excellente idée maman ! Un cadeau léger, exportable partout avec soi ! Et qui fait plaisir à tout le monde, n’est-ce pas Arun ?! (Un temps) J'hésite à vous donner mon cadeau...

Tous : Allez !

Marie-claire (leur tendant un feuillet chacun) : Je vous ai écrit un texte, relatant un souvenir que j'ai avec chacun d'entre vous.

Jacques : Oh, sous forme de poème, quelle délicate attention ! J'en serais ma foi bien incapable !

Martine (éclatant de rire) : Oui, c’est sûr, ça serait du grand art avec toi ! Travailler plus pour gagner plus, dans le luxe, le calme et la volupté.

Arlette (s'essuyant les yeux) : Merci ma puce, je l'accrocherais sur le frigo.

Justine embrasse sa sœur.

Anne : Mon dieu ma fille, tu ne fais rien comme tout le monde, toi ! (Elle rit. Un temps. Elle essuie une larme, elle lit) :

« Ma mère.

Toi qui me protège et me rassure

Depuis toujours

Quand j'ai peur la nuit

Quand je me sens perdue.

Triste. Nostalgique. J'ai peur.

Peur que tu partes. Loin. Pour toujours.

Me laissant seule, ne sachant plus pourquoi je suis.

Une mère.

Elle me défend. Me soutient. Me rassure.

Contre tout.

Quand j'ai mal, elle me soigne.

Alors je guéris. Je grandis. Je deviens qui je suis.

Merci maman. »

Justine : C'est pas un peu cucul ton truc ?

Marie-claire : Non. Ça avait besoin d'être dit. Sois pas jalouse, lis le tien.

Justine : Oui, mais juste pour moi.

Marie-claire : Oui, lisez le pour vous, c'est gênant devant tout le monde. Je m'expose plus que de raison ce soir !

Patrick (se lève avec son verre) : Noël sur la terre

Les humains se retrouvent et se serrent !

A vous maintenant !

Marie-claire : Noël sur la terre

Les humains se retrouvent et se serrent

Les uns contre les autres

Pour fêter la naissance de la vie

Justine : Instinct grégaire

complètement pourri

Tomas : Il n'y a même pas de bière oui

Anne : Et pourtant l'amour est là

On ne l'attendait pas

Jacques : C'est le père Noël que l'on attendait

Avec ses jouets par milliers

Martine : Ses bijoux, ses parfums, ses étoffes chamarrées

la grand-mere : Hein ?

Marie-claire : Sa bûche, ses marrons, son sapin

Mais encore plus il a amené

Anne : Des sacs à mains ?

Patrick : Du bon vin ?

la grand-mère : L'amour divin ?

Retrouvailles d'une jeune femme avec sa famille lors d'un réveillon de Noël, elle qui habite à Bali depuis des années et réalise qui elle est face à ses parents, soeur, tante...

Tragi-comique.

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