Un rêve américain

rechab

sérieuse "digression" sur "balade" de SD . Peinture: Jasper Johns


Tu te demandes ce que je pense ,

quand je m'échappe ,

un crayon à la main,

de ma page blanche ,

pour me laisser emporter

par tes mots ,


Ceux-ci sont aussi une valse lente,

une mer indolente,

aux reflets d'opale.

Son ressac parvient jusqu'à moi ,

quand tu provoques des souvenirs

par anticipation,

comme si l'avenir avait déjà été vécu .


Ce n'est pas une valse qu'on passe à la radio,

mais une ritournelle,

avec quelques notes de banjo,

une publicité qui invite à boire

une de ces bières ,

et le néon qui clignote au-dessus du comptoir

vantant une Budweiser...


C'est quelque part dans un bar,

je crois que c'est au Texas .

Les buveurs sont vêtus de cuir,

et ont des chapeaux à large bord .

Ils me regardent de côté,

et me font sentir

que je ne suis pas un des leurs .


Leurs yeux ont comme le reflet,

de l'asphalte qui se déroule ,

sous leurs Harley-Davidson :

visiblement ils n'aiment pas que des étrangers

viennent les déranger.

( je note tout ça dans un carnet,

de peur d'oublier

en cours de route,     mes idées ) .


Mon stylo s'active

et vaut mieux que la rose,

fanant au fond d'un encrier ,

le rouge à lèvres fluo

sur le portrait de Marilyn ,

et la musique qui coule,

comme un sirop bien poisseux ,

laissant des traces

jusque dans le quartier de lune.


C'est une façon de te répondre ,

quelque part,   aux Etats-Unis ,

et te renvoyer les chimères

dont tu me parlais  .

Cette route 66 qui doit mener quelque part,

mais toujours t'éloignait de ton rêve ,

le soleil n'ayant plus l'éclat du désir,

tu l'as parcourue au hasard ,


Alors le rêve américain,

dans son immensité,

t'a paru bien mesquin ,

sans identité bien affirmée,

- tu ne sais pas comment les grands écrivains

ont fait pour se l'approprier .

Tes pensées ne sont pas imprimées

sur le papier .


Elles ont fini par dériver

à la façon dont les nuages passent

sans jamais s'accrocher,

 -      de guerre lasse.

Peu à peu tu t'en es délivrée :

C'était un rêve par contumace

où l'amour devait avoir sa place

jusqu'à ce que tu jettes l'encrier...


-

RC  - oct  2018

  • J'oubliais les subtiles images : Harley, Texas, Budweiser…

    · Il y a plus de 5 ans ·
    4dcabad08ab91f7693bc1bd46e0f14f4 1

    Beatrix Meule

    • pour l'écriture ( coulante comme la Budweiser)... j'aime que ça soit fluide ( et dans le cas de la "digression", essayer de correspondre au rythme qu'a donné Su à son texte d'origine... )

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

  • Une bien belle écriture, fluide, coulante et moulante. Le rêve américain un peu à la 'Midnight cowboy." Une duplicité qui n'a d'égale que cette réponse de Suzanne Dereve à cette poursuite sur route 66, l'impasse, là où sous une asphalte trompeuse git ce gravier, la non-réponse aux rêves les plus fous. J'adore.

    · Il y a plus de 5 ans ·
    4dcabad08ab91f7693bc1bd46e0f14f4 1

    Beatrix Meule

    • merci bien choupet' vos commentaires sont toujours pertinents, ..oui, en faisant ma "digression" sur le texte de Susanne, je pensais bien sûr aussi aux road movies, aux "moissons du ciel", à Paris-Texas, la nostalgie des grands espaces et quand même cette ambiance si particulière . Midnight Cowboy aussi, en fait du décalage entre ce qu'on espère y vivre, y trouver, et la réalité souvent sèche et "industrialisée"...
      je suis allé une fois aux US, et je m'étais spécialisé dans les photos de motels, qui résument un peu tout ça...

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

    • Macadam Cowboy, plus exactement..

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

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