UN SACRE GLANDEUR
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Je m appelle Marc Antoine, Marc Antoine Carpentier comme le musicien baroque, mais rien à voir avec ce type. J' habite une petite banlieue sympa de l 'est Parisien. Je ne fais rien de mes journées parce que je suis né comme ça. Très tôt je me suis ennuyé, ennuyé à l'école, ennuyé dans mon travail, ennuyé au lit même auprès de la plus dévouée des femmes que je connu. Je suis un éternel glandeur. Lorsque je me lève le matin, enfin plutôt vers midi, je reste allongé par terre à regarder le plafond, j'ai fais installé la moquette à cette intention, la plus épaisse possible comme il convient aux grands ours. Ensuite lorsque ça commence à « glouglouter « dans mon estomac je vais jusqu'à la cuisine, j'ouvre le frigo et m'ingurgite un bon demi litre de jus d'orange suivi de la même quantité de lait que j'ai pris soin de chauffer avant. Quelques biscottes largement beurrées et deux grandes cuillerées de confiture de fraise que je déguste à même la cuiller complète mon petit dej'. Tout ça me donne une irrépressible envie de me recoucher et cela tombe bien parce que je suis en vacance pour un mois. Un putain de mois d'août. C'est le mois que je vomis par excellence, il n'y a rien à faire nulle part sur la terre. Cela devrait me convenir en toute logique puisque je me revendique moi même comme un « big lebowsky « puissance dix et que je n'apprécie rien tant que glander. Pour ceux qui n'ont pas vu ce film je vous encourage à le faire pour avoir un idée plus précise de la personnalité de votre narrateur. A part ça, non ! non je n'aime pas le mois d'août parce que ce que j'aime c'est voire les autres travailler et si possible en baver alors qu'il fait quarante degré un peu partout en France. Ah ils veulent du beau temps ces idiots, et bien ils vont être servis car au train où va le dérèglement climatique, à Paris comme à Nice, à Tarbes comme à Bordeaux d'ici quelques années il fera cinquante degré à l'ombre de début juin à fin septembre ! Et je suis certain qu'il y aura encore des abrutis pour trouver ça sympa alors que le présentateur de la télé n'osera pas leur dire que la situation est définitivement catastrophique et que cela va mal finir ! Quelle bande de pignoufs ! Franchement moi je préfère de loin la fraîcheur, le roulis d'une rivière ombragée et quelques jeunes femmes dévêtues qui y plongeraient innocemment. Ça c'est une putain de vision du paradis à la Marc Antoine. Il y aurait des brunes, des rousses, des blondes toutes jeunes et jolies qui exposeraient leur beaux culs et le reste aux rayons très modérés du soleil pendant que moi, allongé dans l'herbe je sacrifierais ma sieste pour les voir se couler dans le lit de la rivière. Oui bon ne rêve pas pépère ce n'est pas demain la veille ! aujourd'hui il existe bien ce genre de donzelles mais elles sont toutes sur la côte d'azur dans une eau dégueulasse nappée de résidu de crème solaire et de transpiration sous un cagnard abominable et elles se pavanent pour des paparazzis en manque d'onanisme. Rien de bien saint à mes yeux. Mais ou en étais je? oui je suis en vacance tout le mois d'août. En principe je ne prends que deux semaines, rarement trois mais cette année j'ai décidé de changer mes habitudes. Putain c'est long quand j'y pense un mois à glander même lorsqu'on a l'habitude c'est pas une mince affaire il s'agit d'organiser son glandage pour ne pas se sentir coupable de quelque chose. Éviter de sombrer dans la culpabilisation, c'est ce qu'il y a de plus courant en la matière. J'en discutais l'autre jour avec André mon vieux pote qui travaille à la Poste comme moi...Ah ça y est ! je vous imagine en train de peaufiner votre image parfaite du postier assis sur un tas de courrier à fumer un clope alors que vous attendez fébrilement votre dernière facture ou l'avis de votre banque qui vous plongera à coup sur dans la déprime. Si vous voulez mon avis, mettez ce genre de lettre à la poubelle sans l'ouvrir. Oui j'en discutais avec André parce que lui, il ne parvient pas à se déculpabiliser de traîner au lit, de passer sa journée à déambuler mains dans les poches sans but alors que partout sur la terre et autour de lui des gens s'escriment pour un salaire de misère et même pendant leurs vacances. Je luis dis de laisser tomber ces mauvais exemples qui à mon sens ne peuvent que l'amener sur un chemin truffé de pièges mais il ne m'écoute pas toujours et une fois alors que j'allais lui rendre visite par 35 degrés à l'ombre je le surprends en train de tondre la pelouse qui orne son pavillon de banlieue. Il avait bien mis un bob sur la tête mais il en était pas moins rouge comme une écrevisse. « Oh André tu vas attraper une insolation ! » Bon j'ai réussi à lui faire couper le moteur et on est rentré se mettre au frais autour d'un café glacé. Pas d'alcool, jamais ça ne désaltère que très rarement. Et voila qu'il commence à me confier qu'il s'ennuie depuis que sa femme lui a lâcher la grappe, elle est partit , avec un autre type depuis six mois et maintenant qu'elle n'est plus là pour le faire chier il trouve le temps long ! C'est le monde à l'envers . Je lui dis : « Fais comme moi vieux, prends ce qui passe, goinfre toi, baise à couilles rabattues, dors et chie tranquillement sans t'empêcher de péter. C'est ça la liberté...vieux ». Il à levé un œil vers moi et s'est contenté d'un ouais dubitatif. Puis d'un : « ça ne le fais pas tout de même ». Je voyais bien qu'il n'était pas dans son assiette alors je l'ai tiré de là et je l'ai invité chez moi dans mon modeste appartement de glandeur. « Tu pourrais ranger un peu il y a des revues pornos par terre et des canettes de soda qui coulent sur ta moquette et ça pue le chien dans ta piaule « ! Je lui ai répondu que le rangement sonnait à mes yeux comme le début d'une forme d'esclavage et qu'il était hors de question que je m'y astreigne sous quelques formes que se soit ; je me suis jeté dans le canapé et André s'est assis dans mon rocking-chair. On a parlé de tout et de rien surtout des glandeurs qui officiaient légitimement au gouvernement et qui eux ne se posaient plus de questions depuis longtemps, se contentant de profiter de leur brève passage dans la lumière pour prendre tout ce que leur fonction leur permettait de prendre. « Ils ont raison je te le dis, à leur place je ferais la même chose.Je ferais travailler les autres pour moi, je m'entourerais de conseillers et de secrétaires dévoués qui feraient mes discours et seraient chargés de régler les problèmes de telle sorte que je n'ai plus que les allocutions télévisées à faire. Ça c'est de la rigolade, et quand on pense qu'ils sont payés avec nos impôts pour raconter toutes leurs fadaises, leurs promesses à deux sous « ! « Tu me les brises » réponds André sans ménagement, « tu n'es qu'un vieil anarchiste qui pue »
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Vieil anar moi ? Oui sans doute j'étais en colère envers un tas de choses et un tas de gens et j'étais devenu au fil des ans un parasite. Je vivais en parfait égoïste ce qui me permettait de dire du mal sur tout le monde sans m'impliquer dans quoi que ce soit. C'est vrai il m'arrivait de faire ce lourd constat de temps en temps car bien que glandeur de première catégorie je n'oubliais pas de réfléchir sur la marche du monde aidé en cela par le flot ininterrompu d'informations que déversait ma télé du matin au soir. J'en avais rien à faire du malheur des autres, parce que le miens me suffisait amplement mais je me demandais bien pourquoi tout un tas de types s'évertuait sans relâche à nous pourrir l'existence avec l'argent, le chômage, les dettes et je ne sais quoi encore. Je me disais que j'étais définitivement en dehors de ce marasme, louant la poste de pouvoir encore me payer jusqu'à ma retraite alors que c'est entendu, je faisais le minimum syndical au guichet. Je nourrissais envers mon employeur un tas de ressentiments et en tout cas une forme de désinvolture qui ne passait pas inaperçue aux yeux de mes collègues et de certains clients. Parmi eux je repérais les jaloux, les hypocrites, les torches culs de tout bords qui me haïssaient en cachette et cela me faisait bien rire au fond de moi je vous le jure, enfin je riais tout en les plaignant parce que quand même en vouloir à un pauvre type comme moi dont ils ignoraient tout ou presque sous prétexte qu'il à un travail peinard à vie et qu'on ne lui demande pratiquement jamais de comptes... Beaucoup de ceux la n'aurait pas voulu de ma paie ça c'est certain. Comme Charles Bukowsky qui travailla lui aussi quelques temps à l'u.s Postal pendant qu'il faisait ses premières expériences d'écrivain , j'écrivais quelques bafouilles, des textes divers et variés quand j'avais terminé ma sieste et que j'avais le courage de me lever puis de m'asseoir pour écrire devant l'ordinateur. Bien avant de m'y mettre, pour me donner du courage je ne m'enfilais pas des litrons de rouge comme aurait pu le faire mon prédécesseur si il avait vécu en France mais je matais les pépés sur des sites pornos pendant une petite demi heure jusqu'à ce que je finisse par trouver cet étalage d'obscénités...chiant comme la mort. Comme nombre de mâles arrivant à la cinquantaine j'avais ce besoin morbide de contempler la chair humaine, faisant l'impasse sur tout autre contexte. Pour autant je ne nourrissais pas envers la gente féminine quoi que ce soit de malsain ; Oh ! Il fallait oser ! J'ose ! Et bien non ! J'aime les femmes, je veux dire tout ce qui fait d'elles des êtres supérieurs aux hommes à mon sens, car ne donnent elles pas la vie, en se fendant en deux ! Quelle beauté que cela alors que nous, en bons mâles ne savons rien faire d'autre que forniquer comme des écervelés. Donc je matais quelques unes de ces pépés dénudées ce qui ne m'excitais plus depuis des lustres, c'était devenu un rituel désincarné de la puissance érotique du corps féminin et j'étais même assez fier d'être parvenu à ce stade de détachement vis a vis du sexe. La dernière femme avec qui j'avais fais un bout de chemin ne se plaignit jamais de moi, je lui avais avoué sans problème mon addiction à ses petits rituels sans qu'elle ne trouve quelque chose à dire et notre relation amoureuse fut tout à fait épanouie et vraiment enrichissante. Comme quoi tout ce que l'on peu entendre à droite à gauche sur la pornographie n'est pas toujours vérifié. Elle s'adresse à un public averti capable de faire la part des choses et sachant instaurer suffisamment de distance entre « l'art » si art il peut se concevoir en la matière et la nécessité du sexe. Fin du chapitre. Un vieil anar sûrement ! Cela fais une dizaine de jours que je suis couché sur mon matelas, j'ai choisi un modèle très ferme pour ne pas avoir mal au dos et c'est un vrai bonheur, j'ai l'impression que mon corps se détend totalement et que je suis au paradis, c'est un sentiment agréable de prendre son temps en chaque chose, de ne faire que ce que l'on a vraiment envie sans se poser de questions inutiles. J'allume la télé de bon matin, et je m'allonge avec à côté de moi un paquet de bombons et ma pipe, parce que je fume un peu vous voyez, mais que du tabac c'est entendu, pas besoin du pétard pour trouver la vie cool, pour moi c'est inutile je suis drogué de naissance. Quant il me vient une idée je saisis le calepin qui ne me quitte jamais et je la note, en gros caractères. Par exemple : écrire sur un bébé qui pleure dans sa poussette et sur sa mère qui n'en rien à faire. Je continuerais plus tard à développer cette idée pour ne faire une nouvelle ou un début de roman. J'en ai déjà une bonne quantité qui traîne dans des valises à la cave sans que je ne sache vraiment quoi en faire, le monde de l'édition étant ce qu'il est c'est à dire bien incapable de se pencher sur autre chose qu'un futur prix littéraire. Et vous savez quoi ? je m'en … oui vous avez deviné ! D ailleurs c'est bien cela qui scella notre séparation avec ma dernière petite amie avec qui par ailleurs je le répète nous avions une relation extraordinaire. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne cherchais pas à me faire connaître, elle essayait de me convaincre que j'avais un talent monstrueux, c' étaient là ces mots, et qu'il n'était pas possible que personne ne puisse éditer et diffuser mes œuvres. J'avais beau lui répéter que je ne valais pas grand chose et que mon écriture était somme toute assez banale elle n'entendait rien. Je pense que j'étais à ses yeux une sorte d'original mais totalement inconséquent. Elle n' était pas loin du compte. Un jour nous nous sommes disputés je l'ai traité de rêveuse, oui j'ai fais ça alors que c'est moi qui de toutes évidences était dans le fog le plus complet, elle s'est vexée parce que c'était une femme qui se vexait assez facilement et elle est partit sans hurler, sans casser de vaisselle, sans m'insulter non elle est partit avec tact et pudeur car c'était aussi une femme bien élevée et je ne l'ai plus jamais revu. Croyez vous que j'ai fais le moindre pas pour la retrouver en dépit de tout l'amour que j'avais pour elle ? E bien non ! bien sur j'ai jeté un nombre incalculable de nouvelles et de poésies que j'avais écrite sous son emprise et j'ai broyé du noir quelques mois avant de m'en remettre à la providence. Très vite son corps cessa de me manquer, ses caresses aussi son regard fut vite oublié... je me maudissais d'installer cette distance aussi facilement entre elle et moi mais je ne pouvais rien contrôler à ce sujet. Ma vie s'écoule lentement au moins j'ai personne pour me dire ce que j'ai à faire et pour me donner des conseils bidons comme de penser à remplir mon frigo ou bien à aller chez le coiffeur. Je téléphone à André qui doit se faire chier j'en suis certain parce que lui n'a pas cette faculté de se détacher rapidement des gens et des choses. Ça sonne mais çà ne répond pas, il est peut être sortit de chez lui, je sais qu'il ne travaille pas aujourd'hui donc il n'est pas à son bureau. Je décide de prendre l'air, j'allume ma pipe, chausse mes pompes de randos et enfile mon blouson de travailleur du dimanche, un vieux truc en jean rapiécé mais dont je ne peux pas me séparer, il me colle à la peau c'est comme ça. En passant devant le bureau, situé au coin de rue Général Aristide je jette un œil. Il y a foule ce matin enfin merde c'est vrai qu'il est déjà quinze heure, sûrement des gens qui viennent toucher leurs pauvre argent, allocations en tout genre ! Une queue du tonnerre de dieu se dandine comme un long serpent de macchabées prêt à bouffer du postier. Je passe mon chemin en baissant la tête si dès fois un d'eux venait a me reconnaître. Me voilà devant l'immeuble d'André. Je sonne je ne sais pas pourquoi d ailleurs, nous n'avions pas prévu de nous rencontrer aujourd'hui et je n 'ai rien de spécial à lui dire mais j'insiste sans résultat. La concierge sort et m'interpelle. « Ah monsieur vous êtes l'ami d'André n'est ce pas ! Je crois qu'il va avoir besoin de vous il est à l'hôpital ». J'arrive à l'hosto en soufflant comme une bête à cause des quatre étages que je viens de me taper , ascenseur en panne, service public inexistant, budget déficitaire. Lorsque je trouve sa chambre non sans mal après avoir demandé à une superbe infirmière que je rêvais aussitôt de déculotter pour lui mettre une fessée, j'arrivais trop tard, il venait de rendre l'âme et le bip continu retentissait dans la chambre. L'infirmière arriva en courant et faillit se prendre le chambranle de la porte. Mais mon pote était déjà partit, malgré une ultime tentative de réa il resta la bouche ouverte e les yeux hagards, comme étonné par sa propre mort ou par ce qu'il venait de découvrir. Arrêt cardiaque, rien à faire son cœur venait de lâcher. Y'a des jours comme ça où tout bascule. L'infirmière qui s'appelait Dorothie se pencha sur lui pour le débrancher, elle n'avait pas de culotte, si !elle n'avait pas de culotte ! Je pouvais voire parfaitement ses fesses rebondies sous sa blouse blanche et je m'en voulais de fixer mon attention sur le tissu qui lissait parfaitement ses globes tandis que Dédé devait déjà arpenter les couloirs de l'autre monde. La vie et la mort luttait une ultime fois dans un combat inégal et c'est vrai je n'ai pu m'interdire de penser qu'elle avait fait exprès de venir travailler sans culotte. Peut être que c'était elle qui avait précipité la fin de ce pauvre Dédé. Elle lui avait peut être montré ses nichons alors qu'il tentait de se raccrocher à sa foutue existence, le choc trop brutal le précipita dans le néant .Va savoir ! Je n'ose pas lui demander et cela la mettrait mal à l'aise alors je suis sortis après avoir rempli les papiers et prévenu sa fille qui vivait à Menphis.
Plus de Dédé quatre jours plus tard j'assistais à son enterrement en compagnie de quelques personnes de sa famille et des collègues de la poste venus saluer le brave type qu'il était. Petite cérémonie modeste comme il l'était, un air de guitare country à l'église, il ne pleuvait pas dehors, un beau soleil le salua une dernière fois.
C'est con la vie je te jure.
Je suis rentrée chez moi j'ai déplié le canapé et je me suis endormi, emmitouflé dans une couverture polaire. Oublier, oublier cette saloperie de semaine. Je n'ai plus rien fait inintéressant pendant des jours et des nuits. Je tournais en rond dans ma tristesse et je m'y trouvais pas trop mal, allez comprendre. Finalement je ne savais faire qu'une chose, vivre sans me casser la tête, sans regretter, sans espérer, sans envier, sans prévoir, sans planifier, sans penser forcément à ce que serait demain, ma retraite, ma vieillesse puis ma fin.
AMISDESMOTS
la vie est comme un serpent de mer. l'affronter où lui tourner le dos quel que soit notre choix c'est toujours lui qui gagne... du moins en apparence !
· Il y a plus de 9 ans ·Sylvie Palados
merci pour ce commentaire. Mais que gagne au juste le serpent de mer...
· Il y a plus de 9 ans ·amisdesmots
le droit d'exister !
· Il y a plus de 9 ans ·Sylvie Palados
et même celui de disparaitre.
· Il y a plus de 9 ans ·amisdesmots