Un sein peut en cacher un autre (Once upon a time in L.A - part.4)

wic

Polar "Honni soit qui mal y flingue" désormais disponible. Achat papier/numérique à partir de la page suivante : http://wictorien-allende.over-blog.com/2023/01/publications.html

Traverser L.A, même en pleine nuit peut occuper son privé bien comme il faut.

Quand j'ai stoppé délicatement le tas de ferraille de Mike devant la maison, j'ai cru défaillir. Il était 3 heures de mat et pour une fois, non seulement ce gros soulard était déjà rentré mais la baraque luisait par toutes ses écoutilles. Je ne connaissais pas très bien les habitudes de mon frangin – ah oui, j'ai oublié de vous affranchir à propos de Mike : nous sommes ce que l'on appelle vulgairement des demi-frères. Mais ma saine horreur des maths me fait oublier la virgule et dire frères, beaucoup plus simple comme ça, d'ailleurs. Si on partage la même mère, nos géniteurs sont donc différents ; fort différents même. Différents mais morts et pensionnaires du même cimetière par la volonté pragmatique de Mum, précision utile mais non nécessaire à ce stade de l'histoire je vous l'accorde. Bref, il était tard et en bon américain inconscient de son impact énergétique sur la planète, Mike inondait le quartier de lumières sans le moindre scrupule .

J'ignorais si son retour à la maison était récent mais ce dont j'étais sûr, c'est que la note de la L.A Department of Water and Power allait être salée. Mais ce n'était qu'un des futurs problèmes de Mike, pas le mien. Pour le moment en tout cas.

Ouverture discrète des portes et j'ai progressé à travers les pièces surchauffées par les ampoules, direction cette musique merdique ET afro-cubaine qui braillait dans une des pièces au fond du couloir.

Putain ce que c'était saoulant cette Nueva Trova à la sauce mexicaine !

Entre les répétitions chromatiques sur des guitares sèches trop belles et surement bien trop chères pour ce genre de musique, je captais quelques gloussements débiles.

Mike avait dû réussir à lever une poule ce soir. A moins qu'il ne s'agisse d'unepoulette, puisque Mum m'avait avoué qu'il était parfois suffisamment bourré qu'il en oubliait son séjour à Lancaster et ramenait des mineurs ici. Remarquez, pas de panique toutefois, et oubliez au passage vos prières pour la virginité des donzelles autant que la pérennité de la conditionnelle de Mike parce que lorsque cela arrivait, il était généralement tellement défoncé que c'est la jeunette qui devait conduire et ma mère donner le coup de main pour extraire le gros de sa caisse.

Je suis donc arrivé devant la porte pour m'apercevoir qu'il s'agissait de celle de MA piaule. Bon d'accord j'étais seulement de passage dans cette baraque mais ce gros lard, tout frangin qu'il était, avait tendance à dépasser les bornes. Beaucoup plus souvent que nécessaire même. J'ai serré les poings avant de pousser la porte.

Dans la chambre, la scène était classique. Je m'y attendais alors c'est la réaction de Mike qui m'a rendu furieux, pas la vision de son cul qui semblait sautiller entre deux guiboles aussi fines que remuantes elles aussi.

Il s'est redressé sur un coude, un mince filet de bave sur le menton :

— Ah, Scoti ! Tu tombes bien. J'ai besoin de toi !

— De moi ! Dis, tu te foutrais pas de ma gueule des fois ? C'est peut-être ma chambre mais j'ai l'impression que tu te débrouilles très bien tout seul...

— Han han...

Quel con ! N'était-ce notre lien de parenté, pas forcément évident je vous l'accorde et plus encore, sa carrure de catcheur, je lui en aurais bien collé une.

— Ma soirée a été longue Mike. Longue et fatigante, Alors j'aimerai pouvoir reposer mes neurones, ici et maintenant. Ça te parait envisageable ?

Il n'a rien répondu. La gonzesse qu'il écrasait depuis mon irruption dans la chambre a commencé à lui flanquer de grands coups de poing, manquant visiblement d'air sous la surcharge pondérale XXL du frérot.

Bah, j'ai songé, s'il est possible de sous-traiter ses pulsions fratricides, pourquoi ne pas laisser faire...

Et de regarder la gonzesse continuer à lui imprimer des marques rosées sur les côtes sans que je n'intervienne.

Plus jeune, Mike avait hanté les rings pendant de longues années, il avait même fait le spectacle avec James Reiher avant que celui-ci ne devienne le fameux Jimmy Snuka, autant dire que les coups de mademoiselle, il ne les sentait même pas.

J'imagine que c'est en voyant ma tronche blanche de nordiste qui comptait tout haut les crochets ratés de mademoiselle que Mike a réalisé qu'il était entrain d'étouffer sa dulcinée du soir. Son regard alcoolisé m'a abandonné et il a roulé sur le côté pour libérer la demoiselle.

Du coup, notre conversation s'en est vue fortement écourtée.

La fille, qui avait décidé de ne plus répondre à aucun des sobriquets lovely-blue de Mike, s'est relevée comme elle le pouvait. Quand son regard à croisé le mien, il oscillait entre le reproche de ne pas être intervenu et le soulagement d'être encore capable de me cracher dessus. Ce qu'elle a tenté, maladroitement mais tenté tout de même de faire.

Avez-vous déjà vu une jolie fille, brunette latino naturelle, plus nue encore qu'Eve sur le point de croquer la pomme et qui, venant d'échapper de justesse à une mort par asphyxie, tente de vous envoyer un cramiau dans la figure ? Non ? Et ben, seulement vous dire que l'image d'une telle femme ne vaut pas mieux que celle de Mike parti dégueuler dans les toilettes.

Une fin soirée parfaite, vraiment très classe... j'ai songé au passage.

La fille m'a regardé. Enfin, elle a regardé sa salive qui plongeait parterre depuis mon épaule.

J'ai eu envie de crâner et lui sortir un « raté ! » mais quand j'ai ouvert la bouche, c'est un simple bâillement qui s'est pointé.

C'était définitif, fallait que je me pieute.

Et je n'oubliais pas non plus mon rancard de l'après-midi sur la 34ème où quelque chose me disait que j'avais tout intérêt à me pointer là-bas en pleine forme. Alors surtout, ne pas mégoter sur la position allongée, tel était le programme qui s'imposait.

La fille m'a abandonné d'un haussement d'épaules pour se barrer vers la cuisine, Mike sur les talons. Un Mike qui s'excusait dans une langue qu'il croyait sincèrement être de l'espagnol. Mais quand Téquila et fatigue se conjuguent dans une seule et même personne comme mon frère, tout ce qui se baragouine dans une autre langue que l'anglais ne devient qu'un dialecte nouveau et incompréhensible. Et plus les secondes passaient, plus la fille invectivait Mike en retour.

Bonne chance frangin, j'ai murmuré sans m'en rendre compte.

Ensuite, jet de pompes à droite, jet de fringues à gauche et c'est nu comme un ver, tous poils dehors que je me suis écroulé à l'endroit même où mon frérot alcoolique s'envoyait en l'air avec sa latino à peine une minute avant. J'ai respiré calmement et fermé les yeux.

Une seconde. Deux secondes peut-être et une petite voix, nouvelle celle-là, a couiné sur ma droite, direct de dessous les draps :

— ¿ Mi hermana está bien? ¿ Y tu, te es Scoti ? ¿ Se fue el coño ? Porque me gustará que se ocupe de mí ahora...

Putain, Mike... j'ai soufflé intérieurement.

Mais je n'ai pas eu le temps de haïr beaucoup plus mon frère, une petite main m'a empoigné et des seins très doux se sont collés à moi. J'étais peut-être crevé mais il était déjà trop tard pour décliner l'invitation, l'excuse de ma fatigue n'aurait aucunement convaincu la sœurette de Miss Glaviot tant je tendais désormais à... Comment dire ? Ah oui, voilà c'est ça : tant je tendais à l'élongation verticale au niveau de mon centre de gravité.

Ma dernière pensée avant que j'attaque les choses sérieuses a été celle-là : Mine de rien, tout mon frangin, ça ! Etrangement imbuvable mais toujours à réinventer les dictons, genre celui du jour « Un sein peut en cacher un autre ».

  • hi hi hi

    · Il y a environ 10 ans ·
    Tyt

    reverrance

    • il est effectivement coton ce chapitre (ce n'est pas forcément le cas pour tous les autres, mais les péripéties de Scoti à L.A sont nombreuses et la plupart du temps pas très avouable... c'est d'ailleurs là tout l’intérêt de cette série ;-)
      merci pour ton détour par ici Révé...

      · Il y a environ 10 ans ·
      332791 101838326611661 1951249170 o

      wic

    • succint mon commentaire je reconnais ... je voulais dire c'est fluide ca coule tout seul et y'a plein d'humour

      · Il y a environ 10 ans ·
      Tyt

      reverrance

    • "avouables" avec un "s" (comme "ça coule tout seul" avec un "ç") lol !

      (pfff... avant on pouvait corriger ses fautes dans les comm, maintenant c'est over, faut faire juste au premier coup sinon tu es marqué à vie "inculte" ! satané nouvelle version du site :-)

      · Il y a environ 10 ans ·
      332791 101838326611661 1951249170 o

      wic

  • HHHHHHHHooooooooooo mais que c'est bon ça !
    J'aime tout !
    le vocabulaire, la situation, le style !
    Très chouette, vraiment !
    " tant je tendais désormais à... Comment dire ? Ah oui, voilà c'est ça : tant je tendais à l'élongation verticale au niveau de mon centre de gravité."
    Tu peux préciser Wic de quoi til s'agit?
    cdc

    · Il y a environ 10 ans ·
    D9c7802e0eae80da795440eabd05ae17

    lyselotte

    • merki !
      pour la suggestion, je te laisse deviner toute seule et mon petit doigt me dit que tu n'aura pas trop de mal à trouver ;-)

      (au fait, t'as vu mes commentaires sur votre échange de missives avec Yahn (cf. La fourmi) ?

      · Il y a environ 10 ans ·
      332791 101838326611661 1951249170 o

      wic

    • T'es pas joueur??? ça m'étonne !
      Il me revient la nostalgie d'un certain baroudeur dont j'avais fait mes délices, il y a longtemps !

      Non, je vais voir de ce pas chaloupé qui est ma marque de fabrique.

      · Il y a environ 10 ans ·
      D9c7802e0eae80da795440eabd05ae17

      lyselotte

    • Je sais !!!!!!!!!!!!!!!!!!

      · Il y a environ 10 ans ·
      D9c7802e0eae80da795440eabd05ae17

      lyselotte

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