Un semblant de soi gisant.

Adelphine

Parfois elle me tient, me prend de force. Et puis parfois me quitte, m'abandonne clairement dans le noir. Je la sens, je sens ce vent froid quand elle me quitte. Puis la solitude. Vous la connaissez. Et vous trouvez un moyen de la combler. Moi je trouve un moyen pour l'aimer. Je l'aime dans ces chansons, ces mélodies qui me rechargent. J'en découvre les paramètres, face au repentit, face au vide. Je crois que je la personnifie, afin qu'elle soit moins déstabilisante. Je l'aime. C'est me retrouver parmi mille décombres, dans ce bordel. J'écoute sa voix, j'y laisse ma bête noir, sa voix me pénètre.

J'y ai vu la femme. Vous savez, la femme, nous. J'ai vu dans ce silence, celui que nous gardons dans le bruit, qui nous étions. Chaque femme à son arme. La mienne, est le vide, le masque qui ne tombe que si je le décide. « Que si je le décide... ». Ma faiblesse est de ne plus avoir le contrôle, des choses, du temps, de l'avenir, de moi. Pour cela j'ai le vide. Et s'en est une boucle, un engrenage qui ne cesse de faire le tour de toutes émotions. J'ai vu que la femme comprenait l'amour, elle comprend la peine, elle comprend face à la mort. La femme compatit, elle se dévoue au sein du foyer, au sein de sa construction, au sein d'une relation. Une femme aime, qu'importe les blessures antécédentes. Elle a un cœur, blindé de secret, une porte qui ne s'ouvre pour rien. La femme pourra se donner l'image de quelqu'un de creux, elle ne le sera pas.

Il y a un sentiment qui naît chez tout le monde. C'est ce sentiment qui t'enferme dans ces combles, qui vient et qui repart. Tu sais, l'impuissance. Vous avez été impuissantes. Cette impression, que même entre deux âmes, mêmes les plus proches, les plus similaires, il y a une immense infinie. « Qui es tu ? », « Qui est l'Autre ? » Un doute, une incertitude, naturelle. Et cette lourde culpabilité. Pesante. Elle se glisse, par malheur, lorsque pour la mince fois vous vous vouliez un allié, une épaule pour soulager le poids des souvenirs tachés. Naît ensuite cette impression d'entasser l'autre avec vous dans des tombes profondes et incertaines.

Nous évitons le déluge, la rumeur, le jugement, les voleurs de faits. C'est pour notre sauvegarde sure des faits, pour nous, pour l'épargnement de nos témoins, des créateurs, que naît cette immensité silencieuse entre deux âmes. Et nous sommes alors pour cette cause des amies qui ne se connaissent guerre, des sœurs qui ne se connaissent pas. Nous sommes des êtres humains, domptés d'un passé glorieux en souvenirs, réticent à l'approche du contact des armures indestructibles qui nous font sans allié.

J'écris sur moi des archives incomplètes, des jets de moi jouissant sur des feuilles blanches. Mes mains dessinent des ébauches, des visages, des débuts d'expressions figées. Mes pulsions se baladent dans les musiques les plus délicates, raffolant des notes tirées dans la douceur et j'aime ça. J'aime le silence en entier. J'aime la douceur et la légèreté. Le Vide fait que n'est pesant. Puisqu'il faut vivre avec cette solitude, je l'aime.

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