Un soleil de printemps
clemstonem
La lumière qui filtrait à travers les volets clos réveilla en douceur Ashton. Lentement, il ouvrit les yeux craignant le spectacle qu’il allait découvrir. Il se redressa et fixa le miroir accroché en face de son lit, a priori tout allait pour le mieux. Après l’accident d’hier, il s’attendait à se réveiller à l’hôpital avec de nombreuses séquelles. Pourtant, il était ici, dans sa chambre, en pleine forme. Quelque chose lui échappait… Le jeune homme tenta de se remémorer les évènements de la veille. De cette course de moto entre amis qui avait mal tourné.
Dans le village où il habitait, il faisait partie des pseudos jeunes rebelles. La bande qu’il dirigeait était connue de tous pour leurs petits délits sans graves conséquences. La plupart des gens aimaient les détester mais seraient bien embêtés si leur groupe venait à se dissoudre car au fond ils avaient besoin d’eux pour animer le village.
En ce mois de juin, le beau temps était au rendez-vous, ainsi que la bonne humeur des habitants. Ashton et ses amis en avaient profité pour organiser une course sur les petites routes désertes qui encadraient le village de part et d’autre.
Hier, vingt-deux heures, ils étaient une dizaine sur la ligne de départ près à se défoncer pour gagner. Un cri. Les voilà partis à toute vitesse. Une ligne droite. Un virage. Le trou noir.
Ashton se leva en tremblant. Pourquoi ses parents, qui devaient être mort d’inquiétude, n’étaient-ils pas à son chevet ? Pourquoi n’avait-il aucune blessure ? Il remarqua qu’il portait toujours les vêtements de la veille, et chose étrange, ils étaient intacts.
Il avait sûrement rêvé.
Après avoir appelé ses parents et son frère cinq ou six fois, il en déduisit que la maison était vide et se décida à s’aventurer au dehors.
Le soleil brillait si fort qu’il dut plisser les yeux pour traverser son jardin. Il rejoignit d’un pas vif la rue principale où régnait un étonnant calme. Les boutiques étaient fermées, aucun gamin ne jouait au foot sur la route. Cette ambiance lui donnait la chair de poule. Il n’était pourtant pas facilement intimidable, mais ce paysage donnait l’impression que le village était abandonné, lui qui était d’ordinaire si joyeux et convivial.
Soudain, il vit un adolescent sortir précipitamment de chez lui en jetant un regard furtif à sa montre. Ashton l’interpela mais n’obtint aucune réponse, le garçon ne devait surement pas l’entendre. Il marcha vivement dans sa direction avant de stopper net. Il le connaissait lui, c’était Mathieu un petit nouveau qu’il avait récemment intégré dans le groupe. Mais ce qui frappa Ashton, c’était son regard, on pouvait y lire une profonde tristesse. Il ne savait pas réconforter les gens, alors, ferait-il peut-être mieux de le laisser seul ? Le temps qu’il se décide, Mathieu avait déjà tourné dans une rue adjacente. Sans bruit, Ashton le suivit.
Après quelques minutes, ils débouchèrent sur une colline qui surplombait une prairie, sa prairie. C’est ici qui sa bande et lui se réunissaient, ici qu’ils organisaient leurs fêtes. Depuis tout petit, cette prairie était son refuge, et aujourd’hui tout le village était rassemblé ici.
Ashton regarda énervé l’assemblée qui se tenait à ses pieds. Comment avaient-ils osé venir ici sans le tenir au courant ? Néanmoins, l’amertume laissa place à l’incompréhension. Un détail lui avait d’abord échappé. Tout le monde était habillé en noir. Comme pour un enterrement… Et si c’était son frère qui était mort ? Rien que d’y penser, le jeune homme en avait une boule dans la gorge. Alors qu’il restait là, incrédule, perché sur la colline. Il ne remarqua pas que la foule se dissipait. Pourtant, il ne resta bientôt plus qu’une personne accroupie dans l’herbe devant ce qui paraissait être une tombe. Ashton dévala la pente pour rejoindre son frère. Essoufflé, il posa une main sur son épaule, ce dernier ne régit pas. Alors, il regarda tremblant le nom gravé sur la pierre blanche :
« ASHTON TIBERT »
1994 - 2013
Merci beaucoup pour tes encouragements !
· Il y a presque 12 ans ·clemstonem
J'adore!
· Il y a presque 12 ans ·L’ambiance qui s'installe à la fois vite et efficacement. C'est clair et concis et le final (que l'on devine malgré tout vers la fin de la page 2; mais comment faire autrement?) reste à la hauteur de des attentes (en tout cas des miennes). Franch'ment, c'cool!
murdoc