Un texte sur la famille

Inventer de nouveaux mots, de nouvelles notes de musique, aller plus vite que l'éclair dans la forêt, ressentir le désir édifiant d'écrire l'histoire de ma famille, pénétrer dans un film au long couloir plongé dans la pénombre, le laisser me mener à des anecdotes lumineuses, ensoleillées comme la fois où mon père a sauté par-dessus un feu et qu'un fétu de paille lui a brûlé la joue, j'ai toujours aimé sa cicatrice en forme de petit baiser. Il a confié sa mule à son frère quand il est parti pour un nouveau pays, il a pris un train avec un cousin peut-être, ou un ami, je ne sais pas, ma mère pourrait me dire avant qu'elle s'en aille elle aussi... Ma soeur, cet être si exceptionnel, pourrait me raconter elle aussi... Organiser une cousinade via Whats ap, sourire pour la photo, pour la postérité, échanger des nouvelles, des souvenirs, remonter le passé comme on remonte un fleuve, une rivière qui roule inexorablement vers un futur imprécis, plein de surprises... Remonter l'escalier jusqu'au grenier de la maison vieille de deux cents ans où l'on espère encore trouver des choses, des reliques, mais en vain, on a nettoyé les traces du temps qui faisait toute la richesse de la grande maison. Moi je voulais des bouquins, des magazines, des témoins du temps jadis, je garde encore une amphore, bien que cassée, elle a encore pour moi de la valeur. Se dépêcher d'écrire avant que l'ordinateur s'éteigne, des mots, des phrases, des idées, une rédaction de collège, juste ce qu'il faut de pages et de lignes avant que la sonnerie annonce la fin de la classe. Non, ce n'est pas la fin des haricots, la partie n'est pas terminée, la famille continue de s'agrandir et c'est tant mieux.