Un voyage futuriste.

-boucle

Pour le concours "Dans la tête de Steve Jobs". :)

Journaliste solitaire et persistante, j'ai toujours eu goût pour l'aventure. Voyager à travers des contrées qui jusqu'à présent restaient inconnues, frôler le danger et révéler les impitoyables vérités de notre monde aux lecteurs de mes chroniques. C'est ce que j'aime faire. Et, tout en sachant que nous sommes tous différents, rencontrer des gens nouveaux, des gens porteurs d'une autre âme, d'un autre état d'esprit, est palpitant pour une fille comme moi. Mais maintenant, j'ai beaucoup vieilli, alors, l'aventure et la vie à 100 à l'heure, c'en est terminé pour moi. Heureusement, il me reste quelque chose que je garderai pour l'éternité, même là-haut : mes souvenirs. Et je me rappelle très bien de ce charmant jeune homme, qui m'avait arrêtée dans une petite rue. Mais je n'étais pas la seule à avoir été interpellée, une foule de personnes se bousculant, tombant et renversant d'autres s'était précipitée vers lui. C'était très rare qu'autant de gens acceptent de s'arrêter pour entendre parler quelqu'un. Il était vif et son esprit me semblait positif. Alors j'ai posé mes sacs de course sur le sol sablonneux du trottoir, ajusté mon béret et j'ai tenu fermement mon appareil photo dans mes mains.

-          « Croyez-le ou pas, mais je suis un inventeur de génie et plus tard, vous pourrez sans aucun effort regarder des films d'une qualité hautement décorée rien que sur une planche numérique, appelée tablette. Et moi, je dirigerai une grande marque, une marque qui sera bientôt célèbre ! Elle portera le nom d'un fruit … Et il y aura la marque sur chaque chose que je vendrais ! Rien qu'avec la force de vos doigts, vous pourrez vous divertir et vous pourrez aussi faire ça sur votre téléphone ! Il sera tactile ! Rien qu'un écran commandé par vos doigts ! C'est génial, non ? Il sera équipé d'un appareil photo, d'une caméra et … Et de pleins de jeux ! ». Avait-il crié.

Les spectateurs s'étaient regardés, mitigés.

-          « Mais pour cela … Il faut des sous, et comme personne ne croit en moi… Je serais obligé d'abandonner mon rêve … A moins que vous vouliez bien m'offrir, ne serait-ce que quelques centimes ? ».

Personne n'écoutait plus. Tout le monde s'était dirigé vers d'autres choses, objets ou personnes attrayantes dans cette ruelle. Moi, j'étais curieuse et je croyais en ce jeune homme. Avec son chapeau qui penchait vers la droite, ses cheveux noirs qui lui gâchaient malencontreusement la vue, et son charme naturel, j'avais déjà de l'estime pour lui. Alors j'ai fouillé mes poches,  repris mes sacs et rangé mon appareil photo avant de courir vers lui. Et alors que je lui offrais 5 malheureux francs, son visage s'était illuminé.

-          « C'est déjà ça ». Avais-je dit en souriant.

-          « Merci, merci beaucoup mademoiselle ».

J'étais heureuse de voir qu'il souriait à pleines dents. Il a ouvert sa vieille veste un peu trouée et a sorti une petite boîte. Un papier en est tombé, je l'ai ramassé pour le lui tendre. Il était noté au stylo à billes « Economies à rêves ». Il a ouvert la boîte et a glissé les 5 francs dans un des compartiments.

-          « Tu veux que je t'explique mes projets plus en détail ? ». M'avait-il demandé.

-          « Euh … Là, maintenant ? ». Avais-je répondu.

Voyant que j'hésitais, il m'a pris le bras rapidement et son chapeau s'est envolé pendant que nous courrions. Nous avons bien ri en tentant de le rattraper. Puis enfin, il m'a emmené dans sa modeste demeure. C'était un trou à rats, empli de vieilles boîtes en cartons. A part des déchets innombrables, il n'avait pas grand-chose. Car, il faut que je vous l'avoue, il avait l'air dé fortuné, pauvre.

-          « Au fait, comment t'appelles-tu ? ». Lui avais-je demandé.

-          « Steve Jobs, et toi ? ».

-          « Louanne, Louanne Lefèbre ».

Il m'avait souri et mon visage blanc avait commencé à s'empourprer. Puis nous nous étions installés dans ce qu'il appelait un salon. C'était quelques chaises mal placées et un poste de radio. Il n'avait pas la télé. Il m'avait montré tous ses plans, je ne plaisante pas, je les avais vraiment vu tous défiler. Et il y en avait bien une centaine, voire plus. Cet homme était voué à la réussite, mais j'ignorais pourquoi. Avec son accoutrement de clochard, quiconque l'aurait convaincu qu'il resterait pauvre et ruiné toute sa vie. Réussissant malgré tout à vivre avec l'énervement des factures en retard, impayées… Mais moi, j'apercevais à la lueur de ses yeux, une énorme quantité d'espoir, et j'avais l'impression que des étincelles de réussite jaillissaient dans tous les recoins de la pièce. Un de ses plans m'avait particulièrement attiré, c'était celui d'une tablette numérique. Maintenant, dans notre ère, tous les jeunes disposent de ce genre d'appareils. C'est la preuve que croire en cet homme était véritablement la bonne décision. Mais, à travers tous les plans d'objets dont nous disposons aujourd'hui, il y en avait un particulier. A notre époque, nous ne l'avons pas encore inventé, mais nous devrions. C'était une panoplie d'objets extraordinaires dessinés sur un plan de ville spécial. Et alors que je me penchais un peu plus pour observer les détails si minutieux, j'ai senti que je basculais vers avant. Un vent frais assez fort me poussait vers le sol. Je me suis retournée pour ne pas plonger sur la feuille et j'ai vu Steve qui était assis, buvant un café noir, sans sucre ni lait. Mais je n'ai pas mis longtemps à réaliser qu'il ne me regardait même pas. Et alors que je baissais la tête pour regarder si ce vent de diable s'était arrêté, j'ai poussé un cri d'effroi, de terreur et d'impossibilité en même temps. Mes jambes étaient enfouies DANS LE SOL. Et plus encore, je sentais que mes mains et mes bras s'allongeaient et se collaient à mon corps pour que je me fasse aspirer plus vite. Ne laissant pas la panique pénétrer dans mon âme, j'ai eu tout juste le temps d'empoigner mon bloc-notes, au moins, si je reviens, le monde saura ce que j'ai vécu. Et puis ce fut le silence noir. Plus rien, plus un seul bruit, plus personne à l'horizon. Mais ce fut de courte durée, car quelques minutes après le néant, je suis tombée violemment sur le capot d'une voiture. Enfin, cela m'a paru être une auto au début, mais après être redescendue sur la terre ferme, je me suis demandée ce que c'était. Au départ, c'était le design d'un véhicule à quatre roues, sans les roues … Mais sur les côtés, d'énormes plaques colorées aussi solides que de la pierre fendaient l'air. C'était semblable à … Des ailes… Vous allez me prendre pour une folle, mais dès que j'ai touché ne serait-ce qu'une particule de cet objet, une énorme alarme a retentit dans mes oreilles si fragiles. Et, à cet instant précis, j'ai réellement cru que je rêvais, car j'ai vu débarquer devant moi, une machine dotée d'une plaque solaire sur le haut et de roues aussi rapides que l'éclair. C'était un robot. Et je ne plaisante pas, un véritable robot, avec une grande plaque tactile en guise de bouche, de gros objectifs de caméras pour les yeux et … Tout cela confectionné dans une matière inconnue par ma personne. Ils ont fait un tour autour de moi, puis une lumière éblouissante venant de leur corps froid m'a transpercé les yeux. Des bruits inquiétants sonorisaient dans le vaste endroit où j'étais. Mais, j'ai finalement réalisé qu'ils étaient inoffensifs, alors j'ai continué à regarder l'objet où j'avais atterri. Sur le derrière, un long tube bleu supportait le soleil qui tapait fort. Les deux « robots » étaient partis, mais ils sont revenus à la charge,  ils n'étaient pas seuls, cette fois.

 Un grand homme, maigre et accoutré d'une tenue ridicule s'était approché de moi. Je me rappelle, il avait une moustache grise et une paire de lunettes noires. Il s'est avancé, quand il était face à mon petit corps féminin, il me faisait beaucoup d'ombre, il me paraissait géant. Alors j'ai baissé la tête, et j'ai aperçu qu'il était placé sur une plate-forme volante. Avant que je puisse réaliser ce qui m'arrivait, il m'avait repoussée grâce à un genre de champ magnétique. Et je vous jure, nous ne sommes pas ici dans un roman de science-fiction, mais ce jour était bel et bien réel. Puis il est entré dans son véhicule, qui n'était pas muni de roues et, pour le plus grand plaisir de mon âme, pour le régal de mes yeux et surtout, pour mes lecteurs, qui, a l'idée de savoir ce qui se passe dans le futur, sauteront de joie, la voiture a décollé. Et il est vrai, je crois que j'ai atterri dans le futur. Un monde plus avancé que l'ère dans laquelle nous vivons tous en ce jour. Et, puisque j'étais là, j'ai continué ma balade avant de remarquer un aspect étrange de cette ville. Elle ressemblait étrangement à la mienne. Mais c'était parce que c'était la mienne ! Cette ville, c'est Bruxelles, la capitale de la Belgique, où je vis depuis 10 ans ! Je n'en crois pas mes yeux. L'évolution dont les habitants ont fait preuve me passionne. J'ai décidé de vérifier si mon coin favori était toujours là. Et oui, la ruelle de pavés lumineuse et accueillante gardait son charme pittoresque. Quand je suis entrée dans mon épicerie habituelle, j'étais submergée d'une vague de différentes émotions. De l'étonnement, de la joie et de l'affolement. Les étagères, qui, normalement, débordent de friandises sucrées, fruitées ou encore acidulées, que je croquais avec entrain quand j'étais enfant, ont disparues. Elles ont fait face à une table métallisée, sur laquelle nos tablettes, ordinateurs et autres gadgets actuels sont placés, avec une légère différence … Quand j'ai observé le Mac qui trônait devant mes yeux, j'ai fait une découverte extraordinaire. Quand j'ai tapé « robe de soirée » sur le clavier blanc, un bruit se fit entendre et l'appareil vibrait. J'ai reculé d'un pas prudent, et, sous mon regard ébahis, une véritable robe de soie rouge, dotée de fleurs brodées blanches et de dentelles noires est apparue, je suis tombée à la renverse dans mon imagination. J'ai noté tout cela dans mon petit carnet avant de saluer l'épicière et de repartir. Maintenant que j'y pense, cet objet était noté sur les plans de Steve… Steve, je l'avais presque oublié ! Ce monde est créé par le génie de cet homme, semblant être clochard. J'ai décidé d'un coup de tête de continuer mon chemin vers l'école de mon enfance. Quand j'ai franchi le seuil de la porte de mon ancienne classe, tout avait été refait ! Nos anciens bureaux de bois étaient devenus solides comme du fer. Et là encore, j'ai découvert un aspect caché de nos vieux pupitres. Quand je fus assise devant, j'ai pressé un énorme bouton bleu qui brillait et projetait dans mes yeux un effet de tentation. La table de métal est devenue haute comme la moitié de la hauteur de VOTRE maison. Je ne savais plus ce qui se passait, ni comment redescendre, car j'avais été prise au piège, et j'étais maintenant suspendue au banc froid qui s'était élevé dans les airs. Heureusement, je savais me montrer très agile, alors je me suis agrippée au long tube d'acier qui transportait le banc à travers les nuages et j'ai glissé le long de la paroi. A cet instant précis, j'ai su que je devais rentrer chez moi, ou du moins, chez Steve, pour lui garantir que ses projets marcheront, un jour. Alors, j'avais décidé de retourner à l'endroit où j'avais atterri, mais comme mes jambes se plaignaient de leurs aventures et de la très longue marche que j'avais effectué ce jour-là, j'ai envisagé de prendre le métro. Bien sûr, je m'attendais à un grand changement, mais quand je suis arrivée devant la rame de métro, j'ai cru halluciner. Le métro volait ! J'ai pointé mon ticket précipitamment et j'ai embarqué dans le transport en commun futuriste. Il nous a soulevé de tout notre poids pour nous déposer ensuite à l'angle de la rue où la voiture qui avait amorti ma chute, qui, elle aussi, était dotée d'ailes surpuissantes, s'était garée. Le propriétaire était revenu. D'un pas vif, je me suis engagée vers l'auto et j'ai grimpé sur le toit. J'ai tendu les bras vers le ciel, et avant que j'aie le temps de réaliser que tout le monde me regardait, j'ai été aspirée. Et, de nouveau, le blanc. Plus aucun bruit et personne ne m'entourait. J'avais l'occasion, pendant quelques temps, de repasser dans ma tête cette histoire folle qui venait de m'arriver. J'étais allée dans le futur, j'avais découvert les nouveaux véhicules ainsi que les nouveaux modèles de tablettes numériques. J'étais fière d'avoir pris le temps nécessaire pour noter dans mon bloc-notes mon aventure. A peine avais-je eu le temps de penser librement, que je suis arrivée chez Steve. Pendant mon absence le temps semblait s'être arrêté, il buvait toujours son café noir.

-       « Tu penses que mes inventions marcheront réellement ? ». Dit-il, sirotant.

Je lui ai souri avant de lui toucher lestement la main.

-          « Oui, je crois en toi ». Lui ai-je répondu.

 

 

 

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