Une éducation - Partie 2

violetta

 

- Les gens nous regardent beaucoup, tu ne trouves pas ?

- Tu sais pourquoi ?

- Parce qu'ils m'envient d'être avec une si jolie femme.

Il m'aura tout fait, ce soir… Le jeu de la séduction, maintenant… Il essaie ses armes, le petit brigand. Il a du potentiel, je dois l'avouer…

- Pas de ça avec moi, Elias. S'il y a bien une chose que j'ai en horreur, c'est la flatterie.

- Béa, je t'assure, tu es belle.

- Je vais te dire ce qu'ils pensent en nous regardant, dit-elle, un pli amer se creusant au coin de ses lèvres. Ils se disent que j'entretiens un jeune amant et considèrent avec cruauté et malveillance la femme vieillissante qui ose enfreindre ce tabou. Un homme peut sortir avec une femme de 30 ans de moins que lui avec la bénédiction du monde entier. Mais l'inverse… Ou alors ils pensent que je te paye, que tu es un escort boy.

- Je te trouve bien cynique.

- Juste lucide.

- Et… ça t'importe ce qu'ils pensent. On fait ce qu'on veut, non ?…

Il avait repris son ton et son regard charmeurs… Béatrice soupira :

- Elias, arrête ça, s'il te plait. La conversation prend une tournure qui ne me plaît pas.

- Elle me plaît, à moi, cette tournure. Tu me plais, Béa.

- Tu as bu trop de vin. Tais-toi !

- Non je ne me tairai pas. Déjà quand j'étais petit, ado, tu me troublais. Quand tu venais passer quelques jours avec nous pendant les vacances, avec ton mari et ta fille, eh bien tu m'intéressais plus que ta fille ! Et quand je pensais à toi, le soir je….

- Tais-toi, dit-elle sourdement en grinçant des dents. Tu choisis mal le lieu et le moment pour cette confession.

Il comprit qu'elle risquait réellement de se mettre en colère et de lui en vouloir.

-  C'est bon, je ne dis plus rien. Pour l'instant.

Le regard qu'il lui jeta était impérieux et brûlant. Malgré elle, Béatrice en ressentit un trouble inattendu. Ce gosse qui avait été le compagnon de jeux de sa fille…

- Juste une petite question, quand même. Tu préfères quoi ? Que je sois ton amant ou ton escort ?

Elle fut soufflée par la question, posée avec un naturel désarmant. Il n'était ni étonné ni choqué par ces deux options. Il avait d'ailleurs un air canaille et rigolard. Au moins, ça le distrait de ses idées noires, se dit-elle !

- Je préfère ce que tu es, répondit-elle avec un grand sérieux, en se composant un visage impénétrable. Un grand garçon qui pourrait être mon fils mais qui est celui de ma meilleure amie. Et c'est en amie que je suis là, parce que Geneviève est un peu désemparée par la distance que tu as prise avec elle, avec tes études, avec tout…

Il eut une mine blasée.

- Pas très affriolant, tout ça…

- Il ne s'agit pas d'être affriolant, il s'agit de…

- Je repose ma question autrement : tu préférerais quoi ?

- Tu veux que je dise ? Tu joues avec moi ! C'est cruel et déplacé.

- Mais pourquoi je jouerais avec toi ?

- Mais parce que… parce que… Parce que j'ai presque 30 ans de plus de toi, voilà pourquoi !

Elle avait le regard trop brillant pour que ce ne soit pas à cause de larmes retenues. Malgré son insouciance, Elias le remarqua. Mais il n'avait pas envie de capituler.

- Je t'ai toujours entendue dire que tu n'aimais pas les idées reçues. Ah ça, tu t'en vantais bien ! Et là, ce que tu viens dire, c'en est pas une belle, d'idée reçue ?

Ah le démon ! Il va falloir qu'il arrête ou je … !!!

 

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