Une étoile dans la nuit
nouontiine
Une étoile dans la nuit
Elle en a marre de le voir uniquement la nuit,
À cette heure où l’on n’entend plus de bruit
Se faufiler jusqu’à elle, furtivement
Pour apaiser ses ardeurs
Sans douceur et sans chaleur
Jusqu’à ce qu’il reparte sauvagement
Sans même prendre la peine d’attendre le matin
Ou de lui faire un petit câlin
Lui renvoyant ainsi sa position de catin.
Elle se sent lasse pour ne pas dire dégueulasse
Mais une fois encore elle l’attend, sagement
Même si dans son regard pointe l’agacement.
Il ne lui a jamais fait de serment,
Mais dans sa constance
Elle a cru déceler l’ombre d’une connivence,
Comme une promesse silencieuse
Qui lui renvoie à présent
L’étendue de sa propre déchéance.
Pourtant une fois encore, elle y a cru
Éperdue ou peut-être sincèrement émue
Elle l’a à chaque fois attendu,
Sans oser formuler ses exigences ...
Et encore moins ses répugnances
Elle l’a à chaque fois attendu,
Au point de se contenter d’un prince à peine marrant
À défaut d’avoir trouvé un homme charmant.
Hélas, elle se sent lasse
Et de guerre lasse
Elle prie, le cœur meurtri
Et songe désormais à s’inventer une nouvelle vie, sans sursis
Et surtout sans mépris.
Elle pense avec violence
Au moyen de briser les chaînes de cette existence rance
Quand elle ne dispose que de son corps comme monnaie d’échange.
Mais elle finit par regagner son petit coin de trottoir
Pour y brader ses charmes, comme chaque soir, dans le noir
Bien décidée à ne plus céder à son arrogance.
Parfois elle pleure sous ses allures cavalières
Quand, de douleur, face aux regards accusateurs
Son coeur pleure
Sans jamais recevoir de fleurs.
Lui vient alors l’envie de déguerpir,
Sans bruit,
De rebondir, de courir
Pour ne surtout pas mourir
Sur la dalle de sa débâcle
Et pour ne pas crever
Sans un cri,
Fauchée dans sa débauche.
Elle pense, impuissante, au moyen de fuir cette geôle
Qu’elle tente d’oublier dans la gnôle.
Et de rage, martèle le bitume
Qui gémit sous le poids de son amertume
Mais dans son impuissance, elle l’attend
Jusqu’à ce qu’il arrive d’un pas confiant
Prêt à déverser sa rancoeur
Dans son corps frémissant de douleur.
Écoeurée par sa propre détresse
Elle le laisse l’effleurer de sa liasse
Et elle le suit.
Comme une étoile déchue dans la nuit
Elle le suit
Pour qu’il déverse sa rancoeur
Dans son coeur palpitant de douleur.
émouvant
· Il y a environ 14 ans ·gribouille--2