Une famille redécomposée.

scribleruss

Roman triste. 5

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Fin du chapitre 4

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   Le père d'Apolline avait appris par sa femme les nouvelles frasques de sa fille. Un jour il l'eut au téléphone.

  - Prends garde Apolline, les hommes détestent, qu'on leur court après, qu'on leur colle au train. 

  Et Apolline répondit ; "  C'est ça ! dis-moi que je n'ai pas droit au bonheur. " 

  Pas droit au bonheur, que répondre à cela, si ! il pouvait répondre, il ne le fit pas, il connaissait sa fille. Alexis lui était devenu obsessionnel. Elle ne l'entendrait ni ne l'écouterait.

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Chapitre 5

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  Le père accusa le coup. Il avait souhaité des filles mais il aurait préféré des garçons. Il avait très vite perçu depuis toujours que les filles dans la vie aurait quoique l'on fasse, quoi qu'elles revendiquent et obtiennent, auraient le mauvais rôle.

   Il lui semblait qu'elles étaient déjà marqué par le sceau de ce qu'il désignait la lettre écarlate. Cette lettre, ce signe, cette physiologie désobligeante, parfois douloureuse, souvent invalidante, qu'il leur fallait gérer en la contournant, la masquant, l'étouffant.

   Les garçons, les hommes ne connaîtront jamais suffisamment leur bonheur. Les garçons des mâles avant tout, enjôleurs, cyniques, fuyants, souvent.

   Mais ce n'était que son ressenti et son vécu d'homme. Et quant à lui il avait toujours veillé à ce que le conjoint en ce rendez-vous mensuel y fût sinon accompagné du moins qu'il ne fut pas altéré par quelqu'autre difficulté...

     Le père, Jean-Gilbert eut des filles.

   Apolline la tristesse dans l'âme délaissa sa charmante petite maison, son chimiste,  fit chambre à part demanda une mutation l'obtint.

  Elle l'obtint dans la ville où l'autre exerçait. Evidemment. La folle !

   Elle loua, elle patienta, puis elle alla frapper. Un jeune garçon lui ouvrit. Il dit le soir à son père ; " Papa une dame est venue cet après- midi elle voulait te voir. "

  Ils se virent. Ils couchèrent. Pourquoi devoir toujours coucher. Pourquoi vouloir toujours aller vite, brûler les étapes, brûler les charmes. Quand plus tard l'on voit qu'il n'en reste rien, rien sinon la cendre refroidie des fantasmes allumés naguère encore.

   L'homme est l'homme, la femme est la femme certes vite désespérés, mais vite désespérant, et désespérants. A se jeter par la fenêtre. Pourquoi vouloir toujours d'abord coucher. Si l'amour est là, vrai, il devrait être si bon, si beau de s'y laisser couler d'abord... sans ...

    Et le jour vint.

   Le jour vint ou mademoiselle Apolline déménagea.

  Apolline déménagea, emménagea. Dans un trois pièces. Où  Alexis le père divorcé vivait avec ses deux fils qui y séjournaient selon les modalités de la garde alternée.

  Pauvre Ophélia, elle se fondait en lui comme une neige au feu. Une Ophélia avec ses meubles, avec son caractère, qui allait bousculer les habitudes qui modelaient depuis des mois déjà la vie d'un père et de ses fils.

   L'on se poussa un peu, plutôt de mauvais gré que de bon gré pour lui faire une place, une petite, mais considérant l'exiguité de l'appartement on ne pouvait lui en offrir davantage. Alexis ne fit pas montre d'une coopération débordante .

    Pourquoi faire simple quand on peu faire compliqué.

  Mais faire simple Apolline eût été de rester chez toi dans ton petit Liré, pas si détestable que ça, apaisant, régénérant.

    Les jérémiades d'Alexis au téléphone, ses abandons n'étaient que factices, poudre aux yeux. Dans ce temps troublé de sa séparation d'avec Isa, harcelé, mal à l'aise, n'assumant pas, ou mal, il avait besoin de croire en une nouvelle histoire et surtout dans l'instant d'assujettir ce môle qu'Apolline la candide, la folle lui servait. L'imbécile.

  L'imbécile. L'imbécile, qui ? elle ou lui, Apolline ou Alexis ? Les deux. Deux bêtasses d'adultes mûs par leurs flux, irresponsables et pathétiques.

   Les hommes ont besoin de s'entendre dire je t'aime par celle qu'ils n'aiment plus après qu'ils ont défloré son sexe, et découvert les opulences et les failles du corps de l'impétrante.

  Les hommes ? Des salauds. Les filles des enfants de choeur.

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   A Suivre 

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