Une histoire
mysteriousme
C'était le chamboulement en elle. Trop de projets. Pro, perso, ça se bousculait ! Et puis trop de pression. Trop de pression inutile. Oui, certainement.
Et ce sentiment aigre-doux qui perçait systématiquement. La prenant au réveil comme on balance un seau d'eau gelée sur une personne qui vient de s'évanouir : "ai-je envie de m'engager ? Pour quoi faire ? Avec qui ? Comment le trouver ?"
Son esprit cherchait sûrement une occupation. Une "chose" de plus à penser.
Son corps cherchait vraisemblablement une activité. Une activité physique, un défouloir...
Et son coeur restait en berne, ne sachant où aller. Son coeur appelait à l'aide sans que rien ne se passe. Elle pensait suivre son intuition, et puis patatras ! Tout foutait le camp. Son coeur était comme une ampoule dont le filament s'est cassé. Rompu par trop de chocs.
Pourquoi avoir à traverser tout cela ? Pourquoi autant de situations manquent de fluidité ? Etait-elle la cause de tous les maux ? Pourquoi dès que le meilleur arrivait, elle ne savait s'en saisir, elle ne parvenait pas à être à l'aise, à s'en accommoder, à en profiter égoïstement, à en faire son miel ?
On aurait dit son héroïne fétiche Amélie Poulain. Trop lâche, trop pleine d'attentes tortueuses pour se lancer...
Pourquoi réagissait-elle comme une enfant gâtée qui fait intérieurement des caprices quand quelque chose lui échappe ou lui résiste ?
Pourquoi ne pas réussir à capitaliser l'énergie de la folle gratitude, de la paix intérieure, de la sérénité qui l'habitaient parfois. Ce sentiment doux et confortable et rayonnant comme les épis de blés blondis par un coucher de soleil d'été, dont les tiges fléchissent au rythme d'une légère brise chaude...
"Comment faire pour que certains comprennent, conscientisent ma réalité ? Suis-je ma propre victime ?", prononça-t-elle à voix haute en préparant ses oeufs brouillés, les larmes aux yeux.
Elle était perdue. Ne savait plus ce qu'elle faisait d'utile, d'agréable, de désuet, de superflu... Quel sens donner à sa vie ?
Elle se repassait les scènes d'un film qu'elle aimait, où des trentenaires font un point sur leurs vies sentimentales catastrophiques... Elle s'identifiait tellement et se demandait quand elle obtiendrait une réponse. A coup sûr, lorsque toutes ces questions idiotes lui seront sorties de l'esprit !
Au contact des mecs, elle ne savait plus sur quel pied danser.
Certains se disaient "potes", mais étaient intéressés par son physique, la trouvant "belle" au point de l'embrasser maladroitement à la fin d'une soirée, ou de couper les ponts quand elle disait non. D'autres sur qui elle fantasmait ardemment lui portaient une attention plus que modérée. Elle avait au moins eu le courage d'aller creuser et de comprendre que rien ne pouvait être assumé avec de tels individus. Pas le même niveau, pas les mêmes passions, pas de complicité. Oubliés aussitôt salués.
Elle devait passer pour une folle. Et alors ? Le trouble, tout le monde le vit, après tout. Avec plus ou moins de fièvre et avec un niveau de conscience changeant, mais tout le monde y passe.
"Qu'est-ce que ça me ferait d'éprouver de l'amour pour quelqu'un ? Comment on fait ? J'ai perdu le mode d'emploi. Et pourtant, j'ai comme l'impression de partir blasée d'avance, comme si rien d'inédit ne pouvait se passer" Ils étaient peu à avoir marqué son esprit sensitif. Ils étaient peu à lui avoir mis des papillons dans le ventre. Elle avait adoré. Elle en avait sacrément souffert. Elle aimerait se brûler à nouveau. Se lancer. Comme plonger du haut du plus haut plongeoir de la plus grande piscine où elle n'aurait jamais pied.
Une partie d'elle était sous le charme d'un petit nouveau. Elle ne savait pas grand chose de lui. Elle se demandait le goût de ses baisers. Elle repensait à ce film américain-à-l'eau-de-rose, avec des personnages qui correspondent par messagerie et qui dans la "vraie vie" ne peuvent pas se piffer... C'était si rooomantique ! "Oh lala, atterris, ma fille ! La vie n'est pas un film, ça va chercher un peu plus loin...", se dit-elle.
Quelles peurs torturaient encore ses pulsions pour les faire mourir à peine écloses ? Peur de la rupture avant même qu'il ne se passe quelque chose ? Peur de perdre quelque chose (sa virginité, c'était déjà fait... Que pouvait-elle bien perdre, alors) ? Peur de ne pas être à la hauteur du plus haut plongeoir pour sauter dans le vide de laplus grande piscine ? Peur de déplaire ? Peur de bafouer ses valeurs fondamentales comme ça lui était arrivé pendant 4 ans ? Peur de l'engagement ? Peur de jouer un rôle ? Peur de ne pas être parfaite ou authentique ? Peur d'être transportée d'allégresse ? Peur de perdre le contrôle ? Peur d'être trop possessive ?
Le labyrinthe de son esprit pétillait d'idées tantôt noires à pleurer de désespoir, tantôt vives à crier de joie.
La vie lui apporterait bien une réponse...
Merci Louve ;) Je ne connais pas, je vais aller écouter ça :)
· Il y a plus de 6 ans ·mysteriousme
Un texte bien émouvant !
· Il y a plus de 6 ans ·Vous m'avez fait repenser à une chanson de Jean Gabin : "Maintenant je sais" à écouter sur You tube.
"Je sais qu'on ne sais jamais...la vie, l'amour, les roses...la couleur des choses...mais ça je le sais."
Louve