Une machine sans nom

Mathilde En Soir



Le monde est une vieille machine qui tourne encore et ne sait pas s'entretenir seule.

Elle a juste besoin d'attention et de quelques boulons tout neufs. Son grondement assourdissant fait trembler les murs de son habitation, laissant place ensuite au silence tant attendu par ceux d'en dessous. Les plus grands doivent s'occuper d'elle et changer chaque pièce obsolète, rouillée par le temps. Le manque de patience, c'est ce qui les caractérise tous . Aussi loin qu'ils puissent voir, ils veulent tout, tout de suite. Ils sont obligés de suivre la cadence infernale qu'impose cet édifice de glace et de fer. Faut-il encore qu'ils comprennent que le sol qu'ils foulent chaque jour est le même souillé et battu par leurs pieds écorchés.L'obscurité tutoie la folie, et se cache dans le flegmatisme.

Au milieu des rouages, un vide se fait sentir et les font frapper plus fort sur chaque vis pour que la machine intègre chaque commande, chaque direction à prendre. Un trop lourd fardeau à porter, qu'ils préfèrent délaisser entre les briques de la construction. Et ils frappent, ils frappent toujours, en espérant que la forteresse réponde à leurs demandes. Mais la machine ne répond rien. Elle n' a pas à répondre. Impératrice de leur vie, elle trône au-dessus d'eux, à la vue de tous, elle ne plie jamais. Elle injecte son venin sans crier gare dans les veines de ses enemis, qui tombent dans un amas de déjections. Des assemblages de molécules dotés d'une pensée, voilà ce qu'ils sont. Ils perdent leur énergie à force de frapper. Ils ne comprennent pas que le temps est précieux, qu'ils gaspillent les quelques gouttes de sueur dévalant leur front sale pour débrancher et remettre en route un élément si complexe.Leurs transpirations et leurs entailles sont le fruit de leur acharnement, leurs plaies encore vives peinent à se refermer. Les bruits s'accélèrent, bousculant leurs âmes, pénétrant leurs esprits. Et ils crachent leurs cœurs engourdis dans les entrailles de la machine, qui dans ses derniers souffles, laisse échapper un son strident. Perçant, il fait vaciller l'échafaudage des hommes du dessus. Ce n'est que l'apogée d'un tout, une nouvelle ère craquelée dont les conduits fuient et ébouillantent la chair des hommes. Elle se fissure un peu plus chaque fois qu'un des mécaniciens décide de se jeter à corps perdu dans un mécanisme qu'il n'est pas sûr de comprendre.

  • Quelques coquilles peu habituelles chez vous, mathilde.: Macine au lieu de machine, "ce qui les caractérisent " au lieu de caractérise. Votre texte, estival, m'a fait penser à la bête humaine, du grand Emile

    · Il y a presque 9 ans ·
    Mouette des iles lavezzi orig

    valjean

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