Une nuit, j'ai fais un étrange rêve. Toutes les saveurs du monde y étaient mélangées, et je pouvais voir des couleurs qui n'existaient pas. Je marchais dans une forêt dense et vaporeuse, dont les feuilles oniriques des arbres gigantesques me protégeaient de la chaleur du soleil, tout en laissant filtrer sa douce et merveilleuse lumière. Et il y avait cette maison irréelle, cette maison perchée entre la vie et l'imaginaire. Voici comment serait ma maison, si je pouvais la faire passer du rêve à la réalité :
Elle serait faite de bois, vue de l'extérieur. Un bois joli à regarder, un bois clair et doux au touché, sans écharde à se planter dans les doigts quand on passe la main dessus. Elle ressemblerait à une cabane d'enfant, simple et innocente, avec ses quatre murs et son toit. Il y aurait probablement une petite cheminée, pour se blottir au coin du feu les soirées d'hiver, et lire un bon livre ou manger des marrons grillés. Le toit serait plat et il y pousserait tant de plantes, de toutes formes et de toutes couleurs, qu'on ne le verrait plus. Elle serait installée à la cime d'un baobab, ou bien dans des nuages, à un endroit d'où on pourrait regarder le monde tourner sans être touché par ses malheurs, très loin des conflits et de toutes ces choses qui nous sont inutiles.
A l'intérieur, cette maison serait plus grande et chaque jour pleine de nouvelles choses à découvrir. Les murs seraient en marbre, comme ceux des palais, et des plantes en or y grimperaient pour faire des rosaces mouvantes. Il y aurait une petite cuisine simple, avec juste le nécessaire pour préparer des bons plats et des gâteaux. Il y aurait un petit salon pour prendre le thé ou jouer aux cartes entre amis. Il n'y aurait pas de chambre parce qu'on passerait les nuits à regarder les étoiles, allongés sur le toit recouvert par les plantes et l'herbe toujours verte. Et derrière une porte que l'on ne remarquerait pas au premier regard, il y aurait une salle de bal, pour y inviter les Dieux de l'Olympe, d'Azgard et de Thèbes.
Il y aurait les bruits du vent, et le chant des oiseaux. Le jour, les tourterelles, les rossignols, les rouges-gorges, les faucons et les oies sauvages. La nuit, les hiboux qui répondraient aux chouettes. Parfois, on pourrait entendre les cordes de ta guitare, ou les touches de ma machine à écrire. Parfois, on pourrait entendre les miaulements des chats, qui joueraient sur le toit à attraper les papillons. Parfois, en prêtant bien attention, on pourrait même entendre les bruits d'en bas. Parfois, il y aurait de la musique, dans la salle de bal, où danseraient les Dieux de l'Olympe, d'Asgard et de Thèbes.
Et de temps en temps, il n'y aurait rien. Seulement le silence, doux et apaisant, que rien ne viendrait troubler sous peine de briser un instant de quiétude.
Il n'y aurait jamais eu ni sang, ni larmes, ni toutes ces idées noires qu'on peut avoir quand se demande ce qui ne va pas chez nous, ce qu'on a fait, ce qu'on a manqué. Il n'y aurait pas de guerre, pas de misère. Il n'y aura pas de regrets non plus, ni de remords. Il y aurait bien quelques erreurs du passé, mais seulement celles qui nous auraient fait avancer, et chaque souvenir serait joyeux et doux.
Il n'y aurait pas de peur viscérale, de celles qui nous clouent sur place au lieu de nous pousser à aller de l'avant. Il y aurait bien, parfois, quelques moues boudeuses, mais pas de mots méchants, et je m'efforcerais de ne jamais dire de grossièretés. Il n'y aurait pas d'idées avortées, pas de chagrin d'amour, et pas de perte.
J'y construirais des rêves et toi des théories. J'y fabriquerais ton atelier, pour que tu joues avec tes outils, à l'inventeur de mille et une machines futuristes. Tu y construirais ma bibliothèque, dont les étages seraient infinis, où tous les livres du Monde seraient rangés, et sur une barre horizontale, se trouverait une échelle immense, qu'on pourrait faire glisser à volonté pour s'envoler dans les imaginaires des auteurs qu'on aurait choisis.
J'y construirais une grande serre, pour y faire un potager et y voir pousser une jungle immense au milieu de laquelle coulerait une rivière. Tu y construirais une machine à remonter le temps, pour revivre tous nos bons moments.
D'hier, il resterait de beaux souvenirs, empreints de couleurs, d'odeurs et de sons. Il resterait cette odeur, ce parfum dont on a toujours le nom sur le bout de la langue, sans jamais pouvoir le trouver. Il resterait ces couleurs qu'on savait tant apprécier. Il resterait quelques jouets d'enfant qui ont marqué toute une vie, des objets qui ont été les témoins d'un grand tournant, des accessoires dont le simple contact visuel, tactile ou auditif, rappelle les meilleurs moments de la vie.
Et enfin, il y aurait toi, toi qui bricolerais, toi qui aurais des projets pour changer le monde, toi qui ne cesserais d'avoir des idées lumineuses, toi qui arroserais tes plantes sur le toit et dans la serre de cette maison idéale, toi qui viendrais m'embêter pendant que je lis, toi qui forcerais les dieux de l'Olympe, d'Azgard et de Thèbes à quitter notre salle de bal pour être enfin tranquille et avoir ce silence apaisant pour méditer. Toi, qui froncerais les sourcils, pour gronder le chat qui aurait renversé ton café, mais qui retrouverais ton air gentil en prétextant qu'un chat ne mérite pas d'être grondé. Toi qui ferais battre le cœur de cette maison à chaque foulée, à chaque respiration, à chaque sourire, à chaque idée.
Si toi, tu n'es pas dans cette maison, alors je ne veux pas y être non plus.
Un texte plein d'âme !
· Il y a plus de 8 ans ·Ana Lisa Sorano
Merci infiniment !
· Il y a plus de 8 ans ·rena-circa-le-blanc