Une ombre
eaurelie
Je t'ai croisé toute la journée. Je t'ai retrouvé dans l'homme dans le train en diagonal, le serveur de ce soir quand ils avaient faim, dans ce skater qui a dévalé la rue à toute allure, indifférent, sourire accroché serré.
Tu étais dans tous les hommes croisés ce soir. La mélancolie s'est faite plus lourde au moment d'arriver sur le marché de Noël. Déjà, un coup au coeur à revoir les arbres de Noël, ceux qu'on avait trouvé trop beaux, ceux que j'ai par dizaines sur ma carte SD. Ils sont là tous les ans, apparemment. Et passé le premier choc, je me suis habituée à les croiser au fil des semaines. Mais ce soir, nous sommes sortis au moment où toutes les illuminations de cette grande rue remplie de monde et de magasins se sont allumées.
Les gens ont applaudi. Les centaines agglutinés ont levé les mains en riant d'aise.
On a raté le marché de Noël il y a deux ans. Il s'y vend surtout des buches de bois et des petits personnages qui font la grosse commission. Je n'ai toujours pas compris la légende mais en gros, si on lui donne de la nourriture, il nous amènera des cadeaux. Je n'ose imaginer si les cadeaux sont d'ordre naturel mais bon, la symbolique me semble relativement clair. Ici, les cadeaux sont répartis sur trois jours : 24 au soir, 25 au matin et le 6 janvier.
Quand nous, on mangera de la galette, eux ouvriront d'autres paquets. Pour le jour des Rois.
çà a été dur. Compliqué. J'ai toujours mis un point d'honneur à découvrir Barcelone seule. Parce que çà reste Notre Ville et que je m'impatiente vite avec quelqu'un d'autre. Et ce soir, nous étions vraiment beaucoup et j'ai perdu patience. Perdu la communion que je m'imagine tenir avoir toi quand j'épuise mes jambes à parcourir inlassablement les avenues et les petites rues, musique à fond et yeux grands ouverts.
Partir d'ici, c'est continuer à te perdre encore. C'est terminer la dernière page. Y revenir pour quelques jours ne sera jamais comme ces longs mois passés ici. J'essaie d'expliquer mais ils comprennent pas. Les espagnols pensent pas sur du long terme pour ce qui est de la vie personnelle. Ils ont un fatalisme et une propension à rebondir qui me laissent rêveuse... C'est fini, c'est fini. Faut passer à autre chose.
Et nous, pauvres français, on ressasse. On remâche, on repêche. On se complait. Hélas. Les français sont tristes et mélancoliques.
Tu étais sous mes yeux toute la journée. Comme un signe. Des fois, je croise un visage et je m'en retourne. Je m'arrête, le coeur aussi et je cherche ledit visage pour m'assurer que.. non, ce n'est pas toi.
Mais aujourd'hui, plus que tous les autres jours réunis. Peut être nous sommes nous croisés. Peut être était-ce un signe. Peut être as tu décidé de passer Noël ici cette année encore. Et arrêter la date.
Viens le 21 Décembre.
On se verra à la gare.
Veux tu vraiment le recroiser ?
· Il y a presque 10 ans ·J'ai parfois l'impression d'être dans cette blague où un belge cherche sa montre au soleil car c'est plus facile que dans les buissons où il l'a égaré. Moi je le cherche à Lille, je regarde partout, priorité à droite, à gauche, je m'arrête et je scrute. Pourquoi le cherchons nous ? Parce que si on le trouve, que se passerait il ?
Alice
magnifique!
· Il y a presque 10 ans ·Mickael Froideval