Une opération quelque peu déconcertante

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Cher cousin,

Je vais te parler d'un sujet qui m'en a fait voir de toutes les couleurs: ma bouche ! Comme tu l'as peut-être su, j'avais la même orthodontiste que ta soeur (la première). Celle-ci m'avait dit que je porterais des plaquettes entre 11 et 13 ans. Le problème, c'est que mes dents de lait prenaient leur temps pour tomber, ce qui fait que je n'ai jamais pu les mettre dans ces environs-là. Du coup, nous payions toujours 150€ pour faire des radios que l'orthodontiste finissait par perdre. Jusqu'au jour où ta maman nous a dit qu'elle avait changé d'orthodontiste et nous a donné les coordonnées de cette dernière.

Dès le premier jour, cette nouvelle dame qui inspectait mes dégâts dentaires nous a parlé d'écartement du palet et d'avancement de mâchoire. Quand tu entends ces choses-là, tu paniques ! Elle nous a dit que qu'on avait le choix, mais elle montrait bien qu'il était plus qu'urgent de me faire opérer.

C'est alors qu'elle me mit un appareil au palet, appareil dont il est assez difficile de s'y faire ! En effet, j'en avais des marques sur la langue (ce qui fait que j'ai pris un spray pour la gorge pour endormir ma langue tellement ça me faisait mal) et quand je mangeais, tous les aliments se réfugiaient au-dessus de l'appareil. Très pratique ! Mes parents me regardaient bizarrement les premiers jours, je devais leur expliquer ce qu'il se passait dans ma pauvre petite bouche.

Le 3 juillet 2007, je suis allée à l'hôpital. On allait me casser l'os de la mâchoire du haut, ainsi, avec une clé que l'on insérait dans mon appareil, mon palet allait pouvoir s'écarter de huit millimètres. Je n'ai jamais compris pourquoi on avait dû me faire ça. Plus tard, j'ai rencontré des jeunes dans le bus qui avaient aussi cet appareil, mais contrairement à moi, ils n'ont pas dû être opérés. Quoiqu'il en soit, je suis restée une nuit à l'hôpital.

J'avais pas arrêté de dire à ma meilleure amie que le 3 juillet on allait m'opérer, histoire qu'elle n'oublie pas. Eh bien elle a réussi à me demander d'aller chez elle ce jour-là ! Mon amie aux humeurs bizarres, par contre, est venue me rendre visite juste après l'opération... je n'étais pas contente de la voir, je venais de sortir de la salle de réveil. Bien sûr, elle n'en pouvait rien ! Je lui avais dit de venir vers 17H, et il était 17H passé quand je me suis réveillée. Florence, quant à elle, passait ses vacances au Luxembourg. Elle n'a pas oublié de m'envoyer un petit message d'encouragement !

Pour que tu comprennes un peu mieux mes comparaisons avec l'autre opération, je te détaille mon séjour à l'hôpital. Le 3 juillet, on devait m'opérer à 14H, mais les médecins sont venus me chercher à 14H50. Dans la salle d'opération, j'ai revu l'anesthésiste, bien sympa, qui m'a endormie avec le masque, comme je l'avais demandé. Le réveil a été lourd: j'étais crevée, et c'est l'odeur du masque à oxygène qui m'a réveillée. C'était un supplice de respirer une telle chose ! Heureusement, j'ai entendu les infirmières dire que je pouvais retourner dans ma chambre. Elles n'ont pas dû remarquer tout de suite que j'étais réveillée, j'avais du mal à ouvrir mes yeux. C'est dans le couloir, alors que les médecins manœuvraient mon lit, que j'ai aperçu mon amie et ses parents dans ma chambre. J'ai pensé "Oh non ! Pas maintenant !", tout en entendant la musique du film "Eragon" dans une autre chambre... "Moi aussi je veux regarder le film !". Une fois dans ma chambre, je me suis rendu compte que je voyais un peu flou, et je savais à peine parler. J'ai donc parlé par écrit, en fermant un oeil pour voir un peu plus clair. Ensuite, c'est le flou total, pas parce que je me suis endormie, mais parce que je ne m'en rappelle pas plus. Je sais que la marraine de ma soeur et son mari sont venus me voir au soir, mais j'étais tellement fatiguée que je me suis endormie.

Je n'étais pas trop gonflée après l'opération. J'ai dû manger des nutriments liquides, mais je ne sais plus pendant combien de temps. J'ai sûrement jauni du visage... si je me souviens bien, c'est à cause du sang qui est bloqué dans les tissus, ou un truc comme ça qui fait qu'on devient jaune. Cette couleur apparaissait juste en-dessous de mon oeil gauche, alors j'ai demandé au stomatologue (non, il ne s'occupe pas de l'estomac ! Je le sais parce que c'est le chirurgien qui m'a opérée cette fois là et aussi la fois d'après) ce qu'il m'avait réellement fait pendant l'opération. "En fait on t'a battue" avait-il répondu. Il était chouette, mais sévère quand il le voulait.

Je ne sais plus à partir de quand on a dû insérer la clé dans mon appareil. Ca devait être juste après mon retour à la maison: deux fois le matin, et deux fois le soir, ce qui donnait un centimètre en une journée. Les deux dents de devant se sont mises à s'écarter, ce qui a alerté ma mère. Elle a téléphoné à l'orthodontiste, et cette dernière l'a rassurée en disant que c'était tout à fait normal. Et donc, mes dents se sont écartées de huit millimètres. J'ai une photo, c'est vraiment affreux ! J'avais complètement oublié ce trou, c'est pour ça que j'en ai une. Parce qu'autrement, je le cachais. Cette photo vient de la série que j'avais fait avec ma soeur. Nous l'avions commencée peu avant mon départ pour Londres, et elle se nommait "Les jeunes vieilles". Ma soeur interprétait Ida et moi Irma, deux vieilles dames qui s'habillent et se prennent pour des jeunes. Nous nous étions basées sur la série "Samantha Oups" qui me fait, encore aujourd'hui, pleurer de rire.

Heureusement, la magie de la médecine fait que mes dents se sont recollées toutes seules comme des grandes. Pour ma rentrée en quatrième, il leur restait encore un petit millimètre. Peu de temps après, je suis allée faire une radio chez le stomatologue. "L'os du haut est intact, dites à l'orthodontiste que l'on peut mettre les plaquettes", a-t-il dit. Le 31 octobre 2007, j'ai eu mes plaquettes pour les dents du haut. Je plaisantais à dire que j'avais mon costume d'Halloween. C'est en janvier 2008 que je mis les plaquettes en bas.

Le 3 juillet 2008, c'était reparti ! Une semaine auparavant, j'avais participé à une course de cuistax avec ma famille à mon école primaire. Sans le savoir, j'avais commencé à stresser ce soir-là. J'avais envie de vomir, je me suis dit que j'allais avoir une indigestion, mais non. Rien. Ensuite, j'ai été constipée jusqu'au lendemain de l'opération (je sais, c'est frais, mais ce sont les faits et faut bien que tu saches dans quel état j'étais). La veille de l'opération, mon parrain a eu la grande gentillesse de m'emmener manger mon dernier cheeseburger des vacances. Yep', le dernier ! Parce qu'une fois que j'allais avoir ma nouvelle mâchoire, un mois de nutriments liquides m'attendait ! J'ai rien su manger. Estomac coupé, envie de vomir. Je stressais inconsciemment.

Enfin, le jour J était arrivé. Avancement de la mâchoire du bas de un centimètre. Elle était en retrait mais cela se voyait beaucoup moins comparé à celle de ma soeur. Je devais rester deux nuits à l'hôpital cette fois. Je suis arrivée armée: MP3, de quoi écrire, peut-être un livre, je ne m'en souviens plus. Sur mon MP3, j'écoutais en boucle "Rip Out The Wings Of A Butterfly" du groupe H.I.M (His Infernal Majesty) que je venais de découvrir. Après l'opération, j'écoutai moins cette chanson, parce que cela me rappelait trop l'enfer que j'avais vécu. Oui, l'enfer !

Concernant l'écriture, je m'étais mise à raconter l'histoire de "Hiekka Sake". Une nuit, j'avais rêvé d'un manga, avec des japonnais qui enquêtaient sur des groupes terroristes. Alors j'ai inventé le personnage de Hiekka. Cette japonaise tient son nom de deux titres de chansons différentes: "Sakura Sake" de je ne sais plus qui et "Apulenta Hiekka" de Pohat Poja. Le hic, c'est que je prononce "Sake" à l'anglaise... Soit. Cette jeune fille, ainsi que son meilleur ami d'enfance, aidait son père adoptif dans ses enquêtes. Mais elle faisait des recherches de son côté. Son meilleur ami s'en doutait, elle partait toujours mystérieusement, mais il la laissait faire, même s'il s'inquiétait pour elle. Hiekka Sake enquêtait en fait sur ses parents. Je ne sais plus pourquoi ni comment je lui ai fait avoir des doutes mais voilà: elle savait qu'ils étaient terroristes ou victimes d'un groupe de terroristes. Je n'ai jamais terminé d'écrire cette histoire.

Vers 13H, un infirmier est venu dans ma chambre et s'était étonné que je ne sois pas encore en blouse d'opérée. Il était prévu que l'on m'opère une heure après, je trouvais cela normal que je ne sois pas encore prête. Mon père a un peu fait la causette avec lui, parce qu'ils avaient joué ensemble au ping pong. Une fois prête, les infirmiers m'ont emmenée au sous-sol, dans le couloir, près de la porte (ouverte) de la salle de réveil. De là où j'étais, je voyais l'heure. Il me semble qu'il était 13H30 au moment où je fixais l'horloge. Je ne saurais te dire si je suis restée longtemps ou non dans ce couloir, mais cela m'a paru interminable ! Le stomatologue m'a saluée en passant, il a voulu me rassurer mais rien qu'à le voir, les nerfs m'ont lâchée et je me suis mise à pleurer. Au loin, j'entendais que la salle A était libre. On m'y a emmenée peu de temps après. Comme ils étaient en avance, j'avais peur que l'on me conduise dans une salle où il était prévu de faire une tout autre opération qu'un avancement de mâchoire. Je ne reconnaissais personne dans la salle d'opération, j'avais peur ! Je ne voulais pas me retrouver avec une autre chirurgie plastique sur le corps !

J'ai aperçu le stomatologue en entrant, sur ma gauche. J'en fus rassurée ! Mais ce sentiment de sécurité n'a pas duré longtemps. L'anesthésiste est arrivé, ce qui m'a encore plus fait paniquer parce qu'il n'était pas celui avec lequel j'avais eu rendez-vous. Et il avait de quoi me terroriser: "Je vais t'endormir à la piqûre. J'estime qu'on est capable de la supporter dès 7 ans.". J'avais demandé le masque, parce que l'on m'avait toujours endormie comme ça. J'avais confiance en le masque, ne me demande pas pourquoi pas envers la piqûre, je n'en sais rien. Soit. Il m'a injectée l'anesthésiant. Puis, deux infirmiers (un homme et une femme) m'ont mis un bonnet qu'ils ont fait tenir en enroulant du scotch autour de ma tête, ainsi je n'aurais pas trop de sang dans les cheveux. Ils me posaient des questions pour que je décompresse. "Amélie, bientôt 16 ans. J'ai deux examens de passage: géographie et sciences-économique. Je vais changer d'école, si je réussis je passerai en cinquième". Et enfin, le noir total.

L'opération a duré plusieurs heures. Je peux te l'expliquer, d'après ce que j'ai compris (parce que le stomatologue l'a dit à mes parents alors que j'étais là et que je voulais ne rien savoir, et en plus de ça, ma dentiste m'a tout expliqué !). Ils m'ont ouvert de part et d'autre de ma bouche. Ils y ont inséré une sorte de barre, et avec des boutons qui tournent ils m'ont avancé la mâchoire. Si j'ai bien retenu et bien compris, ça s'est passé comme ça.

Je me suis réveillée en salle de réveil en fin de journée. Le masque à oxygène n'avait pas d'odeur désagréable, et le réveil fut moins lourd. Finalement, je préférais la piqûre au masque ! Par contre, à ma gauche, un vieillard se plaignait. Il voulait qu'on lui enlève son masque. L'infirmière lui tenait tête en soutenant que son médecin lui recommandait de le garder. Le collègue de ping pong de papa est vite venu me chercher. Il y avait un miroir dans l'ascenseur, j'ai tenté de voir à quoi je ressemblais. Je ne me suis pas bien vue, mais l'infirmier m'a dit: "Ah, tu es déjà un peu gonflée.".

Je ne me souviens pas de la suite de la journée. Durant la nuit, j'ai réveillé ma mère plusieurs fois: faire pipi, vomir (trois fois) le sang que j'avais avalé durant l'opération,... Je n'ai pas dormi du tout cette nuit-là. Non, ça ne faisait pas mal. Beaucoup l'ont cru mais rien ne fait mal, excepté les visses que je dois garder à vie. Bailler était un véritable supplice, au début ! Mais si je n'ai pas dormi, c'est parce que mon nez n'a pas arrêté de saigner. Je l'ai épongé toute la nuit. Ma mère a pris le relais au matin, ce qui m'a permis de dormir une heure, seulement.

Ce matin-là, les infirmières m'avaient dit que je pouvais me mettre en pyjama. Je suis donc allée dans la salle de bain et j'ai vu à quoi je ressemblais. Mes joues étaient tellement gonflées qu'on aurait pu croire qu'elles allaient exploser ! Je me suis exclamée: "On dirait une mongole !". Juste après, j'ai commencé à voir des étoiles devant mes yeux. J'ai tenté de parler fort et distinctement en criant à ma mère: "Chute de tension !". Elle a appuyé sur le bouton pour appeler les infirmières et a couru pour m'apporter une chaise. Je venais à peine de m'asseoir qu'elles sont arrivées en furie, me déplaçant jusqu'à mon lit en appuyant un gant de toilette humide sur mon front. "Elle peut s'habiller et se laver les dents dans son lit !" a dit l'une des infirmières. L'une d'elle m'a aidée à mettre mon pyjama (pas facile avec le baxter), et une autre m'a apporté tout ce dont j'avais besoin pour me laver les dents. Lorsque je voulus me rincer, je recrachai illico l'eau que je venais d'avaler. Tout le bas de mon visage (jusqu'à mon nez) était endormi.

Il y a quelques années, j'aurais encore pu tout te raconter dans les détails. Malheureusement, aujourd'hui je ne sais plus quoi a eu lieu quand, je mélange tout. En ce deuxième jour, ma marraine et celle de ma soeur sont venues me rendre visite avec leurs familles respectives. Mon cousin m'a offert des pins Nightwish, ma tante (ou ma cousine sept ans plus âgée, je ne sais déjà plus) m'a offert une peluche Bourriquet, et maman m'a offert le DVD de "Finding Neverland". J'étais comblée ! Au moment de retourner, la fille de ma marraine a voulu rester avec moi. Elle a dû avoir de la peine pour la gueule que je me payais. Mon amie aux humeurs bizarres n'a pas pu venir me voir cette fois-là, mais je ne sais plus pourquoi. En revanche, elle est venue à la maison avec deux pots de tiramisu au spéculoos qu'elle avait fait elle-même. C'était la première fois que j'en mangeais... j'en suis tombée amoureuse !

Au soir, le stomatologue est venu me chercher. Je devais aller dans son cabinet au quatrième étage. Comme j'avais fait une chute de tension au matin, maman avait demandé pour que l'on m'y conduise en chaise roulante. Son souhait fut exaucé. Arrivée dans le cabinet, je me suis installée sur la table d'opéré, et mon stomatologue m'a fait faire des "exercices". Il répétait sans cesse: "Ouvre, ferme.", et ma mâchoire exécutait ses ordres. Les visses me faisaient tellement mal que mes yeux en pleuraient ! Ensuite, il m'a reconduit dans ma chambre. Avant de partir, il m'a dit: "Ne respire surtout pas la bouche ouverte ! Je t'ai enlevé des godets dans le nez pour que tu puisses mieux respirer.". Il est vrai qu'auparavant, je respirais toujours par la bouche. Mais là, mon nez était bouché, envahi par des croûtes de sang. J'allais pas mourir asphyxiée pour ses beaux yeux ! J'ai fait mine de respirer par le nez et quand il est parti, j'ai de nouveau respiré par la bouche.

Cette nuit-là, je n'ai pas beaucoup dormi non plus. Maman ronflait, le vieux de la chambre d'en face faisait des bruits bizarres, les infirmières faisaient des va-et-vient dans le couloir... et on m'a fait une prise de sang à 6H du matin.

Le lendemain, j'allais enfin pouvoir ressortir ! Le hic, c'est que mon pipi avait une odeur bizarre. Maman avait peur que j'aie chopé une infection urinaire, alors elle a demandé à ce que je fasse des tests. C'est dans le courant de l'après-midi, alors que je regardais le clip de "Stop and Stare" des One Republic que maman m'annonça qu'il n'y avait pas d'infection. J'ai béni cette chanson !

Sur le chemin du retour, mon père conduisait de manière brusque avec sa petite Ford Fiesta (comme toujours), j'en avais mal aux joues ! Et si tu savais... Mes joues étaient tellement gonflées que quand je baissais les yeux, je ne voyais pas le sol. A peine debout, mon coeur battait la chamade. Maman ne voulait pas que je fasse trop d'effort, alors je restais toujours assise. Je passais mon temps à regarder des DVD. C'est à cause de tout ça qu'aujourd'hui je ne supporte pas ne rien faire pendant les vacances ! J'ai dû devenir hyperactive... Autres conséquences de l'opération: le matin, en guise de déjeuner, je buvais un Cécémel en berlingot. Je ne savais pas aspirer dans la paille, je devais appuyer sur le jus pour le faire monter. Et tu sais la meilleure? Je ne savais même pas mordre dans une Zwan !

Plus tard, j'avais tellement l'habitude de voir ma tête que je me croyais dégonflée. C'est quand je voyais les photos que je réalisais que je ne l'étais toujours pas. Je ne sais pas quand mon visage a repris une forme potable, mais le 30 juillet, j'avais toujours des joues d'hamster ! Je le sais parce que ce jour-là, je suis allée à Plopsa Coo avec ma marraine, mon parrain, leurs familles respectives et ma soeur. Je ne pouvais pas faire les sensations fortes, mais évidemment j'avais oublié ! M'enfin, c'est un parc pour enfant, je ne risquais rien.

Et donc voilà pour mes opérations... Tu sais tout.

A la prochaine !

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