Une promesse

aile68

Oublions toutes nos mélancolies, l'ennemi dans la glace,rattraper le train en marche, se perdre en écoutant une mandoline qui vibre jusqu'à ce qu'elle se meure étouffée dans un frémissement éreinté, penser à soi, pour une fois, oui les gouttes d'eau à la surface de la fontaine sur la place sont aussi une musique qu'on aime écouter, elles nous emportent dans une rêverie ensoleillée au moment de la sieste en été. Reprendre le chemin de la douceur, de l'écriture, écouter ce que nous disent la Nature, les oiseaux, l'être aimé nous est annoncé, oui qu'il vienne en sifflant de son pas léger dans la promesse de belles noces, pour les futurs mariés, préparer la table du salon avec la nappe blanche, celle qu'on a brodée pendant l'hiver, quand la chaleur du poêle rend les joues rouges et les yeux brillants.

On a découpé du tissu pour la belle robe de mariée, on a imaginé des broderies, un beau voile, la couturière est une amie, ce sera le mariage de la chandeleur, il y aura des beignets sucrés et du bon vin de chez nous. Je n'arrive plus à imaginer une suite à ce texte, c'est comme si le temps s'était arrêté sur un mariage avorté, quelle horreur, oh non, pas ça! Laisser passer les années, laisser aller la musique, trouver les mots qu'il faut pour dire qu'il fait beau malgré tout, malgré les mélancolies maladives, le regret du passé, du paradis. J'ai écouté ma mère me raconter des souvenirs, des choses qui  ont eu lieu, c'est vrai que c'était le paradis à certains égards, ma mère était jeune, belle elle l'est restée toute sa vie, jusqu'à la dernière seconde, j'aurais aimé être là à ce moment-là, à la toute fin de sa vie, une aventure digne des plus beaux films,  des plus beaux romans. Apprendre à ranger le passé dans des tiroirs dorés, comme des trésors, ceux de ma mère sont en haut d'une armoire, rangés sagement, ils ont le parfum suranné des choses passées mais pas révolues. Tant que la famille vivra, elles vivront. Les trésors de mon père eux, sont dans la cabane du jardin, rouillés, fatigués, mais on les garde quand même parce qu'un vélo et des outils c'est le travail d'une vie, et la vie ne se jette pas, elle s'apprivoise, on en prend soin, on la bichonne. Mes parents sont encore en vie, oui je le promets. J'aurais aimé que ce soit vrai.

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