Une sortie en mer.

Ils s'étaient tous tellement réjouis de rejoindre, sur ce petit voilier, d'un autre âge, si typique, cette ILE au large de l'Atlantique.

VOIS, lança Gaëlle à Roman, son petit ami, nous allons bientôt dépasser le phare du Cordouan, ce petit bijou d'histoire, si majestueux. Il est si PROCHE, que l'on pourrait presque le toucher du doigt !

Le bateau vogua d'abord, toutes voiles dehors, mais, à mesure que la matinée s'écoulait, la mer, peu à peu, se fit d'huile et, sur le pont, les trois couples, eurent la nette impression que le voilier, jusque- là si fier, allait bientôt s'immobiliser…

Alors, le soleil se fit de plus en plus implacable, les six passagers se réfugièrent sous l'ombre que jetait encore les voiles en berne.

Puis, la chaleur devint, au fil des heures, épouvantable, implacable. Il ne resta, bientôt, plus d'eau potable… Plus une once de vent. Tout autour du voilier, à présent complètement immobilisé, aucune ride sur l'eau, que l'on devinait brûlante.

Surtout, ne plus regarder l'horizon, au risque d'être AVEUGLE par le trop-plein de lumière. Un des passagers qui n'avait pu résister, fut victime d'HALLUCINATIONS. Tout en se roulant en boule sur le pont, il tint alors ces propos : les cinq membres d'équipage, n'étaient que squelettes sous leurs habits de marins. Tout en les entourant, ils fixaient les malheureux naufragés de leurs orbites vides.

La soif, la peur, les firent bientôt tous délirer…

Nul, ne sut jamais, ce qu'était devenu le si joli voilier, personne ne le vit revenir au port.

On raconte cependant, que les soirs de pleine lune où l'océan d'argent brille de mille éclats, un magnifique, mais si fragile bateau, essaie désespérément de rejoindre la terre, mais dès que le jour se lève, l'astre intraitable, l'arrête dans son élan.

Tous ceux qui, à la jumelle, ont la chance d'observer brièvement ses pathétiques efforts, ne peuvent que le voir disparaître, fantôme à jamais errant…

Eternel recommencement !