Une vie d'artiste.

Christophe Hulé

La vie comme une toile vierge n'existe pas, outre les palettes ou autres canons imposés, l'aspiration à être, à devenir, un marginal se paie au fil du temps.

Ni terrien, ni prolétaire, ni érudit, ni même apte à supporter quelque hiérarchie que ce soit.


Absence de causes ou parti pris qui vous éloigne de toute meute.


Absence de toute compromission qui fait le lien social.


N'être aliéné à rien, déraciné à jamais par l'illusion, un risque de n'être rien.


Ne pas se compromettre, ne pas s'attarder, voir sa planète se dépeupler.


Creuser des sillons tordus pour se faire remarquer ou par conviction.


Autour de soi, les fossés se creusent aussi et deviennent tranchées.


Étrange, bizarre, pas d'étiquette, pas de case.


- « Vous avez bien une opinion ? »

- « Je m'en garderais bien ».


Les sillons creusés ne mènent qu'à la solitude absolue, et tous les ennuis qui vont avec.


Et la folie guette, attend son heure.


Ne pas se sentir rien pour soi-même ne suffit pas hélas !


Peindre, écrire, composer, collectionner les chimères.


Quand on ne croit même pas à la postérité, à quoi bon ?


Il faudrait s'engager, être utile, dénoncer les injustices ou les misères.


Les hasards du marché des tendances décrètent parfois que tel œuvre est une œuvre justement.


Alors on créé une case, une étiquette.


Alors on est enfin « adapté ».


Être né paysan, se réjouir ou se désoler des récoltes.


Ne rater aucun coucher de soleil et se sentir fier des travaux accomplis.


Tout le monde n'a pas cette chance !


Créer c'est rebâtir le cocon originel, la peur des coups, du saut dans l'inconnu.


CRÉER TUE.

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