Une vieille maison...

aile68

C'est une vieille maison perdue dans la campagne pleine de fleurs brûlées par un soleil implacable. Il ne reste qu'un toit et trois murs de pierres poussiéreux, les lézards y dansent, les couleuvres se faufilent dans les hautes herbes sauvages. Un olivier promet de donner ses meilleurs fruits, petites perles émeraudes, chaudes d'un mois d'août incendiaire, l'eau,rare, est plus précieuse qu'un trésor de famille. On a déménagé au village pour une vie moins dure, le four du village fonctionne à merveille, on partage autour de lui nouvelles et légendes, le petit dernier est né chez le cordonnier, le saint patron qui aurait eu deux cents ans le protégera toute sa vie. On sort la statue de pierre, on la célèbre, on la vénère en une lente procession constituée d'habitants endimanchés, le noir chez les veuves et les hommes est de mise, les petites filles en chaussettes blanches ont laissé leur ouvrage pour ce jour de fête. Le pain est fait pour une semaine, le vin est tiré,  va falloir traire les brebis entre des beignets et une part de gâteau, la vie à la campagne a ses rites, ses joies et ses souffrances qui peuvent coûter cher, une fois, une vie s'en est allée pour une femme qu'on a regardée de trop près.

C'est une vieille maison perdue dans la campagne pleine de fleurs brûlée par un soleil implacable. Les olives sont tombées comme le corps de ce jeune homme plein de promesses,  sur la place y avait de vieilles silhouettes assises sur le parvis de l'église, des enfants et leur mère ont fui le seul, l'unique coup de feu qui a fait tout basculer. On a voulu en faire un secret pour les générations futures mais ça a été un secret de Polichinelle. La mort sonne comme une erreur, parfois... C'est le moins qu'on puisse dire. Dire, parler pour ne point sombrer...

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