Une voix qui s’obstine

Susanne Derève

digression à partir du poème de Rechab http://welovewords.com/documents/la-moisson-des-aubes-des-fruits-et-des-fleurs


Ce vallon ces champs à flanc de coteau

qui s'étirent doucement sur le versant ensoleillé

des pentes

 

Ici les collines s'adossent à la mer et les falaises au vent

Les prairies  y  versent leur moisson de pommiers

leurs brassées de fleurs au printemps

 

Un sentier solitaire  serpente au long des grèves

enfoui sous les haies vives

 

 les pétales envolés s'en vont à la dérive

   - à la marée montante, ils se mêlent

     à l'écume portés par le courant - 

 

Était-ce d'ailleurs au printemps

 

Était-ce l'automne chargé de fruits

quand les branches ploient jusqu'à terre

que dans  l'ombre  l'herbe bleuit 

 

La lumière se concentre dans les creux du chemin

Je ne crois pas que tu m'y aies suivie

 

Ai-je oublié ; il me semble que j'y ai marché   seule

toujours, je ne me souviens pas que tu m'appelles

 

Vient un temps où l'amour se lasse d'être double

On voudrait tant que les premiers éblouissements

l'interpellent  les premiers instants du bonheur

mais les liens se délient, près du rivage

l'eau se trouble

 

Au large la mer a  parfois d'indomptables élans,

mais  on les regarde en rêvant       

                       

On rebrousse chemin quand  la lumière décline

et que résonne enfin comme l'écho lointain

d'une voix qui s'obstine mais est-il encore temps

On remet à demain de dire je t'attends




Illustration John Joseph Enneking  (Blooming Meadows)

 

 

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