V.

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Dans la nuit, Annie se réveilla, affolée et en nage. Des perles de sueur s'accumulaient sur son front, ses mains étaient moites et elle avait l'impression d'étouffer. Elle croisa ses mains sur sa gorge, cherchant de l'air. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait. Et d'un coup ce fut comme une ampoule qui s'allume au-dessus de sa tête. Ses crises d'angoisse réapparaissaient. Des larmes se pressèrent contre ses paupières et le souffle ne lui revenait toujours pas. Elle releva les couvertures de sur ses jambes, éjecta ces dernières hors du lit, cherchant le parquet de ses orteils. Elle s'assit face à la fenêtre, par laquelle elle apercevait les rues lumineuses de Prague. Elle tenta de calmer ses sanglots, en vain. Lorsque les jambes de Simon l'entourèrent, elle sursauta légèrement, mais se laissa aller contre son torse.

- Je suis là, du calme.

Il embrassa son épaule dénudée avant de balancer leurs corps doucement. Que pouvait-il bien se passer pour qu'elle ait une telle crise d'angoisse? Il ne l'avait jamais vue dans cet état. Il caressa ses cheveux, ses épaules, ses bras. Il ne savait comment la calmer.

- Tu veux m'en parler ? Commença-t-il.

- Je me suis lancée un défi, pour mamie. Je ne sais pas comment le réaliser. J'ai peur de ne pas réussir, Simon. Il me reste, elle se mit à compter sur ses doigts, hum, quinze jours. Je ne sais même pas par où commencer, j'ai peur. Je ne lui ai rien dit, évidemment, comment lui en parler ? Mais je vais me mettre à sa recherche et je vais le trouver.

- Qui vas-tu trouver ? Je ne comprends pas, il baissa ses yeux vers elle et la découvrit souriante.

- Charles, un homme qui apparait sur une photo, avec mamie. Elle l'aimait énormément. Comme papy n'est plus là, et que cette après-midi elle avait l'air de tenir toujours autant à lui, je me dis qu'elle pourrait le revoir. Même s'il ne reste qu'ami, car on ne peut pas savoir, peut-être qu'il est marié, elle lui fit un clin d'œil et redevint sérieuse. Mais je ne sais pas par où commencer.

- Je t'aiderai, elle se tourna vers lui et lui sourit, c'est beau ce que tu fais pour ta grand-mère.

Elle l'embrassa tendrement avant de caresser doucement sa chevelure cuivrée. Les mouvements des cheveux de Simon la détendait tout le temps, et il adorait qu'on lui masse le crane. Il embrassa le front de sa compagne avant de l'inciter à se coucher pour qu'il puisse s'endormir tranquillement. A coup sur, ça allait marcher, se disait-il. Ce fut faux, cette fois-ci. Annie ne cessa de s'agiter lorsqu'elle essayait de trouver le sommeil. Il la fuyait, clairement, et ça agaçait la jeune femme. Alors tandis que Simon dormait comme un loir, elle se posta devant la fenêtre et identifia toutes les possibilités: elle pouvait chercher Charles dans les albums de lycée qu'elle trouverait chez sa grand-mère, questionner les amis de Madeleine, fouiller dans les archives des soldats partis en guerre pour le Vietnam. Il lui restait quinze petits jours et elle commençait à sérieusement paniquer.

Lorsqu'elle fit la liste des amis de son aïeule, ses yeux commencèrent à se fermer et elle décida de se remettre au lit. Peut-être que cette fois-ci, elle pourrait trouver le sommeil. Annie passa la grande couverture au-dessus de son corps avant de se tourner vers Simon. Elle le trouvait si beau lorsqu'il dormait, c'était impressionnant. Elle laissa le bout de ses doigts tracer les lignes de son visage et fini par s'endormir, le sourire aux lèvres.

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