Liste 7 : vacaciones

Fionavanessabis

Liste 7 : pôle, école, tartiflette, mallette, oreillons, bâillon, stegosaure, nord, couscoussière (mais avec mes origines Pied Noir je dis un couscoussier), corpusculaire

A l'école, pas un chat. Non, ils n'ont pas tous succombé aux oreillons. Ils ne sont pas sous le bâillon d'un détraqué qui se shoote au guano fossilisé de stégosaure. Ils ne sont plus là parce que je n'y suis plus. Si j'ai versé une larmichette le soir du 5 juillet après leurs adieux candides, je n'ai pas perdu le nord. J'ai simplement troqué mes cahiers et mes couleurs contre de légers bagages de paille. Et si j'ai cédé au plaisir de la variété culinaire sans pouvoir trancher entre mon couscoussier et mon caquelon à tartiflette, j'ai opté d'office pour une mallette entière de vaisselle en bambou. Si l'extrémité corpusculaire de mes dix doigts n'effleure plus en cadence les touches élimées de mon clavier numérique, si je ne suis plus aimantée par le Pôle Education, c'est que j'ai enfin quartier libre. J'empaquète le nécessaire à un roadtrip à quatre dans les Bardenas, et la crème solaire, les lunettes noires, le carnet de croquis et le livre de l'été dernier avec le marque-page arrêté en plein milieu n'ont pour but que de vider mon cerveau, pour apprendre à mon tour à bayer aux corneilles. Fini de seriner à ces têtes blondes et brunes l'art d'utiliser les pronoms, celui des lettres cursives et bouclées, les caractéristiques des mammifères ou des poissons. Finies les moult paires de lacets à (dé)faire et (re)faire, godets de gouaches et pinceaux sont propres, et les tabliers rendus. Pas si simple de ne rien faire quand on a toujours plusieurs casseroles sur le feu. S'asseoir dans un transat après avoir atteint le jackpot des dix mots de la liste imposée. Remettre à demain les soins aux plants de tomates devant un thé à la menthe fumant. Et savourer le silence, loin de la logorrhée des moins de six ans, et de leurs cris stridents. Je mets leur futur en jachère d'été le temps de me recomposer et c'est indispensable pour les restes de mon cerveau qu'empruntent tant de liens et de circuits imprimés afin de les instruire, de piquer à vif leur curiosité.

Ils ne m'en voudront pas, comme chaque année ils auront compris à mes traits tendus et à mes bras blancs que je manquais de sommeil tout comme de soleil. Ils m'ont fournie en stylos souvenir, en mugs de chouette maîtresse et en bijoux colorés car c'est aussi important d'être belle que d'être savante, et cela aura été leur manière de prendre congé. Ils ont su que pour être bientôt à marée haute en septembre, il fallait m'autoriser à être à marée basse.

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