Vacances en famille -11-

"Chère Margaux,

Merci pour ta carte de Valence. Comme promis je t'envoie la photo de ma cabane. Je l'ai prise la première fois où tu es venue la voir. J'espère qu'elle te rappellera un bon souvenir. Merci pour ton coup de fil, c'était sympa de parler avec toi. Je t'envoie aussi une carte de Troyes. J'espère que tu aimeras.

Voilà, à bientôt j'espère!

                                                                 Germain"

Tout ça écrit sur une page de cahier, c'est trop chou. Au dos de la carte, rien, pas de bisous, rien, c'est peut-être mieux comme ça. Et comment que Troyes me plaît! Je range mon courrier comme d'habitude, au fond du tiroir de mon bureau. Première lettre... à laquelle je réponds aussitôt sur une feuille de classeur.

"Cher", non pas cher, ça commence bien. Voyons, "Germain", non trop brutal. Ah ça y est j'ai trouvé:

"Salut Germain,

j'espère que tu vas bien. Moi ça va. Merci pour la photo de ta cabane et la carte de Troyes. Ta cabane me rappelle trop les vacances à Narbonne! Oui, la carte me plaît bien. Moi aussi j'ai été contente de parler avec toi au téléphone. On devrait faire ça plus souvent...

Mes cours se passent bien, bien que barbants comme je t'ai dit l'autre fois. Malheureusement je n'ai pas de passion comme toi ou plutôt si mais ça me semble irréalisable à l'heure qu'il est, faute d'argent. Mon rêve se serait d'ouvrir un salon où l'on pourrait échanger des idées tout en buvant un thé ou un chocolat. Chaque soir, ou je ne sais à quelle fréquence, il y aurait un thème, un sujet sur lequel s'exprimer. Voilà! Est-ce que ce sera possible? Mystère et boule de gomme...

Voilà je te dis à bientôt moi aussi!

                                                            Margaux"

Pas de bisous, pas de "je t'embrasse", c'est trop tôt, j'attends qu'il le dise le premier.

Je glisse ma lettre dans mon agenda, je la posterai demain matin. En attendant je termine mes devoirs, maths (encore!) et réviser histoire, ce qui consiste à faire des fiches, méthode implacable de mon père, c'est comme ça qu'il a eu son bac avec mention. Moi je suis une littéraire un peu rêveuse, je compte sur les langues et le français pour avoir le maximum de points au bac, mais je n'en suis pas encore là, contrairement à ce que dit mon père. Dans le salon, mon frère regarde des dessins animés, ça va barder, il n'a pas le droit d'allumer la télé tout seul. Y a des horaires pour ça, que fait Marielle? Je vais réprimander mon petit-frère Bruno qui se met à chouiner. Il est 17h15, je lui fais faire sa lecture et ses opérations, ma mère revient du travail pendant ce temps tandis que Marielle sort de sa chambre comme un escargot de sa coquille. On se croise dans le couloir sans rien se dire, je la vois plus comme une ennemie que comme une alliée, ma mère m'a dit que ça changera avec l'âge. En attendant ça n'arrange pas mes affaires concernant Germain. Bref... Je retourne à mes devoirs, pense un peu à mon nouvel ami, pour l'instant nous en sommes au stade de l'amitié, j'aimerais une photo de lui. Je lui demanderai la prochaine fois.

19h15: tout le monde se retrouve autour de la table, le moment que je préfère quelque soit la journée qu'on aie passé. On parle, on discute, on se détend, on sourie, on rit même. Marielle n'est sympa que lorsque elle nous joue du piano, elle change alors, et devient un petit bout de femme,  charmante comme tout. Je ne suis pas jalouse, je suis contente pour elle, elle voudrait entrer au conservatoire, ça c'est un vrai rêve...