Vacances en famille -16-

aile68

Je suis sur des charbons ardents. Maman et moi attendons le train de Germain. Il a 20 minutes de retard. Pas de bol! J'ai du mal à tenir en place. Maman a de la patience pour deux. Pourquoi ce retard? A cause du mauvais temps peut-être. Pas de bol ça aussi! Il tombe des cordes, la météo a prévu de la pluie pour demain aussi. Je crois que la balade dans le parc sera sucrée. Qu'est-ce qu'on va faire à la place? Je me le demande. J'ai les yeux rivés sur le panneau d'affichage, dans l'attente d'une nouvelle information. Ces vingt minutes passent lentement, trop lentement... Encore dix minutes à attendre puis enfin j'entends l'annonce que j'attendais, le train de Germain arrive en gare! Je suis prise de panique, je ne sais pas si je rougis ou si je pâlis, je suis dans tous mes états. Le sourire de ma mère me rassure si bien que lorsque je vois arriver Germain dans le hall de la gare, c'est avec un grand sourire que je l'accueille. Lui-même est content de me voir, mais on n'ose se faire la bise. Il tend la main à Maman qui dit:

"Allons on va pas se gêner!" et elle se penche vers lui pour déposer deux bises sur ses joues qui se mettent à rougir comme une pivoine. Germain et moi par mimétisme nous nous faisons la bise, je frissonne de plaisir au contact de sa peau. Les choses vont très vite ensuite. On s'engouffre dans la voiture, échangeons les premières phrases, le train a eu du retard à Lyon. Les essuie-glaces grincent sur le pare-brise,  par politesse j'ai laissé Germain monter devant. Le voyage a été long, je luis demande s'il n'est pas trop fatigué, il me dit, non, ça va en se tournant vers moi. Je suis aux anges, mais j'essaie de ne pas le montrer. Arrivés à la maison, Papa nous accueille assez cordialement, par principe il n'apprécie pas bien qu'un garçon dorme sous son toit, j'ignore ce que ma mère lui a dit, mais ça a marché. J'ai peur que tout ce bonheur ne se retourne contre moi le jour où je parlerai à mes parents de mes projets concernant mes études. Cela dit ce n'est pas le moment d'y penser. Germain va dormir dans la chambre de Bruno et Bruno dans le salon. Mon petit-frère a été gentil, même s'il a posé beaucoup de questions. Maman lui a dit que grand-père était ami avec le grand-père de Germain, ça va je ne pense pas que ça le traumatisera. C'est plutôt Germain qui risque de l'être en se retrouvant dans la chambre d'un petit même si j'ai soigneusement rangé tous ses jouets et vêtements. Par contre  pour les peluches je n'ai rien pu faire, Germain dormira avec.

Le dîner se passe assez bien, à part Marielle qui fait la gueule, montrant ainsi qu'elle ne jouera pas du piano ce soir. Germain lui, se montre charmant, comme à la boucherie en fait, il est à l'aise, répondant poliment à mes parents. Je suis assise juste en face de lui, à l'affût de la moindre gaffe des uns ou des autres. Encore une fois ma mère me rassure, d'un sourire discret, et je me détends. Nous discutons bien sûr de Narbonne, des vacances, des études, là je ne peux m'empêcher de me crisper. Mes parents félicitent Germain pour son choix professionnel. Mon père s'y intéresse, demande combien d'années d'études cela nécessite. Pour une fois qu'il ne jure pas que par le bac! Mais ça c'est parce que son invité n'est pas de la famille. Bref! Arrivés au dessert je vais chercher le gâteau que j'ai fait la veille, ma grand-mère dit qu'ils sont toujours meilleurs le lendemain. Germain se permet de me féliciter, ça n'a pas l'air de plaire à mon père. Un ange passe, même deux. Encore une fois ma mère sauve la situation  en disant que demain si la météo se trompait on irait visiter un château qui date du XIIIe siècle et la Maison des Têtes qui elle, est du XVIe siècle.  

"Et s'il pleut? lance ma soeur sincèrement inquiète.

- On verra! On jouera aux jeux de société."

Là je pense à Marie-Laure qui m'a dit que Germain ne viendrait pas pour jouer aux dominos. Quand je lui raconterai ça!

 (à suivre)



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