Vacances en famille -2-

aile68

Comment imaginer qu'un jour Germain me parlerait? C'est ce qui est arrivé deux jours après la fête du 15 août. J'étais allée chercher une commande pour ma mère à la boucherie, trois poulets rôtis, le patron n'était pas là si bien que le jeune pour lequel j'en pinçais s'est permis des petites libertés:

"La famille est grande on dirait."

Et moi:

- Oui, nous sommes dans la grande maison de famille, un gîte en vérité que nous occupons au mois d'août. Y a de quoi faire en effet!

Qu'est-ce qui m'a pris de lui raconter tout ça? Bref, je laisse passer.

- Les tomates farcies, vous aimez?

- Oh oui! J'adore ça! (Mais que m'arrivait-il?)

- ça pourrait servir pour un prochain repas peut-être...

- Oui peut-être. Je demanderai à ma mère. (Et j'ai regardé discrètement le prix, enfin je crois...).

- A bientôt alors!

- Oui, j'espère!"

Oh la honte! Je me suis sentie rougir, j'ai pris un de ces coups de chaud malgré la fraîcheur qui régnait dans la boucherie! Lui s'est mis à sourire d'un sourire large, très amusé. Je l'ai haï à ce moment-là... Je me suis dépêchée de payer et suis sortie en ayant l'impression qu'il me regardait. Je m'en suis voulue pendant trois jours.

Trois jours d'été c'est précieux, pourquoi les gâcher pour une remarque, un garçon qui vous fait trop parler? Le 22 août, je vais le voir avant la sortie de son travail, (eh oui j'ai osé faire ça!), et je lui dis:

" Je voulais vous dire, ma mère voudrait des tomates farcies pour le dernier repas de famille tous ensemble. Après la maison se videra petit à petit. Ah oui! Tout le monde a aimé les poulets rôtis. On les a mangés avec des frites.

Je parle trop mais je m'en moque. Dans une semaine je ne serai plus là. Qui sait si je le reverrai.

- Combien de tomates? Il me demande tout simplement, à croire que tout ce que je lui raconte ne l'intéresse pas. Son patron s'affaire de son côté. Il a peur de me parler ou quoi? Je réponds évasivement et lui dit que c'est pour dans deux jours. Il me répond "Très bien" et sors un peu penaude. J'aurais préféré et lui aussi j'espère, que son patron ne soit pas là, mais la vie est ainsi faite. C'est alors que je décide de l'attendre au coin de la rue.

Mon coeur bat la chamade mais je veux le voir avant que je m'en aille. Je frotte mes mains moites contre mon short bleu, j'aurais pu mettre ma robe à bretelles quand même! Tant pis! Ah, le voilà. Mon Dieu! Qu'est-ce que je vais lui dire, je fais semblant d'avoir oublié quelque chose et court vers la boucherie. Je fais mine d'être surprise de le voir et lui dit à toute vitesse:

"Ah oui! J'ai oublié de vous dire: pas de poivre dans les tomates farcies ou alors pas trop!

- Ne t'inquiète pas, je m'en souviendrai.

- Ok merci!

(à suivre)



Signaler ce texte