Vacances en famille -33-

aile68

Voyager seule avec mon père est un privilège. Quand il est venu me chercher à la sortie des cours, j'étais excitée comme une puce. La voiture est propre comme un sou neuf prête à avaler cinq cents kilomètres. Finalement nous dormirons à l'hôtel car nous arriverons tard ce soir, nous n'avons pas voulu déranger. Rendez-vous demain dix heures chez Germain, j'ai hâte d'y être et en même temps j'ai la boule au ventre. C'est le trac m'a dit mon père. ça arrive aux gens qui ont du talent a-t-il ajouté et il m'a lancé un sourire ultra bright qui l'a rajeuni de vingt ans. A l'arrière de la voiture, il y a des chocolats et des bugnes que j'ai faites avec ma mère mercredi. Je n'ai pas arrêté de lui dire qu'elles allaient durcir d'ici samedi, elle m'a assuré que non. En effet j'en ai goûté une ce matin, elles étaient encore bonnes. Je veux que tout soit parfait! L'hôtel est à cinq minutes de chez eux en voiture, est-ce que nous allons visiter la ville? En tout cas il fait moins froid qu'en janvier. Les parents de Germain nous ont invités à déjeuner chez eux, après je ne sais pas. Nous reprendrons la route ce soir vers cinq heures, la journée va-t-elle passer rapidement? Papa fera-t-il la sieste comme à son habitude le samedi? Je préférerais, la route est longue, mille kilomètres dans les jambes en un week-end, c'est à la limite de l'imprudence. On est un peu fou! Je commence à regretter notre voyage, nous arrivons au niveau de Grenoble, nous pouvons encore faire demi-tour, mais je ne veux pas. Nous ferons une pause à Lyon pour manger. Ensuite nous continuerons d'une traite jusqu'à Troyes, il devrait y arriver car il n'a pas travaillé aujourd'hui. Mon père, manquer une journée de boulot, on aura tout vu! Je me rends compte du sacrifice qu'il est en train de faire pour moi. De plus toute une journée en dehors de chez lui avec des gens qu'il ne connaît même pas ça aussi faut le faire. Je réalise combien ce voyage est l'occasion pour mon père et moi de nous rapprocher. Je ne vais pas jouer les égoïstes en ne pensant qu'à ma rencontre avec Germain. Je lui demande si ça va, s'il désire que je mette la radio. La radio, oui, il veut bien, y a un peu trop de silence dans cette voiture. On aurait dû emmener Maman, tante Gisèle se serait occupée de Marielle et Bruno. Je ne le lui dis pas, je lui souris et puis c'est tout. Nous dépassons Grenoble et prenons la direction de Lyon, ressent-t-il ce mélange de soulagement et d'emballement que je ressens? Bien sûr que non, il reste concentré sur la route, à Lyon on aura fait presque la moitié du trajet, c'est peut-être là qu'il se sentira soulagé.

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